Situation des invasions biologiques et de leur gestion en Afrique du Sud (2017)

 In dossiers de la lettre d'information

Cet ouvrage de près de 400 pages présente un bilan de la situation des invasions biologiques et de leur gestion à l’échelle de l’Afrique du Sud. Portant sur les impacts socioéconomiques en milieux naturels de ces invasions, il s’agit d’une première évaluation indépendante ayant pour objectif de contribuer à l’élaboration de politiques et de mesures de contrôle appropriées.
Un numéro spécial de la revue “Bothalia: African biodiversity & conservation” sur la gestion des invasions biologiques en Afrique australe comportant 19 articles et une synthèse éditoriale complète ce rapport : tous ces articles sont téléchargeables en libre accès.

Un ouvrage collectif et indépendant

L’ouvrage débute par une présentation de la manière dont il a été élaboré et dont son indépendance a été constituée. Sa rédaction a été supervisée par une équipe de rédacteurs et d’auteurs collaborateurs de l’Institut national sud-africain de la biodiversité (SANBI) et du Centre d’excellence DST-NRF pour la biologie des invasions. D’autres contributions (données, articles évalués par des pairs, rapports non publiés) ont également été obtenues auprès de chercheurs et de gestionnaires de diverses institutions en Afrique du Sud.

Pour garantir l’indépendance du rapport, les mesures suivantes ont été prises :

  • une large diffusion des versions préliminaires du rapport aux auteurs collaborateurs et aux autres parties prenantes, pour des soumissions complémentaires de commentaires, préoccupations ou d’informations, avec deux cycles de révision dédiés en 2017 ;
  • les commentaires et les préoccupations soulevés ont été consignés, de même que les réponses apportées par l’équipe de rédaction, dans une base de données disponible sur demande ;
  • présidé par un expert universitaire en évaluations, un comité de révision et de conseil a approuvé le processus d’examen et a pris la responsabilité de garantir l’indépendance éditoriale ;
  • un éditeur de révision indépendant sera nommé pour évaluer le processus de révision à la fin du premier rapport de situation, en vue de renforcer le processus si nécessaire pour les rapports futurs.

Dans les éléments généraux de présentation, il est indiqué que ce document couvre les problèmes socioéconomiques causés par les invasions biologiques. Il ne concerne donc pas les impacts directs sur la santé humaine, ni les effets des espèces invasives sur l’agriculture, à moins qu’elles ne menacent également les écosystèmes naturels. Enfin, il est également précisé qu’il ne concerne pas non plus les bénéfices sociaux qui peuvent être associés aux programmes de contrôle des espèces exotiques (par exemple, création d’emplois et de lutte contre la pauvreté), ni la quantification de ces avantages qui devraient cependant être idéalement pris en compte lors du calcul du retour sur investissement des programmes de gestion. Cependant, parmi les compléments d’information inclus dans le rapport, se trouvent des informations sur le programme “Working for Water“, ayant un double objectif, contribuer au contrôle des plantes invasives et créer des emplois. (voir l’encadré sur le programme “Travailler pour l’eau”)

Une revue complète

Ce volumineux document présente successivement :

  • Les indicateurs nationaux d’évaluation qui ont été utilisés dans l’ensemble des analyses ultérieures,
  • les voies d’introduction et de dispersion,
  • un bilan quantitatif des invasions (nombre, répartition, impacts, dans différentes zones du territoire),
  • l’efficacité des mesures de contrôle,
  • l’efficacité de la réglementation,
  • les lacunes actuelles et les moyens d’y remédier.

Hormis tableaux et figures spécifiques insérés dans chacun de ses chapitres, il comporte une très importante liste de références bibliographiques, illustration de l’ampleur des travaux de recherches menés sur les invasions biologiques, à l’échelle des enjeux extrêmement importants de ces invasions pour ce pays, et des annexes complétant le corpus d’informations qui a été utilisé pour sa réalisation.

