Quelle stratégie de gestion pour le Robinier faux-acacia ?

 In dossiers de la lettre d'information

Le premier juin 2017, l’alerte hebdomadaire N° 489 de “Science for Environment Policy” de la Délégation à l’Environnement de la Commission Européenne était consacrée à la parution d’un article portant sur le Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) rédigé par Michaela Vitkova et quatre de ses collègues chercheurs de l’Académie des Sciences tchèque (Vitkova et al., 2017).

Le titre de cette alerte, “Invasive black locust tree can have sustainable future despite biodiversity impacts“, soit quelque chose comme “Le robinier invasif peut avoir un avenir durable malgré ses impacts sur la biodiversité”, présentait d’une manière assez explicite l’objet de l’article. Toutefois le titre originel de la publication (Black locust (Robinia pseudoacacia) beloved and despised: A story of an invasive tree in Central Europe), sans référence au concept grand public toujours discuté de développement durable ou soutenable, correspond mieux à l’analyse très argumentée de ses auteurs sur cet arbre invasif, “aimé et méprisé”, et son histoire en Europe Centrale…

Une espèce présente en Europe depuis des siècles…

Robinia pseudoacacia L. a été l’un des premiers arbres nord-américains introduits en Europe au début du XVIIe siècle. Son introduction, dont la date exacte est toujours discutée, a été suivie d’une phase de latence puis d’une invasion assez rapide favorisée par de nombreuses plantations. Les publications anciennes sur le sujet sont divergentes. Il est toutefois probable que plusieurs introductions indépendantes se soient produites durant le XVIIe siècle, permettant de proposer l’espèce aux jardins botaniques dans toute l’Europe comme une exotique ornementale rare. Paris semble avoir été originellement le centre de distribution le plus important. En Europe centrale, le robinier a été introduit pour la première fois en Allemagne à Berlin en 1672 et était très répandu dans le sud du pays au début du XVIIIe siècle. Il s’est ensuite rapidement étendu à la Hongrie et à la République tchèque et sa dernière introduction en Europe centrale a eu lieu en Slovénie au début du XIXe siècle, probablement en provenance du nord de l’Italie.

Sa dispersion en Europe centrale a été favorisée par de vastes plantations, proposée par exemple pour des boisements à grande échelle en Hongrie au milieu du XVIIIe siècle. Arbre pionnier, le robinier est une légumineuse (Fabaceae), il peut enrichir les sols en y fixant de l’azote par ses racines, ce qui lui permet de s’installer sur des sols pauvres ou dégradés. Aussi, sa plantation a été très rapidement recommandée dans la littérature forestière, par exemple en Bohême dès 1767.

Répartition des aires de fortes densités de robinier. © Vitkova et al., 2017

… devenue partie intégrée dans nos paysages…

Les auteurs rappellent qu’en Europe le robinier n’est pas perçu comme une composante étrangère du paysage par le public. Dans la plupart des pays d’Europe centrale, il est traditionnellement cultivé dans des jardins, des avenues urbaines ou des sites ornementaux particuliers. Certains robiniers d’une valeur historique, culturelle ou biologique exceptionnelle sont même déclarés arbres monumentaux protégés selon la législation nationale en Allemagne, Slovaquie ou République tchèque (c’est aussi le cas d’un robinier du square René-Viviani – Montebello, dans le 5° arrondissement de Paris, présenté comme un des plus vieux arbres de la ville). Des centaines de toponymes de rues, de forêts et de sites, des chansons, des textes, des produits à base de plantes et des recettes culinaires font référence à l’espèce. Sa popularité parmi le public pourrait bien avoir contribué à sa propagation…

La demande croissante de production de bois au début de l’ère industrielle du XIXe siècle a également fortement contribué à ce que l’espèce devienne un arbre populaire en raison notamment de sa facilité de propagation, de sa croissance rapide, de la qualité durable de son bois et de sa résistance aux insectes et aux champignons. Après une longue période de relatif oubli, il est redevenu assez récemment une essence forestière présentant divers intérêts notables, y compris en matière d’utilisation de son bois pour l’ameublement, mais son caractère envahissant est devenu également de plus en plus perçu et mieux évalué, ce qui explique le débat actuel autour de cette espèce.

