Chiffres clés
Mondial
D’après une analyse de la Liste rouge mondiale de l’UICN , les EEE sont reconnues comme un facteur d’extinction (facteur direct ou co-facteur) pour 56,7 % des cas d’extinction connus et 16 % des extinctions d’espèces sont attribués uniquement à la présence d’EEE (Smith, 2020).
Les dépenses mondiales occasionnées par les EEE auraient atteint au moins 1 288 milliards de dollars US (soit près de 1070 milliard d’euros) entre 1970 et 2017 (Diagne et al., 2021), avec une dernière estimation à 1 600 milliards d’euros sur cette même période (UICN Comité français, CNRS, MNHN, Université Paris-Saclay, 2021).
Le coût économique mondial des insectes exotiques envahissants a été estimé à 69 milliards d’euros par an (Bradshaw et al., 2016).
Les eaux de ballast constituent un vecteur très important d’espèces marines à l’échelle planétaire : plus de 10 000 espèces seraient concernées (Bax et al., 2003).
À l’échelle mondiale, une étude récente a montré que le taux d’introduction des espèces a fortement augmenté au cours des deux siècles derniers (Seebens et al., 2016) et qu’il est largement attribué à l’accélération des échanges commerciaux et du transport des biens et des personnes au XXe siècle. Pour la plupart des groupes taxonomiques, l’évolution du nombre d’espèces exotiques ne montre aucun signe de saturation et même une augmentation pour certains.
Les chiffres clés du rapport de l’IPBES sur les espèces exotiques envahissantes
- 37 000 espèces exotiques introduites dans le monde par les activités humaines.
- 200 nouvelles espèces exotiques enregistrées chaque année.
- 3 500 espèces exotiques ont des impacts négatifs documentés dans la littérature.
- Les EEE sont impliquées dans 60 % des extinctions globales d’espèces documentées, dont 90 % ont eu lieu dans les îles, et dans près de 1215 extinctions locales.
- Elles ont des incidences négatives sur la qualité de vie dans 85 % des cas étudiés.
- Leur coût économique mondial a dépassé les 423 milliards de dollars par an en 2019, et a au moins quadruplé chaque décennie depuis 1970.
Europe
La base de données du programme européen DAISIE recense plus de 12 100 espèces introduites volontairement ou non par l’homme en Europe. Parmi ces espèces, environ 1 000 sont considérées comme envahissantes.
Les plantes terrestres sont de loin les espèces les plus communes et représentent plus de la moitié de l’ensemble des espèces présentes en Europe (plus de 6 500 espèces). Elles sont suivies des invertébrés terrestres (plus de 2 700 espèces). Les espèces aquatiques marines sont elles aussi relativement nombreuses, avec près de 1 000 espèces exotiques. Les vertébrés terrestres sont quant à eux bien moins représentés avec seulement quelques centaines d’espèces dans l’Union européenne.
Ce même programme a estimé que 11 % des EEE présentaient des impacts écologiques négatifs et 13 % des impacts économiques négatifs.
Le nombre d’EEE en Europe aurait augmenté de 76 % depuis les années 1970 (Commission européenne, 2016).
L’évaluation du coût économique des EEE à l’échelle européenne a été évalué à 116 milliards d’euros sur la période 1960-2020. 60% de ces coûts sont liés aux impacts des EEE sur différents secteurs (environnement, agriculture, santé, foresterie, pêche…) (Haubrock et al., 2021)
Sur l’ensemble des mers européennes, environ 1 460 espèces marines introduites ont été répertoriées (EASIN, 2015). En milieu marin, 44 % des introductions sont dues aux navires (commerce et plaisance), 33 % aux canaux et 13 % à l’aquaculture (Nunes et al., 2014).
En Europe, 86 % des arthropodes exotiques introduits en Europe l’ont été de manière fortuite (Rabitsch, 2010).
À l’échelle européenne, l’étude d’impact du Règlement européen n°1143/201 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des EEE préoccupantes pour l’Union européenne estimait à 8 le nombre annuel moyen de nouvelles introductions d’EEE sur le territoire européen depuis 1700 (Commission européenne, 2013).