Indicateurs

Mytilus galloprovincialis, la Moule de Méditerranée, introduite sur les côtes d’Afrique du Sud © Chris Urso

Un chapitre spécifique est consacré aux 21 indicateurs mis en place pour évaluer trois des aspects principaux des invasions, c’est-à-dire voies de dispersion, espèces concernées et zones colonisées, et les interventions, en termes d’efficacité des mesures de contrôle et d’efficacité des réglementations. Pour chacun de ses indicateurs, une fiche technique, proposée en annexe du rapport, décrit leur mise en œuvre et la méthode d’attribution d’un niveau de confiance. Par exemple, les indicateurs de filières décrivent les possibilités d’introduction et de dispersion et leur importance relative. De même, les indicateurs pour les zones colonisées incluent le nombre d’espèces exotiques, leur richesse et leur abondance en espèces exotiques par rapport aux espèces indigènes et l’impact des invasions sur ces zones. Pour ce qui concerne les interventions, les indicateurs ad hoc incluent une évaluation des “intrants” clés (cadre réglementaire, argent dépensé et couverture de la planification), des “extrants” (degré et qualité des interventions appliquées aux voies de pénétration, espèces et zones) et des résultats obtenus (efficacité des interventions sur les voies de pénétration, espèces et zones, et le retour sur investissement).

Quatre indicateurs globaux (“high-level indicators“) y sont également présentés (Tableau 1) :

  • le taux d’introduction de nouvelles espèces non réglementées,
  • le nombre d’espèces envahissantes ayant des impacts majeurs,
  • l’étendue de la zone qui subit les impacts majeurs des invasions,
  • le niveau de réussite de la gestion des invasions.

Voies d’introduction et de dispersion

Quatre indicateurs ont été utilisés pour les évaluer :

(1) l’importance de la voie d’introduction,
(2) les taux d’introduction,
(3) la prédominance des voies d’introduction dans le territoire,
(4) les taux de dispersion à l’intérieur du territoire.

Des compléments sur les modes d’évaluation de l’état des voies d’introductions sont insérés dans une annexe particulière de ce rapport.

Si 72 points d’entrée officiels sur le territoire sud-africain sont définis (Figure 1), de nombreuses voies d’introduction potentielles existent et, avec l’intensification des échanges, l’importance de certaines d’entre elles s’est considérablement accrue au fil du temps. Bien que la plupart des taxons exotiques aient été importés intentionnellement dans le pays, notamment pour l’horticulture, l’agriculture, la sylviculture ou le commerce d’animaux de compagnie, beaucoup ont été introduits accidentellement en tant que contaminants de base ou en tant que passagers clandestins dans les vecteurs de transport. La frontière terrestre de 4862 km a également facilité l’introduction de certains taxons. Il est également rappelé que la plupart des taxons végétaux exotiques ont été initialement importés intentionnellement pour le commerce des plantes ornementales et que certains ont par la suite gagné les milieux naturels.

Globalement, le taux d’introduction semble augmenter (Figure 2) et seuls quelques groupes de taxons, comme par exemple les introductions pour la pêche et l’aquaculture, ne sont plus responsables de nouvelles introductions. Le document signale toutefois qu’il n’a pas été possible d’attribuer une filière spécifique d’introduction à plus de 50 % des taxons étrangers. Les vastes réseaux de transport de marchandises et de personnes de l’Afrique du Sud facilitent également la dispersion supplémentaire d’espèces exotiques ou d’espèces indigènes dans une partie du pays vers une autre partie où ils ne sont pas indigènes. Les taxons exotiques peuvent également se répandre naturellement dans le pays en utilisant les corridors créés par l’homme, tels que des tunnels ou des canaux, qui relient des régions auparavant non connectées.
Ce chapitre se conclut par un constat d’une augmentation probable des introductions liées en partie à l’absence de mesures de contrôle pour certaines des filières de dispersion.

 

Figure 1 : Points d’entrée sud-africains. Toute personne qui souhaite entrer en Afrique du Sud, ou en partir, ne peut le faire légalement que par ces points (2017).

Figure 2 : nombre de taxons introduits en Afrique du Sud par décennie depuis les années 1950 (les données incomplètes de 2010 à 2019 sont en grisé).