… aux capacités de colonisations indéniables…

Fourrés de jeunes robiniers sur une carrière. © E. Russier-Decoster

Dans leur analyse des impacts de l’espèce, les auteurs notent qu’aucun document résumé ne semble disponible, notamment en ce qui concerne son écologie, son caractère invasif et sa gestion, et que ces informations sont plutôt dispersées dans des revues ou des rapports locaux. Ils citent toutefois un article récent de Cierjacks et al. (2013) portant sur les îles britanniques. Une fiche de synthèse sur l’espèce, rédigée par Sitzia et ses collègues, figure cependant dans l’Atlas forestier d’Europe (European Atlas of Forest Tree Species) publié en 2016.

En termes de risques d’invasion et de propagation en dehors des zones forestières de plantation, le robinier est une espèce pionnière exigeante en lumière, capable de se disperser rapidement et de coloniser une large gamme d’habitats, depuis des milieux secs jusqu’à des milieux proches des eaux mais bien drainés. Il est capable de s’adapter aux zones forestières perturbées et peut coloniser rapidement des biotopes ouverts dans de nombreux types de sites, tels que des friches, y compris dans des zones péri-urbaines, des zones minières, des carrières, des champs ou des pâturages abandonnés, ou encore des sites endommagés par le feu. Il peut également se rencontrer dans des peuplements mixtes d’espèces à croissance rapide, à la fois indigènes et exotiques, mais il peut dominer des peuplements de jeunes arbres indigènes à croissance lente, comme ceux des chênes.

Dans la plupart des sites favorables, l’espèce peut se propager latéralement jusqu’à 1 m par an en développant des drageons après allongement horizontal des racines. Comparé à d’autres espèces d’arbres, elle est très résistante aux perturbations et, dans des conditions de luminosité défavorables, elle peut par exemple créer une banque de bourgeons persistante sur ses racines, tiges et branches, permettant un développement végétatif rapide à l’ouverture de la canopée. Elle peut produire de nombreux drageons et les plants qui en sont issus poussent plus vite et plus haut que ceux des autres espèces d’arbres et atteignent plus tôt la maturité. La gestion forestière à court terme par coupe des taillis conduit à une augmentation de la densité des tiges, à un rajeunissement des peuplements de robinier et à l’extension de zones compactes couvrant des surfaces quelquefois importantes.

La dispersion naturelle des graines est limitée par leur poids : gravité et vent à proximité de l’arbre mère (déplacements induits par la circulation routière pouvant dépasser 100 m), transport de gousses par les eaux (pouvant dépasser 1 km) ou les animaux sur de courtes distances. Leur germination naturelle, souvent faible, dépend des conditions environnementales. Les semis, sensibles à l’ombrage, présentent une mortalité élevée dans les milieux herbacés et les forêts, mais survivent beaucoup mieux dans les sites perturbés avec plus de lumière et de sol nu. La dispersion par graines relativement lente, le faible taux de germination et la capacité de compétition réduite face à des essences d’arbres indigènes pouvant former des canopées forestières denses, comme par exemple les tilleuls, érables ou ormes, pourraient constituer les principaux facteurs limitant l’établissement de nouvelles populations de robinier.

Gousses et graines de robinier. © Annabel Porté, INRA

La dispersion à longue distance de l’espèce dépend donc principalement d’aides humaines diverses comme la plantation délibérée et / ou le transport du sol contenant des graines et des racines (Pyšek et al., 2012).

… dans de très nombreux habitats…

Selon Chytry’ et al. (2005), le robinier est l’un des 10 néophytes dont la gamme d’habitat est la plus large en Europe centrale et, en République tchèque, il est par exemple présent dans près de la moitié des habitats de la classification européenne EUNIS. Il n’est pas présent dans les sites soumis à des perturbations continues (inondations, fluctuations de nappes phréatiques) mais il peut tolérer des sols toxiques ou très secs, y compris des sols jeunes peu profonds. Le changement climatique et les plantations forestière et paysagère pourraient même augmenter la gamme d’habitats qu’il peut coloniser.

