Historiquement, l’évolution des jardins et l’avènement des espaces verts publics dans la seconde moitié du XIXe siècle, ainsi que les progrès techniques qui ont permis la construction de serres en verre et en métal pour l’acclimatation et la production de plantes, ont fait de l’horticulture la première voie d’introduction et d’utilisation de plantes exotiques à l’échelle du globe.
A l’heure actuelle, dans de nombreux pays, les filières de l’horticulture et du paysage sont donc fortement concernées par la problématique des plantes exotiques envahissantes, de par leur utilisation de végétaux introduits à des fins ornementales.
En France, comme ailleurs, de nombreuses plantes horticoles ne deviennent heureusement pas envahissantes, mais en raison du risque et des impacts que représentent certaines d’entre elles dans ce domaine, il était nécessaire que les professionnels de la filière s’investissent sur ce sujet afin de mettre en place des mesures permettant d’en freiner la dispersion: c’est dans ce cadre que le Code de conduite professionnel a été mis en place sous l’égide de l’Interprofession VAL’HOR (voir encadré ci-contre).
VAL’HOR est l’interprofession française de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage. Elle rassemble les organisations professionnelles de la production et du commerce horticole et des pépinières, du paysage et du jardin. Elle représente les 53 000 entreprises de la filière qui génèrent 170 000 emplois directs et indirects et un chiffre d’affaires annuel de 14 milliards d’euros. Ses missions sont notamment le développement de la consommation par le recours à des actions de promotion, le soutien à l’innovation, la structuration des marchés par la mise en œuvre de signes de reconnaissance de la qualité, de l’origine et de l’éco-responsabilité ou encore la valorisation des métiers et des savoir-faire des entreprises. www.valhor.fr |
Le code de conduite professionnel : une prise de responsabilité des acteurs de la filière
S’inspirant de démarches déjà en place à l’étranger, notamment en Belgique, aux Pays-Bas et aux États-Unis, ce Code de Conduite suit les recommandations du Code de Conduite sur l’horticulture et les plantes exotiques envahissantes élaboré en 2011 dans le cadre d’une collaboration entre le Conseil de l’Europe et l’Organisation Européenne et méditerranéenne pour la Protection des Plantes.
Rédigé par un Comité de pilotage national interprofessionnel avec l’appui technique de l’Institut technique qualifié de la filière (ASTREDHOR), il propose la mise en place de mesures concrètes et de bonnes pratiques, comportant des restrictions totales ou partielles d’utilisation de certaines plantes dans des conditions bien définies. L’engagement dans ce code de conduite est entièrement volontaire.
Il comprend 7 engagements :
- Connaitre la règlementation relative aux PEE et se tenir informé de son évolution
- Connaitre les listes du Code de conduite et se tenir informé de leur évolution
- Participer à la détection des PEE
- Arrêter la production et/ou la vente et/ou la prescription et/ou l’utilisation en France des PEE figurant dans la liste de consensus
- Suivre les restrictions des plantes soumises à recommandation
- Promouvoir l’utilisation de plantes de substitution
- Communiquer et diffuser de l’information sur les PEE
Deux listes de plantes soumises à restrictions
Les plantes relevant du Code de Conduite sont réparties en deux listes correspondant à des risques et à des engagements différents. Ces deux listes sont susceptibles de réactualisations successives en lien avec l’évolution des connaissances sur les espèces et de la règlementation européenne et nationale :
➞ la liste de consensus (interdiction totale d’utilisation) recense les plantes qu’il est souhaitable de ne plus voir produites, vendues, prescrites ou utilisées sur le territoire ; elles ont des impacts négatifs importants et reconnus et ne présentent pas ou peu d’aspects positifs pour les utilisateurs ; par exemple, l’Ailante (Ailanthus altissima), le Baccharis à feuilles d’arroche (Baccharis halimifolia) ou l’Herbe de la pampa (Cortaderia selloana). Afin de tenir informés les professionnels de l’évolution de la réglementation, elle inclut par défaut les espèces interdites (Règlement UE n°1143/2014 et Décret n° 2017-645 relatif à la lutte contre les ambroisies). Elle compte actuellement 54 espèces.
➞ la liste de plantes soumises à recommandation (restrictions partielles d’utilisation) recense les plantes qui ne sont envahissantes que dans certains types milieux où elles peuvent avoir des impacts négatifs ; elles sont cependant appréciées des utilisateurs et sont donc évaluées pour en définir de bonnes conditions d’utilisation. On trouve dans cette liste 14 espèces dont le Buddléia (Buddleja davidii), le Rosier rugueux (Rosa rugosa), l’Erable négundo (Acer negundo), le Rhododendron pontique (Rhododendron ponticum).
Pour élaborer ces listes, un recensement et une hiérarchisation des plantes exotiques envahissantes ont été réalisés à partir des listes établies par les Conservatoires botaniques nationaux (17 listes recensées, plus de 600 taxons). Les espèces prioritaires ont ensuite fait l’objet d’une analyse suivant un protocole d’évaluation tenant compte de leurs impacts négatifs et de leurs aspects positifs afin de les inscrire sur l’une ou l’autre des listes. Les listes de plantes sont mises à jour régulièrement et sont disponibles sur le site Internet du code de conduite, et l’ensemble des fiches d’évaluation est en téléchargement libre.
Un travail collectif et plus de 400 professionnels engagés
Fondé sur le principe de l’autorégulation, le code de conduite est un outil complémentaire à la réglementation qui permet aux professionnels de la filière de montrer leur capacité à traiter une problématique environnementale. Il constitue aussi un outil de discussion avec les pouvoirs publics et les acteurs de terrain afin de trouver collectivement les réponses appropriées et proportionnées aux enjeux, notamment lorsqu’il s’agit d’espèces présentant également des aspects positifs.
Alors que les activités de l’horticulture et du paysage sont à l’origine de nombreux bénéfices pour l’environnement, la biodiversité, la société ou encore la santé, en particulier en zones urbaines (Mehdi et al., 2012 ; Laïlle et al., 2014), il est important que la filière horticole s’engage pour limiter l’utilisation et les impacts des plantes exotiques s’avérant envahissantes.
A ce jour, un peu plus de 400 entreprises de la filière se sont engagées à suivre de manière volontaire le Code de conduite. Pour améliorer encore cette situation, il est nécessaire de faire connaître ce code auprès de toutes les parties prenantes qui agissent sur le terrain afin que le plus grand nombre possible d’entreprises s’engagent.
Comment s’engager ?
L’engagement des professionnels (producteurs, paysagistes, collectivités, commerçants…) dans le code de conduite est volontaire et se fait directement depuis le site Internet dans la rubrique « Espace pro S’engager » : http://www.codeplantesenvahissantes.fr/code-de-conduite/comment-sengager/
En savoir plus :
- Code de conduite professionnel relatif aux plantes exotiques envahissantes en France Métropolitaine. Val’hor. 216 p.
- Sur le site internet du code de conduite codeplantesenvahissantes.fr
- Présentation du code de conduite en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=0B0W6s-UiY0
- Laïlle, P., Provendier, D., Colson, F. 2014. Les bienfaits du Végétal en ville, VAL’HOR & Plante & Cité. 32p.
- Mehdi L., Weber C., Di Pietro F., Wissal S. 2012. Évolution de la place du végétal dans la ville, de l’espace vert à la trame verte. VertigO : La Revue Électronique en Sciences de l’Environnement, VertigO, Natures et Métropoles, 12 (2).
Rédaction : Romain Manceau (Val’hor)
Relectures : Doriane Blottière (Comité français de l’UICN), Alain Dutartre (expert indépendant)