L’algue brune Rugulopteryx okamurae prolifère en Méditerranée

 In A surveiller de près, ENI

L’algue brune, Rugulopteryx okamurae, de la famille des Dictyotes, a fait l’objet de plusieurs articles dans la presse nationale durant l’été (GEO Magazine, Le JDD, France télévision, etc.). Signalée depuis 2002 dans l’étang de Thau (Occitanie) où elle a probablement été introduite par des naissains d’huîtres en provenance du Japon, cette algue ne semblait pas y avoir développé de caractère envahissant. Or, depuis deux ans, elle est régulièrement observée le long des côtes de la région PACA. Plusieurs phénomènes de prolifération observés pendant l’été 2021 ont été à l’origine d’inquiétudes exprimées par les gestionnaires d’aires marines protégées, notamment dans la région de Marseille (Côte bleue et Calanques).

Se fixant sur les substrats durs et rocheux, entre 1 et 15 m de profondeur, cette espèce forme rapidement des tapis verdâtres ou brunâtres denses pouvant atteindre une trentaine de cm de hauteur et privant de lumière les espèces indigènes présentes dans le milieu. Ses impacts sur la faune et la flore ont fait l’objet d’études dans le détroit de Gibraltar et en Andalousie, où l’espèce aurait certainement été introduite par les eaux de ballast. Dans ces secteurs, l’espèce connait des pics de prolifération depuis 2015 et rentre en compétition avec des espèces indigènes sciaphiles comme Astroides calycularis (Garcia-Gomez et al., 2020). Elle est également mise en cause dans les modifications des communautés coralliennes (Sempere-Valverde et al., 2021).

 

Progression de R. okamurae dans le détroit de Gibraltar et risques associés (Illustrations issues de Garcia Gomez et al., 2020).

 

Faute de connaissances et d’expérimentations de méthodes de régulation, peu de leviers d’action sont actuellement disponibles pour contrôler l’expansion de cette espèce, dont la dynamique de reproduction et d’installation n’est pas encore bien connue sur nos côtes. Aucune mesure de gestion spécifique n’est actuellement déployée en France ou dans les pays européens concernés. Pour éviter toute dispersion accidentelle de cette espèce sur nos façades maritimes, il convient d’exercer une vigilance particulière et de rappeler les gestes de biosécurité nautique, seuls à même d’assurer une prévention efficace : inspecter, nettoyer et sécher les équipements entre chaque sortie en mer.

A l’échelle de la métropole, R. okamurae devrait prochainement être inscrite sur la liste des espèces exotiques envahissantes interdites d’introduction, d’utilisation et de détention (réglementée au niveau 2 selon l’article L.411-6 du code de l’environnement), venant compléter les arrêtés ministériels existants (AM du 14 février 2018 et du 10 mars 2020).

 

En cas d’observation de cette espèce, il est possible de contacter Sandrine Ruitton (MIO, Aix-Marseille Université, Campus de Luminy, 163 Avenue de Luminy 13288 Marseille cedex 9) en transmettant le lieu, la date et la profondeur de l’observation.

L’envoi d’un petit échantillon est recommandé (humide + 3 gouttes d’alcool dans un sac plastique).


Les observations de cette espèce peuvent aussi être signalées sur les programmes participatifs BIOLIT (action : nouveaux arrivants) et INPN Espèce, en transmettant une photo accompagnée du lieu, de la date et de la profondeur de l’observation.

 

Rédaction : Coraline Jabouin, chargée de mission « milieux marins et littoraux à l’Office français de la Biodiversité

Relecture : Emmanuelle Sarat (Comité français de l’UICN) et Cécile Massé (UMS PatriNat)

 

Pour en savoir plus :

  • Voir la page dédiée sur le site du Centre de ressources EEE : Rugulopteryx okamurae
  • Consulter les références de l’article :

 

Illustration de couverture © BioLit Planète Mer, Marine Jacquin

 

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