Connaissez-vous l’œuf de coq ?

 In A surveiller de près
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Salpichroa origanifolia. © J-P. Damien

Le nom vernaculaire de cette plante lui est attribué à cause de ses baies blanches en forme d’œuf de 2,5 cm. Plus fréquemment appelée Muguet des pampas à cause des corolles de 1 cm de ses fleurs blanches, Salpichroa origanifolia (Lam.) Baill. appartient à la famille des Solanacées (voir par exemple la fiche http://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-60062-illustrations).

Originaire des régions tempérées d’Amérique du Sud (Argentine, Paraguay), cette espèce a été introduite pour l’ornement dans diverses régions du monde au climat doux.

Selon la base de données européenne DAISIE[1], elle est établie aux Açores, en Grande Bretagne, en Irlande, en Italie, en Sicile, à Madère et au Portugal.

En métropole, généralement échappée de jardins, elle se rencontre sur le littoral, Corse incluse, en Méditerranée et Atlantique depuis l’Aquitaine jusqu’au Cotentin.

Les tiges de cette plante vivace pouvant atteindre 2 mètres de hauteur sont souvent rampantes. Elles peuvent constituer des peuplements étendus et très denses, éliminant toute autre végétation, quelquefois en situation de lisières, dans des biotopes divers tels que friches urbaines, talus routiers, maquis littoraux, arrière-dunes, falaises et rochers, haies, bords de cours d’eau (comme le montre par exemple cette photo des bords de Loire). Elles peuvent également grimper dans les arbres.

La plante est sensible au froid, qui provoque une destruction des tiges, mais elle se développe de nouveau à partir des racines.

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Berge colonisée par Salpichroa origanifolia, sur le site du Prémare, à La Baule-Escoublac, PNR Brière. © J-P. Damien

Signalée comme “localement envahissante” et “en extension” dans l’ouvrage de Guillaume Fried[2], elle a déjà fait l’objet d’évaluations en termes de risque invasif. Elle est incluse depuis 2009 dans la “liste grise” des espèces exotiques présumées envahissantes en France méditerranéenne continentale établie par le Conservatoire Botanique méditerranéen de Porquerolles[3]. Par ailleurs, absente de la liste 2011 des plantes vasculaires invasives des Pays de la Loire, elle y a été ajoutée dans la version 2012[4] avec un statut AS6, c’est-à-dire “à surveiller. Non invasive (sans risque à priori pour les milieux naturels)“.

Comme le montre une recherche rapide et partielle menée sur Internet, le caractère “localement envahissant” de cette espèce est bien perçu par différents gestionnaires depuis environ une décennie, à la fois en termes de propositions d’intervention et d’interventions effectives :

  • Dès 2004, dans un compte-rendu d’ateliers thématiques concernant la zone Natura 2000 de l’étang de Canet Saint Nazaire (Pyrénées Orientales)[5], l’arrachage du Muguet de la Pampa, parmi d’autres “espèces exogènes”, figurait parmi les actions de gestion suggérées sur les zones rudérales de certains bords de route.
  • Elle est citée dans le Document d’objectifs “Site Natura 2000 FR5300018, Ouessant-Molène, Parties terrestres des îles Ouessant et Molène” de 2010 parmi les espèces à surveiller dans le cadre de l’action “A 2.3 de ce document (Limiter et maîtriser la prolifération des espèces invasives)”.
  • Dans un article publié en 2013 sur les plantes exotiques envahissantes et leur gestion au sein du Parc National de Port-Cros, l’espèce est citée par Annie Aboucaya[6] comme ayant fait l’objet d’expérimentations de gestion. Dans le numéro 9 (mai 2012) de “L’attitude mer”, journal de ce parc national, cette plante était d’ailleurs présentée comme une “américaine envahissante” et l’information figurant dans la revue se terminait par un conseil d’arrachage des jeunes pousses de cette plante présente sur la presqu’île de Giens, sur Porquerolles et Port-Cros.
  • Un arrachage réalisé par des étudiants du Master Pro “Gestion des catastrophes et des risques naturels” (Université de Montpellier 3) en collaboration avec l’EID Méditerranée, a eu lieu en décembre 2012 sur une plage de Portiragnes (Hérault). Un autre arrachage prévu en février 2014 n’a pu avoir lieu à cause des conditions climatiques négatives.
  • Elle est également présentée dans le site “Nature et environnement brévinois”[7] (page publiée le 7 mai 2014) comme une des plantes invasives de la commune de Saint Brévin (Loire Atlantique), “présente sur quelques sites dont l’ancienne décharge en bord de Loire” qu’il serait “souhaitable de voir disparaître des zones communales“.
  • Dans un article de Ouest France du 16 Juillet 2014, intitulé “Moins de plantes invasives pour sauvegarder la dune[8], concernant la commune de Porspoder (Finisterre) était présenté un programme de restauration de la dune mis en place avec la municipalité par la Communauté de communes du pays d’Iroise. Un “travail d’éradication du muguet de la pampa” y était explicitement indiqué.

D’autres informations sont évidemment disponibles sur cette espèce et sur les démarches de gestion déjà débutées (analyses des dynamiques locales, des enjeux de sa présence, modalités d’interventions) : elles mériteraient sans doute une synthèse pour produire une première évaluation de risque à l’échelle de la métropole.

[1] http://www.europe-aliens.org/speciesFactsheet.do?speciesId=20578# (onglet distribution)

[2] Fried G., 2012. Guide des plantes invasives, Paris, Belin, coll. « Fous de Nature »,‎ 272 p. (fiche pages 144 et 145).

[3] http://www.invmed.fr/liste_grise?order=field_score_fcbn_value&sort=asc

[4] Dortel et al., 2013. Liste des plantes vasculaires invasives des Pays de la Loire. CBN Brest, 34 p. (http://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/liste-2012-a3105.html)

[5] Dubost J., 2004. Etang de Canet Saint Nazaire. Natura 2000. Compte-rendu de la quatrième ronde des ateliers thématiques. 23 p. (https://www.google.fr/search?q=arrchage+salpichroa&ie=utf-8&oe=utf-8&gws_rd=cr&ei=LrceVbWRF5HsaODygaAF#q=arrachage+salpichroa&spell=1)

[6] Aboucaya A., 2013. Bilan des recherches scientifiques et des actions de gestion concernant les plantes exotiques envahissantes terrestres menées au sein du Parc national de Port-Cros (Var, France). Sci. Rep. Port-Cros natl Park, 27 : 415-435

[7] http://www.naturenbrev.org/2014/05/plantes-invasives-a-saint-brevin.html

[8] http://www.ouest-france.fr/moins-de-plantes-invasives-pour-sauvegarder-la-dune-2706065

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