En Europe centrale les habitats les plus souvent colonisés par le robinier comprennent des pelouses sèches et semi-sèches, des forêts sèches, des habitats alluviaux, des paysages agricoles divers et des bords de routes, des milieux urbains et industriels et des sites perturbés dans la plupart de ces habitats. Bien qu’il soit présent dans différents types de forêts à feuilles caduques, il ne l’est généralement que sous forme d’arbres individuels ou de petits groupes d’arbres. Par contre, il est très commun en bordure de forêts. Il représente toutefois un danger important pour certaines formations intra-forestières, comme par exemple les pelouses sableuses sèches calcaires en Pologne et en Hongrie. Dans ce second pays il menacerait 200 000 ha d’habitats naturels et semi-naturels.

Tableau des habitats les plus colonisés par le robinier. © Vitkova et al., 2017

Son envahissement des forêts alluviales est limité aux biotopes bien drainés tels que des bancs sableux ou graveleux et, en l’absence d’interventions forestières, son abondance diminuerait au fil du temps, probablement à cause de sa courte durée de vie et de sa faible tolérance à l’ombre.

… aux impacts difficiles à évaluer…

Malgré l’affirmation générale selon laquelle le robinier réduit la biodiversité des sites qu’il colonise, ses  impacts restent difficiles à démontrer. En effet, les résultats de diverses recherches ne sont pas toujours concordants, aussi bien en ce qui concerne l’homogénéisation de certaines formations forestières ou la richesse et/ou l’abondance des espèces de sous-bois comparées entre peuplements de robiniers et peuplements forestiers indigènes. De nombreux auteurs signalent cependant que le robinier forme des communautés végétales spécifiques, dont la couche herbacée est nettement différente de celle de la forêt dominée par les arbres indigènes. Ces changements dans la composition des espèces pourraient être liés à la disponibilité des nutriments du sol, en particulier de l’azote, et aux conditions de lumière, favorisant des espèces nitrophiles et tolérantes à l’ombre.

La fermeture de la canopée, les modifications du régime de lumière, du microclimat et des conditions du sol peuvent alors menacer plantes et invertébrés de ces habitats. Les quelques études menées sur les impacts des différences structurelles et fonctionnelles entre peuplements de robinier et d’arbres indigènes sur les consommateurs indigènes ne permettent toutefois pas d’en établir un bilan précis. Dans les friches urbaines, une évolution rapide des populations de coléoptères et d’araignées vers des espèces forestières a été observée (Platen et Kowarik, 1995). Des changements dans la composition des espèces d’arthropodes terrestres sont liés à la propagation des robinier dans les zones boisées urbaines, mais sans diminution de la diversité ou du nombre d’espèces menacées (Buchholz et al., 2015).

En ce qui concerne les populations d’oiseaux, la colonisation des habitats par le robinier a pour conséquence le remplacement d’espèces spécialisées par des espèces généralistes, bien que le nombre total d’oiseaux soit plus élevé dans les peuplements envahis (Hanzelka et Reif, 2015, 2016; Reif et al., 2016). Les mêmes recherches ont montré que bien que la biomasse totale d’invertébrés ne soit pas plus faible dans les habitats colonisés par le robinier, certaines espèces d’arthropodes dépendantes de plantes supprimées par cette colonisation sont absentes et les espèces d’oiseaux spécialistes sont donc limitées par une alimentation moins diversifiée. Par ailleurs, il a été constaté que la disponibilité et l’accessibilité des sites de nidification demeuraient inchangées et aucune différence dans le niveau de nidification et de prédation des nids n’a été signalée entre les peuplements de chênes indigènes et ceux de robiniers.

Enfin, plusieurs autres publications recensées par les auteurs de l’article indiquent que dans des régions d’agriculture intensive, les “îles” de robinier augmentent la biodiversité locale et fournissent de l’alimentation et un abri à de nombreuses plantes, champignons, invertébrés et vertébrés, y compris des espèces rares.

… mais aux usages très appréciés…

Le robinier, deuxième arbre feuillu introduit pour la production de bois en Europe après le chêne rouge d’Amérique (Quercus rubra), est par exemple très important en Hongrie où il fournit 25 % de la production annuelle de bois. En Autriche, en République tchèque, en Slovénie et en Suisse, il est utilisé dans les plantations à petite échelle pour le miel, le bois et ses utilisations comme matériau.

