Comme le rappellent les pages consacrées à cette famille de plantes aquatiques (http://www.especes-exotiques-envahissantes.fr/activites-du-gt-ibma/groupe-hydrocharitacees/), les Hydrocharitacées invasives en France restent un groupe mal connu, tant du point de vue de leur biologie, leur écologie et leurs impacts sur les écosystèmes qu’en termes de gestion des milieux colonisés. Les méthodes de gestion envisageables pour réguler le développement de ces plantes immergées restent peu nombreuses et présentent des durées d’efficacité réduites.
Pour répondre au fort besoin d’amélioration des connaissances sur ces espèces émanant des acteurs de terrain (fédérations de pêche, techniciens de rivières, collectivités locales…), une synthèse bibliographique et deux études ont été rassemblées dans le présent document.
La synthèse bibliographique a été réalisée sur les 4 taxons les plus présents en France (Elodée de Nutall et Elodée du Canada, l’Egérie dense et Grand Lagarosiphon). Elle présente de façon comparative ces 4 espèces et intègre des connaissances récentes sur ces taxons. Il en ressort que leur capacité de production en fonction des différents milieux et surtout leurs impacts écologiques en fonction de leurs biomasses et recouvrement sont encore à préciser. L’usage de pesticides étant interdit dans les milieux aquatiques en France, les modes de gestion couramment appliqués sont une récolte mécanique et il serait envisageable de développer des recherches sur le contrôle biologique.
Deux études ont porté sur l’Egérie dense sur les rivières Vendée et Thouet.
Sur la rivière Vendée où une gestion de proliférations d’Egéries connues depuis 1997 est appliquée de façon régulière depuis 2006, un suivi des opérations de faucardage-moissonnage par AgroCampusOuest a été réalisé de 2010 à 2014. Les résultats du suivi 2013-2014 montrent une production de biomasse assez élevée pour ce type de plante immergée (entre 600 et 800 grammes de matière sèche par m²). Les premières études fonctionnelles tentant de relier la chimie de l’eau ou des sédiments aux proliférations d’Egérie ou aux populations de poissons ne montrent aucun effet net de l’espèce invasive. Ceci plaide pour un approfondissement des études, utilisant des protocoles plus complets. L’efficacité des interventions de gestion a été évaluée et montre une bonne efficacité à très court terme. En revanche, l’efficacité à plusieurs mois et a fortiori au-delà d’une année est insuffisante, avec l’absence de régression de l’espèce dans les secteurs gérés. Il est donc préconisé d’expérimenter de façon plus précise pour relier le débit et la température avec les développements végétaux et de modifier les périodes de coupe pour les adapter aux recouvrements végétaux. En revanche, on a une diminution de la longueur de rivière actuellement sujette à prolifération, et donc de la longueur gérée.
Sur la rivière Thouet, trois traitements des données acquises par les techniciens de rivière ont été réalisés depuis 2010. Il en ressort que la distribution de l’Egérie dense sur cette rivière dépend de la position sur le cours d’eau principal : les stations amont ne sont pas colonisées contrairement aux stations médianes et aval. Dans les stations colonisées, des différences existent entre l’amont et l’aval des seuils de moulins. La profondeur et la granulométrie ne semblent pas discriminantes dans les secteurs étudiés. Une vitesse de courant élevée entrainerait une absence d’égérie. Avant d’entreprendre des interventions de gestion sur l’Egérie dense, il serait pertinent de mieux comprendre la répartition de l’espèce en cas d’effacement de certains seuils et de poursuivre les suivis en les complétant éventuellement.
Les résultats sont présentés dans un rapport téléchargeable sur ce lien.