Les zones portuaires font partie des zones particulièrement à risque pour les ENI marines et constituent ainsi des points chauds d’introduction de ces espèces.
Outre les eaux de ballast, on retrouve parmi les principaux vecteurs d’introduction, les bio-salissures (fouling) des coques des navires de commerce ou de plaisance, les échappements des systèmes d’aquaculture, le transport d’organismes vivants ou encore les relâchés d’aquarium. Les ports concentrent une ou plusieurs activités pouvant ainsi être vectrices d’ENI marines.
Les zones portuaires font ainsi l’objet de plusieurs projets et programmes visant à mieux connaître la diversité des ENI marines qu’elles hébergent. Elles constituent ainsi des lieux privilégiés pour la sensibilisation et la diffusion des bonnes pratiques de prévention et plusieurs initiatives le rôle des zones portuaires dans les invasions biologiques marines voient le jour sur le territoire métropolitain.
Ce premier panorama sur ces différentes initiatives permet ainsi de mettre en avant différents programmes en cours.
Programme de surveillance des zones à risques et des zones sensibles dans le cadre de la DCSMM.
Le programme de surveillance de la DCSMM (Directive cadre stratégie milieux marins) 2020-2026 se concentre prioritairement sur les suivis des communautés d’ENI marines dans les points chauds d’introduction et les zones sensibles (= zones protégées). Depuis 2019, l’Unité PatriNat élabore et déploie cette surveillance en se basant à la fois sur des protocoles conventionnels de suivi des communautés, mais aussi sur des outils innovants comme les outils moléculaires. En 2021, six ports, trois zones conchylicoles et deux sites protégés ont été échantillonnés. Ces différents types de suivis permettent à la fois de rechercher les nouvelles ENI mais aussi de suivre les espèces prioritaires au sein des différentes communautés.
Pour plus d’information : Cécile Massé, cecile.masse@mnhn.fr
Sensibilisation des gestionnaires de zones portuaires et amélioration des connaissances avec le réseau Alien Occitanie
Dans le cadre du déploiement du réseau de sciences participatives Alien Occitanie, porté par le CPIE bassin de Thau et financé dans le cadre France Relance par l’OFB), une série de trois webinaires durant les mois d’avril et mai 2022 permettront de sensibiliser les gestionnaires de zones portuaires d’Occitanie, de Provence-Alpes Côte d’Azur (avec le CPIE îles de Lérins et pays d’Azur) et de Corse (avec le CPIE Bastia) aux ENI marines.. Ces webinaires aborderont les définitions liées aux ENI, les principaux vecteurs d’introduction et les mécanismes d’expansion, les espèces prioritaires, ainsi que le rôle des ports comme voies d’introduction et les rôles possibles des gestionnaires de zones portuaires. Observateurs privilégiés des ENI, ces derniers peuvent particulièrement sensibiliser les plaisanciers sur ce sujet.
Afin de mieux connaître la diversité des ENI marines présentes en Occitanie, le CPIE bassin de Thau effectue également des prélèvements sur des coques de navires de plaisance au printemps 2022 (Port-Camargue, Sète et Mèze). Les prélèvements sont effectués en collaboration avec des acteurs locaux tels que la LPO et l’Institut marin du Seaquarium du Grau du Roi. Les échantillons seront analysés par le CNRS de Montpellier.
Pour plus de renseignement : Florian martel, f.martel@cpiebassindethau.fr
Lancement d’une enquête « Regards croisés sur les milieux marins portuaires : écologie-évolution-économie » sur les ENI marines dans le cadre du projet MarEEE
Dans le cadre du projet MarEEE, piloté par Montpellier Université d’excellence (MUSE), en partenariat avec plusieurs laboratoires en écologie et en socio-économie, une enquête sur la perception des ENI marines sera lancée au printemps 2022 auprès des plaisanciers et des habitants de quatre zones portuaires. Pour l’Atlantique, le choix s’est porté sur le port de plaisance de Brest (port polyvalent) et La-Trinité-sur-Mer (port de plaisance), en Méditerranée sur Sète (port polyvalent) et Port Camargue (port de plaisance).
L’objectif est d’appréhender les pratiques relatives à l’usage et à la gestion des ports mais aussi le niveau d’information, les perceptions et les préférences des usagers et habitants par rapport aux usages, aux interactions ville/port et à l’importance accordée à la biodiversité portuaire et à ses effets sur les écosystèmes adjacents. La prise en compte de ces perceptions et préférences permettra de mieux connaître la valeur accordée à la protection de cette biodiversité et les besoins de sensibilisation afin d’adapter les politiques visant à maitriser les risques d’invasions biologiques.
Le projet pluridisciplinaire MarEE comporte également un volet sur l’écologie et la biologie évolutive dans les ports. De nouvelles techniques de biologie moléculaire seront utilisées dans ces zones portuaires afin de caractériser la diversité des espèces présentes et mieux comprendre les processus d’évolution et d’hybridation entre ENI et espèces indigènes.
Les résultats de ces travaux contribueront à la formulation de recommandations pour des mesures de régulation des ENI adaptées à ces milieux portuaires et tenant compte des pratiques des usagers.
Pour plus d’information sur le volet socio-économique du projet : Lucille Sevaux, lucille.sevaux@umontpellier.fr
La prise en compte des ENI marines dans les processus de certification environnementaux pour les zones portuaires et les armateurs
L’Alliance verte est un programme de certification environnementale volontaire initialement déployé en Amérique du Nord dans le secteur de l’industrie maritime. Une branche européenne a vu le jour en 2019, en partenariat avec Surfrider Foundation Europe. Pour être labellisés, les candidats doivent mesurer annuellement leur performance environnementale à l’aide des guides d’autoévaluation, soumettre leurs résultats à une vérification externe effectuée par un vérificateur indépendant accrédité par Green Marine Europe et accepter de publier leurs résultats individuels. L’un des 14 critères cible les ENI marines, et attribue le niveau 5 de la certification aux armateurs proactifs allant au-delà de la réglementation pour le traitement des eaux de ballast. Green marine Europe encourage également les armateurs à être exemplaire en ce qui concerne la gestion des bio-salissures. Les flottes du Ponant et de Genavir-Ifremer ont atteint le niveau 5, le plus élevé, sur le critère des ENI marines en 2020.
Actuellement, les critères sont moins contraignants pour les zones portuaires que pour les armateurs sur la question des ENI marines en Amérique du Nord (critère 1 : permettre les échantillonnages scientifiques, critère 2 : tenir un registre des ENI, sans association de niveau de performance). Pour les zones portuaires européennes, aucun critère n’est encore défini et le volet ENI méritera d’être développé.
Pour en savoir plus sur l’Alliance verte : https://allianceverte.org/ – contact : greenmarine@surfrider.eu
Rédaction : Coraline Jabouin, OFB
Relecture : Cécile Massé (Service Patrimoine Naturel), Emmanuelle Sarat et Madeleine Freudenreich (Comité français de l’UICN)