En raison des excellentes propriétés énergétiques de son bois, l’utilisation de robinier pour la production de biomasse a augmenté dans une grande partie des pays d’Europe centrale au cours des  dernières décennies. La tolérance élevée à la sécheresse et la capacité de l’arbre à se développer sur des sols extrêmement divers et à fixer l’azote le rendent apte à la production de biomasse sur de courtes périodes, y compris sur des sols après des exploitations minières. Toutefois le rendement varie très fortement selon le climat, la qualité du site, le type de cultivar et la densité des arbres. De même, dans le sud de l’Europe, la production relativement faible de déchets et l’élimination périodique de la matière organique dans les plantations à but énergétique entraînent un appauvrissement à long terme de la couche arable et entraînent une baisse de la productivité après deux périodes de rotation.

Les auteurs rappellent également son utilisation régulière en matière de stabilisation des pentes raides déforestées le long des voies ferrées et des vallées profondes des rivières, principalement en République tchèque et en Suisse. Ce rôle est maintenant discuté chez les forestiers à cause du vieillissement de ces forêts de protection. Par ailleurs, le potentiel du robinier reconnu depuis les années 1970 pour la régénération biologique de paysages dégradés après exploitation minière est toujours utilisé, notamment en Pologne et en Allemagne.

Ils citent enfin la production d’un miel de robinier d’excellente qualité, en précisant que cette production évolue avec l’âge de l’arbre. L’Allemagne, la Slovaquie et la Pologne sont des producteurs importants de ce miel mais la Hongrie en est le principal fournisseur avec 25 000 t/an, soit 40 à 50 % de la production européenne de miel de robinier.

Priorités de l’utilisation du robinier selon les pays d’Europe Centrale © Vitkova et al., 2017

Des appréciations ambivalentes…

En tant qu’espèce exotique, le robinier génère donc des opinions controversées, en particulier entre forestiers et protecteurs de la nature. Ses impacts environnementaux sont jugés globalement négatifs ou au contraire positifs selon les regards qui lui sont portés (conservation de la nature, protection d’espèces ou d’habitats, foresterie, aménagement urbain, apiculture, utilisations diverses de son bois, etc.). Comme pour de nombreux arbres exotiques utilisés en sylviculture ou en aménagement paysager, les priorités de gestion diffèrent selon les pays. Si le robinier ne fait pas partie de la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union, c’est bien la conséquence d’une absence d’accord des états membres, liée en partie à des réactions du monde forestier.

Le Conseil de l’Europe a toutefois encouragé la préparation d’un Code de conduite sur les forêts plantées et les arbres exotiques envahissants pour prévenir de nouvelles introductions et réduire, contrôler et atténuer les impacts négatifs liés à l’utilisation d’arbres exotiques envahissants dans les plantations (Brundu et Richardson, 2016). Le Code est un outil volontaire et ne remplace donc pas les exigences statutaires des législations internationale ou nationale.

… et des prescriptions de gestion à mettre en œuvre…

Ce qui est déjà bien connu dans le cas du robinier est que la rotation régulière des taillis actuellement appliquée en sylviculture favorise sa propagation dans les forêts de feuillus. Aussi doit-il être utilisé avec précaution pour la production de biomasse : il peut facilement s’échapper de la zone de culture, pouvant par exemple, en Italie centrale, 20 ans après la plantation initiale, coloniser une zone de 50 m de largeur (Crosti et al., 2016).

Ce risque d’extension progressive de l’espèce en dehors de ses zones de culture et ses réactions rapides aux accroissements de lumière en zone forestière sont maintenant beaucoup mieux évalués. Par exemple, une fiche de synthèse sur la dynamique des populations de Robinier faux-acacia en Nord-Pas-de-Calais-Picardie a été éditée en 2015 par la délégation des Hauts-de-France du Centre Régional de la Propriété Forestière (Hadorn et Cano, 2015).

