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Lancement du Projet CLEVER : Classification des impacts environnementaux des Espèces Végétales Exotiques Résidentes en France métropolitaine

Les invasions biologiques constituent aujourd’hui une menace majeure pour la biodiversité mondiale. Une des principales difficultés dans la lutte contre les invasions biologiques est d’identifier les espèces exotiques envahissantes (EEE) et de bien appréhender leur niveau d’impact environnemental. Actuellement, il n’existe pas en France de liste nationale d’espèces végétales exotiques envahissantes hiérarchisées selon leur niveau d’impact qui soit établie sur la base d’une méthode officielle. Des listes hiérarchisées ont été produites en régions par les CBN (Conservatoires botaniques nationaux), mais l’utilisation de méthodes d’évaluations variées rend leur comparaison difficile à l’échelle nationale.

Le projet CLEVER (CLassification des impacts environnementaux des Espèces Végétales Exotiques Résidentes en France métropolitaine)

Afin de répondre à cette difficulté, l’OFB (Office français de la biodiversité) et la DREAL (Direction régionale de l’environnement, l’aménagement et du logement) Nouvelle-Aquitaine ont décidé de financer et de soutenir le projet CLEVER qui vise à tester l’application de deux méthodes standardisées : la méthode EICAT (Environmental Impact Classification of Alien Taxa) développée par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et la méthode EICAT+ (un dérivé d’EICAT).

Ce projet de recherche et développement (R&D), qui se déroule de janvier 2023 à juillet 2024, est porté par le CBN Sud-Atlantique, en collaboration étroite avec l’OFB et le réseau des CBN. En complément de l’OFB, de la DREAL et des CBN, le projet réunit également l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), le Comité français de l’UICN et divers experts nationaux sur les espèces végétales exotiques. Le projet CLEVER entre dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale sur les EEE (SNEEE) et dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie régionale sur les EEE (SREEE) de Nouvelle-Aquitaine.

EICAT et EICAT+ visent respectivement à qualifier l’impact environnemental négatif et positif des EEE sur la base de sources bibliographiques. Les impacts autres que environnementaux (sanitaires, économiques, socioculturels) ne sont pas pris en compte. Un test de ces deux méthodes sera réalisé à l’échelle nationale et à l’échelle de la région Nouvelle-Aquitaine sur une sélection de plusieurs dizaines de plantes exotiques naturalisées reconnues envahissantes.

Les objectifs de ce projet sont multiples :

  • Évaluer les avantages et inconvénients de ces méthodologies, ainsi que les adaptations éventuelles nécessaires pour une application à certains groupes taxonomiques ou à certaines échelles territoriales ;
  • A l’échelle nationale, déterminer si une « liste nationale scientifique référentielle » des EEE en France pourrait être élaborée par l’utilisation de cette méthode ;
  • A l’échelle régionale, déterminer les possibilités d’application à cette échelle à partir de tests sur la Nouvelle-Aquitaine, région pilote.

Si les tests s’avèrent concluants, cette méthode pourrait devenir la méthode nationale pour l’évaluation des impacts environnementaux des espèces exotiques dans les différents territoires. Par ailleurs, ce projet a également vocation à déboucher sur un guide d’utilisation de cette méthodologie pour la flore exotique en France.

Dans le cadre du projet, un appel à contributions est actuellement en cours de diffusion auprès des principales structures impliquées dans la recherche, la connaissance ou la gestion des plantes exotiques envahissantes afin de collecter tous les documents témoignant d’un impact des plantes exotiques sur la biodiversité de France (les documents sont déposables sur ce lien). Ces documents serviront de base pour réaliser les évaluations des espèces d’après EICAT et EICAT+.

La formation de groupes de travail est également prévue aux échelles régionale et nationale en 2023. Ces groupes de travail, réunissant des experts des EEE, auront pour rôle d’identifier les éventuels points d’amélioration de la méthodologie (prise en compte de critères supplémentaires, réflexion sur l’organisation des évaluations, etc.). Enfin, des ateliers d’évaluations seront organisés en 2024 avec ces groupes de travail et avec le soutien de l’ANSES. Ces ateliers permettront aux experts de faire des évaluations consensuelles de l’impact négatif et positif de la sélection de plantes tests sur la biodiversité de métropole.

 

Pour tout renseignement, contacter Thomas DE SOLAN, chargé de projet Évaluation des impacts des espèces végétales exotiques envahissantes au CBN Sud-Atlantique (t.desolan@cbnsa.fr).

 

Pour en savoir plus

… sur les démarches d’évaluation des impacts des espèces exotiques EICAT et SEICAT, voir les articles suivants :

Pour EICAT+ :

 

Rédaction : Thomas de Solan (Conservatoire botanique national Sud-Atlantique)

Relectures : Arnaud Albert (Office français de la biodiversité)