Chantiers écocitoyens de gestion des EEE : témoignage de Benoît Rambeau, Surf Insertion

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Présente lors de la dernière rencontre du réseau scientifique et technique EEE à Bordeaux, l’association bordelaise Surf Insertion œuvre à la promotion et au développement des pratiques sportives sur le littoral aquitain, telles que le surf et d’autres activités nautiques (bodyboard, kayak, stand up paddle, etc.) pour les publics connaissant des difficultés d’accès à ces loisir pour des raisons culturelle, économique, sociale, géographique ou physique.

Depuis 23 ans, l’association rend ainsi « possible » financièrement la pratique du surf pour plus de 2000 jeunes, en particulier originaires de la Région Nouvelle Aquitaine.

Dans ce contexte, la pratique de sports de glisse telle que nous la proposons apparaît comme un ciment du lien social auprès d’une jeunesse confrontée à un sentiment d’abandon et leur permettant d’accéder à une pratique souvent élitiste (coût élevé des cours et du matériel, mobilité vers le littoral, etc.), sans discriminations. 

Benoît Rambeau, Chargé du Développement Projet et Territoire – Surf insertion

En complément de cette démarche sociale, la structure y ajoute une portée écologique en proposant des actions de formation, de sensibilisation et d’éducation à l’environnement pouvant aller jusqu’à la réalisation de chantiers écocitoyens et de chantiers d’insertion. Surf Insertion poursuit l’objectif de corriger les inégalités d’accès à la pratique sportive et d’utiliser cette démarche comme un moyen d’insuffler un comportement citoyen et une prise de conscience à l’égard des problèmes environnementaux.

Le surf fait partie d’un territoire, et à Surf Insertion nous l’aimons. Si bien que dans chaque groupe d’enfants ou d’adultes nous mettons en place des projets « T-P-V T-D-N » sur 3-6 mois ou à l’année : « Tu Prends de la Vague – Tu Donnes à la Nature » tel est le discours que nous leur tenons, comme un rappel de leur droit de pouvoir surfer et le devoir de mieux connaître la Nature pour mieux la conserver. Ils apprécient puisqu’ils reviennent… !

ÊTRE ACTEUR DE SON DEVENIR, S’ENGAGER ET PROMOUVOIR DES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT DURABLE

Le but de ce projet est de faire découvrir aux jeunes la biodiversité des milieux littoraux, de leur faire prendre conscience que ce milieu est aussi leur patrimoine et qu’ils peuvent en ce sens le revendiquer, le protéger et l’apprécier, en participant aux actions de citoyenneté active que leur propose l’association : nettoyage de plages et de rivières, débroussaillage de pistes cyclables, enlèvement de plantes exotiques envahissantes, coupe/ramassage de bois en forêt domaniale, mise en place d’embâcles et de ganivelles, fabrication de nichoirs à mésanges pour lutter contre les chenilles processionnaires,  etc.

Avec ces groupes de jeunes, l’association développe le concept de citoyenneté active (découverte, sensibilisation, action), occasion pour les participants d’une ouverture vers des métiers, des personnes, des parcours de vie.

Avec le soutien des jeunes sur le terrain nous nous devions qu’agir…  Alors nous avons rencontré les gestionnaires de sites et de Réserves Naturelles à proximité du littoral Atlantique afin de programmer des journées d’action pour leur donner un coup de main. La difficulté ici fût d’obtenir la confiance de ces personnes…, mais quand la passion vous anime c’est toujours plus facile.

Puis « c’est en forgeant que l’on devient forgeron », et aujourd’hui nos actions sont de plus en plus sollicitées. Participer et faire participer la population à la gestion des Espèces Exotiques Envahissantes de notre territoire est un engagement, une valeur que nous portons fièrement au sein de notre association Surf Insertion, pour préserver la biodiversité des générations futures. 

C’est ainsi que depuis vingt ans, Surf Insertion organise des « chantiers écocitoyens » en étroite relation avec des gestionnaires et acteurs locaux, et depuis 2016 avec le SIAEBVELG (Syndicat Intercommunal d’Aménagement des Eaux du Bassin Versant des Etangs du Littoral Girondin).

