Première détection du Nématode du pin en hexagone et mobilisation rapide en Nouvelle-Aquitaine

Le Nématode du pin, origine et impacts

Nématode du pin (©ANSES)

Originaire d’Amérique du Nord, le Nématode du pin (Bursaphelenchus xylophilus) est un ver de moins de 1 mm qui peut infecter les conifères, notamment en Europe le pin maritime, le pin sylvestre et le pin noir. Il se multiplie dans les tissus de l’arbre, bloquant la circulation de la sève et provoquant ainsi en quelques semaines le flétrissement et la mort rapide des arbres.

Il se transmet grâce à un insecte vecteur se nourrissant de jeunes rameaux des arbres, le coléoptère longicorne Monochamus galloprovincialis qui peut transporter les nématodes d’un arbre infesté à un arbre sain entre avril et octobre, la seule période de vol de l’unique génération annuelle de ce coléoptère. Les nématodes peuvent alors se reproduire rapidement dans l’arbre nouvellement infesté, avec une reproduction d’autant plus accélérée que la température est élevée.

Monochamus galloprovincialis  (à gauche : ©Gilles San Martin, CC BY-SA 2.0; à droite : ©Udo Schmidt, CC BY-SA 2.0)

Classé organisme de quarantaine prioritaire par l’Union européenne, le nématode du pin figure actuellement parmi les ravageurs les plus dangereux pour les forêts de conifères. Il représente un risque majeur pour les arbres et les écosystèmes forestiers mais il ne présente aucun danger pour la santé humaine ou animale.

Une propagation internationale connue

Le nématode a déjà été accidentellement introduit au Japon au début du XXᵉ siècle, puis en Chine, Corée et Taïwan dans les années 1980. En Europe, il a été détecté pour la première fois au Portugal en 1999, provoquant la mort de nombreux pins maritimes, puis en Espagne à partir de 2008. Son introduction est souvent liée au transport de bois, écorces ou emballages contaminés.

A gauche, bleuissement du bois sur une coupe de pin et à droite. jaunissement des feuilles, preuves de présence du nématode (©USDA Forest Service – North Central Research Station , USDA Forest Service, Bugwood.org, CC BY 3.0 US)

Surveillance et mesures de lutte en France

La surveillance du Nématode du pin comporte actuellement plusieurs axes et repose principalement sur la détection précoce :

  • Des contrôles aux postes frontaliers et sur les bois d’emballage par le Service d’inspection vétérinaire et phytosanitaire (SIVEP).
  • Le suivi des passeports phytosanitaires garantissant l’absence de nématodes sur les végétaux destinés à la plantation.
  • La surveillance des insectes vecteurs, avec environ 50 000 pièges annuels pour capturer les Monochamus et analyser leur charge en nématodes.
  • La surveillance d’arbres hôtes : le Département de la santé des forêts (DSF) du ministère chargé de l’agriculture désigne les arbres à contrôler, notamment dans les zones à risque. Les prélèvements de bois sont effectués par les services régionaux de l’État (DRAAF–SRAL) ou, si besoin, par la Fredon. Les échantillons sont ensuite analysés par des laboratoires agréés (LDA et Anses-LSV) pour détecter la présence du nématode du pin.

 

En cas de détection, conformément aux directives européennes (Décision d’exécution UE 2012/535) et au Plan national d’intervention sanitaire d’urgence (PNISU), les mesures de gestion obligatoires ont pour objectif l’éradication du foyer.

Première détection du nématode du pin dans l'hexagone et réponse rapide

Le 3 novembre 2025, un foyer de Nématode du pin a été officiellement détecté dans un peuplement de pins maritimes à Seignosse, dans les Landes. Cette découverte a été confirmée par le Laboratoire national de référence de l’Anses, dans le cadre de la surveillance officielle des organismes de quarantaine pilotée par les services régionaux en charge de la protection des végétaux du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Souveraineté alimentaire.

Le 4 novembre 2025, deux zones circulaires ont été définies autour du site par arrêté préfectoral,  soit une zone infestée de 500 m et une zone tampon de 20 km. Afin de limiter la propagation vers d’autres massifs résineux, cet arrêté interdit la circulation des végétaux sensibles, des bois et écorces des espèces de résineux sensibles ainsi que l’ensemble des travaux d’exploitation (coupes, éclaircies, débardages, dessouchages, taille, élagage) dans la zone tampon de 20 km.

Un arrêté du 15 novembre 2025 fixe ensuite les mesures applicables dans les zones délimitées, qu’il s’agisse d’espaces publics ou privés, de forêts, de parcs, jardins ou alignements urbains. Les principales dispositions sont les suivantes :

  • Dans la zone infestée, tous les végétaux sensibles (résineux) doivent être broyés ou abattus avant le 31 décembre 2025. Les feuillus ne sont pas concernés.
  • Dans la zone tampon, tous les végétaux sensibles identifiés comme morts, dépérissants ou endommagés (par le feu ou une tempête) sont abattus après une inspection officielle et un prélèvement.

En période froide (du 1er novembre au 31 mars – le longicorne vecteur ne vole pas durant cette période ce qui réduit les risques de propagation), les arbres abattus peuvent être transportés vers un établissement désigné dont le procédé de traitement des bois garantit la destruction du nématode du pin et de son vecteur. En période chaude (du 1er avril au 31 octobre), ces arbres doivent être broyés sur place avant d’être transportés de manière sécurisée vers un établissement agréé.

Dans l’ensemble de la zone délimitée, aucun travail d’exploitation sur les résineux sensibles n’est autorisé en période chaude. En période froide, les chantiers de coupe sont soumis à une autorisation préalable, délivrée sous deux mois et uniquement si le peuplement a fait l’objet d’une inspection sanitaire officielle. La sortie hors de la zone des végétaux sensibles (bois et écorces) sont interdites, sauf dérogations prévues par l’arrêté.

Des indemnisations pour l’ensemble des secteurs impactés par les effets du nématode du pin sont à l’étude. L’objectif de ces mesures est d’éviter la dissémination du nématode ou de son vecteur par le mouvement de végétaux, bois, écorces sensibles.

La Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF) met par ailleurs en place une surveillance active au sein de la zone délimitée afin de détecter les pins dépérissants ou morts et de réaliser des prélèvements pour rechercher la présence du nématode.

Tout arbre résineux dépérissant ou mort récemment dans la zone délimitée et en priorité les pins maritimes, est à signaler sans délai à la DRAAF à l’adresse suivante : SRAL.draaf-nouvelle-aquitaine@agriculture.gouv.fr en précisant en objet du message les termes « SUSPICION NEMATODE DU PIN ».

Rédaction : Camille Bernery (Comité Français de l’UICN)

Relecture : Alain Dutartre (Expert indépendant)

Crédits de la photo en couverture : ©USDA Forest Service – North Central Research Station , USDA Forest Service, Bugwood.org, CC BY 3.0 US

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