Bilan des espèces exotiques en Afrique du Sud

L’annexe 3 du rapport présente successivement, en deux listes distinctes, l’état des connaissances (biome, statut légal, répartition, impacts, analyse de risques) sur 2033 espèces exotiques répertoriées en milieux naturels dans le pays, puis sur 570 espèces considérées comme invasives dans la règlementation mais non présentes sur le territoire parce qu’elles y ont été éradiquées ou n’y ont pas été observées. Une troisième liste comporte 52 autres espèces non observées en Afrique du Sud et non interdites mais pour lesquelles une évaluation des risques a été effectuée.

Sur les 2033 espèces exotiques répertoriées (ou supposées être présentes) en dehors de celles cultivées ou détenues en captivité, 775 sont connues pour être envahissantes, 388 sont naturalisées mais non envahissantes et 355 sont présentes mais non naturalisées. Pour les 516 autres espèces, les informations sont insuffisantes pour leur assigner un statut. Huit des espèces exotiques répertoriées comme présentes dans le pays sont actuellement répertoriées dans la règlementation nationale de 2004 (NEM: BA : National Environmental Management: Biodiversity Act) comme étant interdites (c’est-à-dire espèces supposées absentes d’Afrique du Sud et qui ne peuvent pas être importées). Un grand nombre d’espèces exotiques ont une distribution relativement restreinte (Figure 3). Dans le cas des plantes et des oiseaux, certaines espèces sont largement répandues. Au moins un reptile étranger et deux espèces d’invertébrés terrestres semblent relativement répandus mais le niveau de confiance associé à ces estimations est faible.

En fait, les seules données disponibles pour estimer l’abondance des espèces exotiques sont celles des plantes terrestres et d’eau douce mais le niveau de confiance dans ces estimations reste également faible. Toutefois, les experts ont estimé que 25 espèces avaient un impact important et que 82 avaient un impact majeur. Sur ces 107 espèces, la plupart (80) sont des plantes terrestres ou d’eau douce, huit des mammifères, cinq espèces, respectivement, des poissons d’eau douce, des invertébrés d’eau douce et des invertébrés terrestres, deux espèces des amphibiens et enfin une espèce d’oiseau et une de plante marine. Les plantes exotiques sont donc le groupe d’envahisseurs le plus diversifié, le plus répandu et le plus dommageable sur le territoire d’Afrique du Sud. Plus de 100 nouveaux taxons ont été enregistrés comme ayant été naturalisés ou échappés à la culture au cours de la dernière décennie.

Figure 3 : Dispersion de 835 espèces exotiques à l’échelle provinciale en Afrique du Sud (environ un tiers de toutes les espèces se trouvent dans une seule province, mais plus de 40 se retrouvent dans les neuf provinces).

Etat des zones colonisées

Paysage de Fynbos caractéristiques d’Afrique du Sud © Edweed

A l’échelle provinciale, la richesse en espèces envahissantes dans les écosystèmes terrestres et d’eau douce est élevée dans les provinces côtières relativement humides et plus faible dans les provinces arides de l’intérieur.

La richesse en espèces exotiques fournit une indication de la diversité des problèmes de gestion à résoudre mais ne permet pas de mesurer l’ampleur des invasions. Cela nécessiterait des estimations de la couverture, de la biomasse ou de la taille des populations concernées. Les estimations disponibles sont déjà anciennes et difficiles à utiliser et le document indique que l’ampleur des invasions et la dominance relative des espèces ont dû considérablement changer depuis leur élaboration.

À l’échelle nationale, les impacts combinés des plantes exotiques envahissantes sur la réduction du ruissellement des eaux de surface (Figure 5) ont été estimés entre 1 444 et 2 444 millions de m3 par an. Les bassins versants les plus touchés (réduction de plus de 5 % du ruissellement annuel moyen) se trouvent dans la partie occidentale et orientale du territoire. Si aucune mesure corrective n’est prise, les réductions de ressources en eau pourraient atteindre 2 589 à 3 153 millions de m3 par an, soit environ 50 % de plus que les réductions actuelles estimées. Les colonisations de plantes exotiques envahissantes auraient déjà réduit d’un peu plus de 1 % la capacité de l’Afrique du Sud à conserver des pâturages, bien que cela varie d’un biome à l’autre. Le document précise que si aucune mesure corrective n’est prise, les impacts devraient devenir beaucoup plus importants, avec des pertes de pâturage pouvant atteindre plus de 70 % dans certains biomes.

