Face au défi de l’adaptation des forêts au changement climatique, le Comité français de l’UICN publie trois notes de position dont une sur l’utilisation des espèces forestières exotiques.
Le changement climatique influence fortement le fonctionnement des écosystèmes forestiers, il pourrait induire un déplacement en latitude des niches climatiques des essences forestières de 1 à 7 km par an, une vitesse bien plus élevée que la capacité des arbres à migrer. Il est estimé par exemple que les chênes ou les hêtres migrent de 100 km sur une période de plus de 500 ans. Ainsi, dans le cadre d’une simulation d’un réchauffement important (+ 3,35°C en moyenne), seulement 12% (en surface) des forêts européennes actuelles pourraient s’adapter à l’horizon 2100.
Les gestionnaires des forêts actuelles, quel que soit l’objectif qu’ils se fixent (conservation, production, multifonctionnalité des forêts), se retrouvent face à des choix de gestion difficiles. Pour faire face à ces profonds changements, des solutions telles que l’introduction d’espèces forestières exotiques ou la migration assistée des arbres sont sujettes à de nombreux débats.
Pour apporter des éléments de réponse aux questionnements sur les solutions à privilégier pour l’adaptation des forêts au changement climatique, le Comité français de l’UICN publie 3 notes de position sur l’adaptation des forêts françaises au changement climatique dont une portant spécifiquement sur le recours aux espèces forestières exotiques.
Cette note de position formule 8 recommandations :
1. Mettre en cohérence et harmoniser les différentes politiques publiques.
2. Améliorer la gouvernance dans l’établissement des listes de Matériels Forestiers de Reproduction (MFR) par une consultation élargie aux acteurs de la biodiversité.
3. Exclure des listes nationales et régionales d’espèces destinées au renouvellement forestier les essences exotiques reconnues comme envahissantes en France et dans d’autres pays.
4. Exclure la plantation d’essences forestières exotiques des aires protégées de catégories I à IV de l’UICN et des sites Natura 2000.
5. Proscrire les plantations monospécifiques d’essences exotiques
6. Evaluer systématiquement les risques et les bénéfices.
7. Surveiller impérativement sur le long terme les plantations d’essences exotiques, notamment celles réalisées dans les « îlots d’avenir » ou autres sites expérimentaux.
8. Préserver les écosystèmes, la variabilité génétique au sein des essences autochtones, la diversité spécifique, et adapter les pratiques sylvicoles.
L’élaboration de cette note a bénéficié des contributions de membres du réseau d’experts scientifiques et techniques du Centre de ressources EEE.
Les deux autres notes de position concernent :
© Christian Ferrer CC BY-SA 3.0