Partant du principe que l’éradication de certaines populations est impossible et que l’action de l’homme permet, au mieux, d’enrayer leur propagation, ce Syndicat des Lacs Médocains a en effet pris le parti de ne traiter ces espèces que lorsque leur développement est une gêne pour les usages ou bien lorsqu’un nouveau site est menacé par leur invasion. Il réalise régulièrement des interventions de contrôle des populations d’EEE dont certaines grâce à des chantiers de Surf Insertion.

Illustration 1 : Chantier d’arrachage de Baccharis halimifolia © Surf Insertion

Sur la Réserve Naturelle des Prés Salés d’Arès/Lège, les jeunes de Surf Insertion ont ainsi géré en 13 ans plus de 13 hectares de Baccharis, permettant ainsi une restauration des milieux pour la repousse de plantes protégés et une amélioration de la biodiversité.

En moyenne, 50 journées de chantier sont coordonnées annuellement par l’association, avec au total plus 500 participants. Environ 80 % du temps de ces chantiers concernent des actions sur les EEE.

Les plantes exotiques envahissantes concernées sont le Yucca (Yucca gloriosa), le Séneçon en arbre (Baccharis halimifolia), la Renouée du Japon (Reynoutria japonica), le Myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum), les jussies (Ludwigia sp.) et quelques luzernes.

Illustration 2 : Arrachage de Yucca © Surf Insertion

Illustration 3 : Sacs de jussies après opération © Surf Insertion

Les techniques employées sont dans la majorité des cas des mesures d’arrachage manuel et de coupe. Pour les renouées, les chantiers consistent en la coupe des tiges et un concassage du réseau de rhizomes dans le sol, suivi de la pose de bâches et de paillage.

Illustration 4 : Chantier de gestion de la jussie, avant (gauche) et après (droite) intervention © Surf Insertion

PARTENAIRES POUR LA MISE EN ŒUVRE DU PROJET

L’association dispose de nombreux partenaires tels que l’Office national des forêts, le Conservatoire du littoral, le Syndicat intercommunal d’aménagement des eaux du bassin versant des Étangs du littoral girondin, l’Office français de la biodiversité, l’association ARPEGE, l’association CapTermer, Grand Site de la Dune du Pilat, etc.

Dans le cadre des activités nautiques, Surf Insertion travaille avec environ 20 écoles et clubs de surf situés sur la côte aquitaine.

Grâce aux subventions publiques (50 %), avec le soutien de certaines entreprises (30 %), et un part de fonds propres (20 % – participation demandée aux structures sociales) l’association arrive « à mettre tout ce petit monde à l’eau ».

Le soutien financier apporté se traduit en moyens humain, matériel et logistique, pour permettre de mieux répondre à la demande croissante de sollicitations des structures sociales désireuses de mettre en place des projets concrets et durables.

Malgré des contraintes financières, Surf Insertion indique souhaiter poursuivre sa démarche en développant ses actions et en diversifiant les ateliers proposés.

BIEN PLUS QU’UNE GOUTTE D’EAU DANS LA MER

À Surf Insertion, nous savons que le sport n’est pas intégrateur par nature mais qu’il est le support d’actions éducatives et d’actions d’insertions intéressantes. Par la pratique du surf, nous ne cherchons pas à faire de ces jeunes des champions. Ils ne surfent ni pour l’argent ni pour la performance mais pour leur épanouissement personnel et pour les émotions procurées.

À travers ses actions de sensibilisation, d’éducation à l’environnement et la mise en place de ces chantiers, l’association permet aux jeunes de s’approprier leur territoire avec plus de responsabilité citoyenne. Grâce à elle, en 2019, près de 1500 jeunes ont ainsi pu vivre des moments forts et constructifs.

Nous sommes tout à fait conscients que les actions que nous mettons en œuvre, même parfaitement orchestrées, ne provoquent pas une révolution telle que la vie de nos jeunes bénéficiaires en soit changée, mais provoquent une prise de conscience et de légers mouvements qui en détermineront probablement d’autres plus tard.

Rédaction : Benoit Rambeau (Surf Insertion) et Madeleine Freudenreich (Comité français de l’UICN)
Relecture : Emmanuelle Sarat, Comité français de l’UICN, Alain Dutartre, expert indépendant

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