Les fynbos, formations végétales naturelles très rares, caractéristiques du sud de l’Afrique du Sud et limitées à une mince zone côtière et montagneuse au climat méditerranéen, sont les biomes terrestres les plus menacés par les plantes exotiques envahissantes. Si les invasions devaient atteindre leur plein potentiel, la biodiversité pourrait très fortement y diminuer, d’environ 70 %, voire même davantage pour certaines zones (de 87% et 96% pour deux d’entre elles).

L’invasion des écosystèmes naturels par des plantes exotiques peut également modifier la structure et la biomasse de la végétation de manière à faciliter les incendies.

Malgré le manque relatif de données fiables et complètes sur les espèces envahissantes et sur l’ampleur de leurs impacts, actuellement considérée comme relativement faible, à l’exception des ressources en eau, il est à redouter que ces impacts ne croissent rapidement dans les années à venir et les invasions biologiques représentent déjà 25 % de la réduction de la biodiversité sud-africaine observée à ce jour.

Figure 5 : estimations en % des réductions du ruissellement annuel moyen (MAR) dues aux plantes exotiques envahissantes (2007)

Efficacité des mesures de contrôle

En termes de mesures de contrôle, les réglementations sur les espèces exotiques envahissantes couvrent la plupart des aspects du problème. Les dépenses annuelles de 1,5 milliard de ZAR (rand), soit un peu plus de 96 millions €, concernent notamment le contrôle des espèces de plantes terrestres et d’eau douce. Il est indiqué que ce chiffre est presque certainement une sous-estimation, car elle ne concerne que le financement du ministère des Affaires environnementales, et non les dépenses des autres entités gouvernementales ou semi-gouvernementales, ni celles du secteur privé. De plus, à partir de données obtenues de programmes de gestion réussis, il est apparu que les coûts réels étaient 1,5 à 8,6 fois supérieurs aux prévisions budgétaires initiales.

Les résultats des mesures de contrôle sont évalués en fonction de la proportion de filières, d’espèces ou de zones qui ont été soumises à un contrôle. La Convention sur la diversité biologique reconnaît 44 voies d’introduction et 34 d’entre elles (77,3 %) sont gérées dans une certaine mesure. Bien que 556 taxons soient répertoriés dans les réglementations sur les espèces exotiques envahissantes, ils ne sont pas tous soumis à une gestion active. Par exemple, seulement 126 des 379 taxons de plantes terrestres et d’eau douce exotiques ont fait l’objet de mesures de contrôle. En termes de superficie, moins de 1 % des terres envahies auraient ainsi fait l’objet de telles mesures.

Selon le rapport, les mesures de contrôle mécaniques et chimiques ont largement échoué pour contrôler les invasions et ce pour diverses raisons, telles que l’absence de définition efficace des priorités, de fixation des objectifs et de planification, le dépassement des coûts estimés, ou encore les conflits sur des espèces causant des dommages environnementaux plus ou moins importants mais ayant une valeur commerciale ou autre.

Trois des tentatives d’éradication d’espèces (Tableau 2) ont abouti : des chats sauvages ont été éradiqués de l’île Marion (île antarctique située à plus de 1700 km du continent africain) et deux invertébrés terrestres du continent. Hormis la faible proportion des espèces ayant été éradiquées ou soumises à un contrôle biologique (6,4 %), les populations de la plupart des espèces continuent de croître, indiquant que les interventions sont inefficaces à grande échelle.

Par ailleurs, s’il n’existe aucune évaluation adéquate des avantages et des coûts des mesures de contrôle mécaniques et chimiques, cela a pu en revanche être fait sur la lutte biologique (Figure 7). Elle a permis de mettre 15 espèces sous contrôle complet et 19 autres espèces sous contrôle substantiel et les retours sur investissement de ces applications ont montré des ratios coûts-bénéfices allant de 8: 1 à 3 726: 1.