Dans ce document, au sous-titre “Contexte et enjeux : essence d’avenir ou peste végétale” tout à fait à l’unisson des questions qui perdurent sur cette espèce, figurent des prescriptions de gestion forestière issues des résultats d’une étude menée en collaboration avec l’Université Picardie Jules Verne. Ces prescriptions portent à la fois sur la limitation de “coupes brutales” et la conservation éventuelle d’une zone non éclaircie de 20 m de largeur en périphérie des peuplements de robiniers, des éclaircies de ces peuplements pour conserver les plus beaux individus et obtenir un sous-étage diversifié et l’évitement des plantations dans des sites sensibles au drageonnage de l’espèce et à proximité des lisières en plaine.

…pour développer une approche stratifiée de sa gestion ?

© E. Russier-Decoster

La prise en compte de telles prescriptions pourrait permettre de réduire les risques de dispersion à venir de cette espèce mais elles ne peuvent à elles seules constituer des modalités de gestion du robinier sur l’ensemble des territoires où il est déjà présent et ceux où il est susceptible de s’installer. Elles ne peuvent non plus résoudre les nécessités de contrôle strict de l’espèce, par exemple dans des sites protégés. Les menaces que fait planer le robinier sur des espèces et/ou des habitats ont déjà conduit à ce que les programmes LIFE de l’UE aient depuis 1992 soutenu 33 projets visant à retirer les robiniers, principalement dans des habitats thermophiles menacés (Silva et al., 2014).

Si une des difficultés de la définition du statut de cette espèce est bien liée à son long passé sur notre continent, une histoire déjà séculaire qui l’a pleinement fait prendre place dans nos paysages et dans certains aspects de notre patrimoine, mais aussi à ses intérêts incontestables en matière d’usages économiques, il n’en est pas moins évident qu’il reste indispensable de se donner les moyens de le gérer.

La règlementation européenne sur les espèces exotiques envahissantes a montré son impossibilité d’application à une aussi grande échelle de territoire, justement à cause de cette ambivalence des impacts, des rôles et des utilisations de l’espèce.

Comme l’indiquent les auteurs de l’article, les règlementations nationales peuvent tout à fait se positionner sur ces questions de gestion, par exemple en s’appliquant à des territoires, voire des habitats spécifiques où le robinier serait considéré soit comme une espèce forestière et traité comme telle, soit comme une espèce invasive à contrôler. Des plans d’action d’une gestion intégrée du robinier pourraient alors prendre place dans un cadre que Pergl et ses collègues (2016) nomment une « approche stratifiée », apparemment déjà en œuvre en République tchèque, autorisant la plantation du robinier dans des zones où elle ne présenterait pas une menace mais interdisant cette plantation dans les zones de nature à protéger et en éradiquant les peuplements de robiniers préexistants dans ces zones. Cette approche discriminerait donc où et quand la gestion de l’espèce exotique est nécessaire et efficace, et où l’éradication n’est ni efficace, ni nécessaire. Elle pourrait également permettre de limiter les actions contreproductives et inutiles en se référant à un cadre englobant la protection de la nature et la gestion traditionnelle de l’utilisation des terres.

 

Une telle approche “stratifiée” de la gestion d’une espèce exotique considérée à juste titre comme envahissante dans des territoires donnés mais présentant en parallèle des intérêts spécifiques dans certains contextes particuliers pourrait sans doute être appliquée à d’autres EEE. Il faudrait pour cela que des analyses dommages-avantages ou coûts-bénéfices territorialisées suffisamment précises et argumentées soient disponibles et que des conditions règlementant spécifiquement la gestion de ces espèces en termes de territoires, d’habitats, etc., soient établies et appliquées, en lieu et place de règlementations souvent binaires (autorisation versus interdiction). Une autre condition de réussite de ce mode de gestion reposerait probablement sur des capacités permanentes d’analyse des évolutions des populations de ces espèces et de leurs impacts tant négatifs que positifs mais dans tous les cas il est maintenant tout à fait acquis que la seule origine exotique d’une espèce ne peut suffire à lui attribuer un statut, comme le dénonçaient déjà Mark Davis et ses collègues dans un article paru en 2011 dans la revue Nature : Don’t judge species on their origins.

 

Rédaction : Alain Dutartre

Relectures : Doriane Blottière, Emmanuelle Sarat, UICN France,

Annabel Porté, UMR Biogeco, INRA Université de Bordeaux,

Guillaume Fried, Laboratoire de la Santé des Végétaux, Anses

12 novembre 2017

 

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