Deux thèses récemment soutenues apportent de nouvelles connaissances sur des espèces particulièrement envahissantes en Nouvelle-Calédonie, le chat haret (Felis silvestris catus) et le Bulbul à ventre rouge (Pycnonotus cafer). Ces espèces apparaissent prioritaires dans l’élaboration d’un futur plan de gestion à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie, et ces travaux apportent des informations précieuses sur la répartition des individus, leur comportement et les méthodes de gestion envisageables.
« Ecologie et impacts d’un prédateur introduit au sein d’un hot-spot mondial de biodiversité ; le chat haret Felis silvestris catus dans l’archipel néo-calédonien », thèse soutenue par Pauline Palmas, Université de la Nouvelle Calédonie, décembre 2017
Le chat est l’un des prédateurs introduits les plus envahissants et les mieux établis à travers le monde. Sa présence est responsable d’importantes pertes de biodiversité dans les sites dans lesquels il s’est installé, en particulier dans les milieux insulaires. Ce travail de thèse avait pour objectif d’étudier les conséquences de la prédation du chat sur la faune endémique de Nouvelle-Calédonie, via notamment une analyse des fèces sur divers sites représentatifs des habitats majeurs de l’archipel. Une étude de l’utilisation de l’espace par les chats et une expérimentation de contrôle et de limitation de leur population sur une presqu’île abritant une importante colonie d’oiseaux marins ont également été effectuées. Il apparait qu’au moins 44 espèces de vertébrés sont prédatées, dont 20 figurent sur la liste rouge de l’UICN des espèces menacées sur le territoire. Parmi les groupes les plus touchés se trouvent les scinques, les roussettes et les pétrels.
Cette recherche a permis d’apporter des compléments d’informations au bilan mondial des impacts connus des chats harets. Elle comporte des recommandations de mise en place d’actions ciblées sur des sites prioritaires, à forts enjeux de conservation pour des espèces menacées, des mesures pour prévenir l’arrivée des chats sur des îles non encore colonisées ou envisager l’éradication de populations installées sur certaines petites îles.
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« Le Bulbul à ventre rouge (Pycnonotus cafer): dynamique d’invasion et impacts écologiques d’un oiseau introduit en Nouvelle Calédonie » thèse soutenue par Martin Thibault, Université de Massey, juillet 2018
Le Bulbul à ventre rouge est un passereau considéré comme l’une des trois espèces d’oiseaux les plus envahissantes au monde. Introduit en Nouvelle-Calédonie à partir de Nouméa au début des années 1980, sa population sur le territoire est aujourd’hui estimée à 150 000 individus, majoritairement concentrés dans les zones urbaines. La recherche menée avait pour objectif de décrire la population calédonienne et évaluer la menace qu’elle représente pour les écosystèmes de l’archipel, particulièrement riches en faune et flore endémique. Des impacts sur l’avifaune indigène, la dispersion des graines de plantes exotiques et des dommages sur l’agriculture ont été mis en évidence.
Le bulbul est aujourd’hui considéré comme l’une des sept espèces envahissantes devant faire l’objet d’une gestion prioritaire en Nouvelle-Calédonie. Les techniques de régulation à mettre en place, inspirées notamment des réussites en Nouvelle-Zélande, sont présentées et discutées dans la dernière partie de la thèse (tirs, piégeage, empoisonnement). Les ressources financières nécessaires à des opérations d’éradication totale étant considérables, et donc peu susceptibles d’être mises en place, le confinement des populations et des interventions de régulation concentrées sur les fronts d’invasion sont à privilégier.
Ce document présente ainsi une analyse très complète des caractéristiques de la population de bubul en Nouvelle-Calédonie, de ses impacts et des méthodes de gestion envisageables. Il appartient maintenant aux pouvoirs publics de définir une stratégie adaptée et de fournir les moyens financiers nécessaires aux actions concrètes à engager dans la gestion de cette espèce.
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Rédaction : Doriane Blottière, Comité français de l’UICN
Relecture : Alain Dutartre, expert indépendant