France métropolitaine
Pour la métropole, un nouvel indicateur développé pour l’Observatoire national de la biodiversité à partir d’une sélection de 84 EEE révèle que depuis 1982, un département français voit s’installer en moyenne tous les dix ans 12 nouvelles EEE (ONB, 2021).
Outre-mer
Près de 400 espèces introduites de flore et de faune envahissent les milieux naturels d’outre-mer (UICN France 2017 – base de données sur les espèces exotiques envahissantes en outre-mer).
60 espèces figurant sur la liste établie par l’UICN des 100 espèces parmi les plus envahissantes au monde sont présentes dans les collectivités françaises d’outre-mer (ONB, 2016).
En savoir plus
Références citées :
- BAX, N., WILLIAMSON, A., AGUERO, M., GONZALEZ, E., & GEEVES, W. 2003. Marine invasive alien species: a threat to global biodiversity. Marine policy, 27(4), 313-323.
- BRADSHAW, C. J., LEROY, B., BELLARD, C., ROIZ, D., ALBERT, C., FOURNIER, A., … & COURCHAMP, F. 2016. Massive yet grossly underestimated global costs of invasive insects. Nature communications, 7(1), 1-8.
- COMMISSION EUROPÉENNE. 2016. Directorate-General for Environment, Sundseth, K., Invasive alien species : a European Union response, Publications Office, 2017.
- DESPREZ-LOUSTAU, M. L. 2009. Alien fungi of Europe. In Handbook of alien species in Europe (pp. 15-28). Springer, Dordrecht.
- Haubrock, P. J., Turbelin, A. J., Cuthbert, R. N., Novoa, A., Taylor, N. G., Angulo, E., … & Courchamp, F. (2021). Economic costs of invasive alien species across Europe. NeoBiota, 67, 153-190.
- HULME, P. E. (Ed.). 2009. Handbook of alien species in Europe (Vol. 569). Dordrecht : Springer.
- INPN 2021. La biodiversité en France — 100 chiffres expliqués sur les espèces. UMS PatriNat (OFB-CNRS-MNHN), Paris, 52 p.
- KARK, S., SOLARZ, W., CHIRON, F., CLERGEAU, P., & SHIRLEY, S. 2009. Alien birds, amphibians and reptiles of Europe. In Handbook of alien species in Europe (pp. 105-118). Springer, Dordrecht.
- KEITH, P. et ALLARDI, J. 1997. Bilan des introductions des poissons d’eau douce en France. Bulletin Français de la Pêche et de la Pisciculture, 1997, no 344-345, p. 181-191.
- MULLER S. (coord.) 2004. — Plantes invasives en France. Muséum national d’Histoire naturelle, Paris, 176 p. (Patrimoines naturels ; 62).
- NUNES, A. L., KATSANEVAKIS, S., ZENETOS, A., & CARDOSO, A. C. 2014. Gateways to alien invasions in the European seas. Aquatic invasions, 9(2), 133-144.
- PIMENTEL, D. 2011. Biological invasions economic and environmental costs of alien plant, animal, and microbe species (No. 577.18 B5/2011).
- RABITSCH, W. 2010. Pathways and vectors of alien arthropods in Europe. Chapter 3. BioRisk, 4, 27.
- ROQUES, A., RABITSCH, W., RASPLUS, J. Y., LOPEZ-VAAMONDE, C., NENTWIG, W., & KENIS, M. 2010. Alien terrestrial invertebrates of Europe. In Handbook of alien species in Europe (pp. 63-79). Springer, Dordrecht.
- Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique. 2006. Perspectives mondiales de la diversité biologique, deuxième édition. Montréal, 83 + viii pages
- SEEBENS, H., BLACKBURN, T. M., DYER, E. E., GENOVESI, P., HULME, P. E., JESCHKE, J. M., … & ESSL, F. 2017. No saturation in the accumulation of alien species worldwide. Nature communications, 8(1), 1-9.
- SMITH, K. 2020. The IUCN Red List and invasive alien species: an analysis of impacts on threatened species and extinctions. IUCN.
- UICN COMITE FRANÇAIS, CNRS, MNHN, UNIVERSITE PARIS-SACLAY, UNIVERSITE RENNES 1. 2021. Les coûts économiques des espèces exotiques envahissantes. Un fardeau pour la société. Note synthétique. 4 p. Septembre 2021.