Les données sur les résultats des mesures de contrôle sont donc jugées insuffisantes pour évaluer précisément l’évolution dans ce domaine. Par exemple l’impact de la réglementation des voies d’introduction sur les taux d’introduction d’espèces envahissantes ne peut pas encore être déterminé, car sa mise en place est encore trop récente. De même, le niveau de confiance de nombre de ces estimations est faible. Une amélioration sera possible au fur et à mesure de l’accroissement des données rassemblées, mais dans de nombreux cas, de nouveaux processus seront nécessaires pour surveiller et signaler les invasions biologiques si les décisions de politique et de gestion doivent être fondées sur des preuves.

Efficacité de la réglementation

Ce chapitre présente les analyses réalisées sur l’efficacité des réglementations sur les espèces exotiques envahissantes (“Alien and Invasive Species Regulations, A&IS Regulations”, 2014) dans le cadre de la loi nationale sur la biodiversité (NEM: BA, 2004).

Selon les auteurs, l’Afrique du Sud est l’un des rares pays à avoir mis en place une réglementation complète pour gérer les invasions biologiques, traitant de la plupart de leurs aspects (voies de pénétration, espèces et zones) et organisée avec des mécanismes clairs de mise en œuvre, de mise à jour, de révision et d’appel des règlements. Il est toutefois noté que l’absence de stratégie nationale de gestion des invasions biologiques, et des contraintes en termes de capacités organisationnelles et humaines, limitent la mise en œuvre de cette réglementation.

Parthenium hysterophorus, plante herbacée allergisante introduite en Afrique du Sud © D. Valke

Parmi les difficultés rencontrées sont citées par exemple la nécessité d’analyses de risques plus conformes aux pratiques internationales et une meilleure régulation des demandes d’importations d’espèces concernant diverses activités (commerce, détention, recherche).

Les propriétaires fonciers sont tenus d’informer le gouvernement des espèces envahissantes répertoriées sur leurs terres mais au moment de l’édition du rapport un nombre extrêmement faibles de notifications avaient été reçues.

Des programmes de gestion des espèces prévus dans la règlementation de 2014 ont été élaborés pour quelques espèces, comme par exemple le Parthénium matricaire (ou Absinthe marron, Parthenium hysterophorus), une plante herbacée allergisante très envahissante, ou plusieurs espèces et hybrides du genre Acacia originaires d’Australie (A. dealbata, A. mearnsii, A. melanoxylon), ou encore la famille des Cactacées. Aucun de ces programmes n’a encore été officiellement mis en œuvre.

Un nombre réduit de plans de “surveillance, de contrôle et d’éradication des espèces envahissantes”, couvrant environ 4 % de la surface du pays, a jusqu’alors été soumis pour approbation aux autorités  (Département des affaires environnementales-DEA et SANBI). Leur liste figure en annexe 4 du rapport.

Comme le règlement sur les espèces exotiques envahissantes a été adopté en 2014, il est jugé dans le rapport prématuré d’évaluer son efficacité mais des difficultés sont déjà identifiées, comme par exemple le non-respect de certaines réglementations, un manque de capacité du DEA pour les faire appliquer, et des contestations de l’opportunité de réglementations concernant des espèces particulières.

Lacunes dans la connaissance et l’information

A partir des informations disponibles sur les voies d’introduction et de dispersion, le statut des espèces exotiques et des zones envahies, et sur l’efficacité des interventions, ce chapitre présente les lacunes et les limitations identifiées dans la mise en œuvre de la gestion des invasions biologiques en Afrique du Sud. Il liste enfin les sujets clés non traités dans le présent rapport qui devraient être inclus dans les rapports ultérieurs.

Passant en revue les 21 indicateurs mis en place pour évaluer les principaux aspects des invasions biologiques, il compile les niveaux actuels des connaissances et leurs lacunes en proposant pour chacun de ces indicateurs les éléments de solution à intégrer dans les rapports à venir. Le tableau 3 présente à titre d’exemple l’évaluation et la “solution” de l’indicateur global (“high-level indicator“) du niveau de réussite de la gestion des invasions.

Finalement, trois domaines clés d’interventions futures sont identifiés: (1) la nécessité de poursuivre les recherches pour déterminer et évaluer les impacts des espèces exotiques; (2) un meilleur suivi de l’efficacité des mesures de contrôle actuelles; et (3) le développement de méthodes pour examiner l’impact des invasions biologiques et leur gestion sur la société dans son ensemble.

Quelques remarques finales

La rédaction de cet imposant document a débuté en 2015. Elle a nécessité la participation de 2 rédacteurs en chef, de 8 rédacteurs responsables des différents chapitres de l’ouvrage, et des contributions de 28 auteurs, tous appartenant à une quinzaine de structures institutionnelles, universitaires ou de recherche d’Afrique du Sud. Malgré le nombre, la diversité et l’importance des informations rassemblées dans ce long panorama  synthétique, la rigueur de la démarche d’évaluation qui a été systématiquement appliquée dans tous les domaines examinés conduit inévitablement à un bilan mitigé qu’il serait facile de résumer à “peut mieux faire” !

Bilan mitigé car la plupart des objectifs fixés dans ce cadre global de gestion des invasions biologiques ne sont pas atteints : certains faute de dynamiques et/ou de moyens financiers et financiers, d’autres parce la mise en place progressive des règlementations pouvant faire évoluer les stratégies, les pratiques et les engagements des collectivités publiques, des acteurs privés et des citoyens rend moins évidente toute évaluation.

Un bilan mitigé mais une conséquence intrinsèque de la complexité des processus écologiques en action, de la multiplicité des déplacements d’espèces et des modifications induites par les activités humaines sur ce vaste territoire…

Un bilan mitigé certes, mais aussi un document de référence, une base de connaissances et d’informations plus facilement accessibles pour faciliter les évaluations futures qui pourront ainsi être plus précises et plus complètes dans le contexte sud-africain.

Mais enfin, également, une base de réflexions et une source d’informations utilisables également en dehors de ce contexte africain pour ce qui concerne, notamment, les nécessaires indicateurs d’évaluation des actions engagées à toutes les échelles géographiques et/ou administratives, et les modes contextualisés d’organisation de cette gestion des espèces et des milieux naturels qui nous reste toujours à construire.

En savoir plus :

  • Van Wilgen, B.W. & Wilson, J.R. (Eds.) 2018. The status of biological invasions and their management in South Africa in 2017. South African National Biodiversity Institute, Kirstenbosch and DST-NRF Centre of Excellence for Invasion Biology, Stellenbosch. 398 pp.

Rédaction : Alain Dutartre, expert indépendant
Relectures : Doriane Blottière et Emmanuelle Sarat, Comité français de l’UICN

Le programme “Travailler pour l’eau” : réalisations et défis

Le programme “Working for Water” (WfW) est le plus important bailleur de fonds de mesures de contrôle des espèces envahissantes en Afrique du Sud. Etabli depuis 1995 avec un objectif de mise en œuvre d’opérations de contrôle des plantes envahissantes pour réduire leurs impacts sur les ressources en eau et de création d’emplois pour les ruraux pauvres, son budget annuel est actuellement de 1,5 milliard de ZAR (soit un peu plus de 96 millions €). Il emploie 39 500 personnes dans le cadre de 358 projets de défrichement dans tout le pays.

Au cours des 20 dernières années, ce programme a mobilisé 10 milliards de ZAR (soit près de 650 millions €) sur la gestion des espèces envahissantes et a fourni aux agences de conservation, aux régies de l’eau et de l’irrigation, aux municipalités et aux propriétaires privés des fonds pour la gestion des plantes exotiques envahissantes qu’ils n’auraient autrement pas obtenus.

Il fait cependant face à des défis importants, portant à la fois sur son insuffisance pour parvenir à un contrôle partout efficace, obligeant à des choix des espèces et des sites où faire porter les efforts, et sur son double objectif permanent de gestion des milieux naturels et de de développement social par la création d’emplois garantissant la priorité à des personnes défavorisées, femmes, jeunes et personnes handicapées.

Bénéficiaires employées par le programme “Working for Water” dans la province du Cap oriental. (photographie: B. van Wilgen).

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