Cette page a été publiée dans le cadre d’un article de synthèse sur les spirées ornementales échappées en France métropolitaine (M. Vuillemenot, 2021)
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Spiraea douglasii Hook / Spirée de Douglas
Répartition et statuts
Cette espèce est originaire de la partie nord-ouest d’Amérique du Nord, de l’Alaska jusqu’au sud californien, ainsi que dans quelques états plus à l’est comme le Colorado. En revanche, elle est considérée comme introduite dans d’autres états de la partie est des États-Unis comme le Missouri. Comme en Europe, cette espèce a été beaucoup utilisée pour l’ornement. Lis (2014) indique que ce taxon a été très populaire dans le commerce horticole et qu’elle a été utilisée comme espèce progénitrice de nombreux hybrides.
En France, Tison & de Foucault (2014) considèrent Spiraea douglasii comme un taxon susceptible d’être rencontré planté partout mais susceptible de s’échapper et d’adopter un comportement d’occasionnel ou de naturalisé, selon les territoires.
En Auvergne, Bart et al. (2014) évaluent collectivement les différents taxons rattachables au groupe Spiraea douglasii comme des espèces exotiques envahissantes avérées dont la répartition est localisée. Parmi elles, Spiraea douglasii sensu stricto est toutefois très peu citée dans la base de données régionale et sa fréquence d’apparition est jugée exceptionnelle (Antonetti et al., 2006). Depuis 2014, le département du Cantal a engagé un plan d’actions pour une meilleure connaissance et une gestion adaptée de plusieurs espèces invasives principalement présentes le long des routes départementales. Parmi elles figure la spirée de Douglas mais il s’agit sans doute d’une approche collective des spirées à fleurs roses. L’origine de leur présence sur les talus routiers est vraisemblablement issue partiellement d’introductions paysagères destinées à agrémenter ces abords et fixer des sols pentus. De telles observations peuvent être faites en Franche-Comté mais il s’agit d’hybrides horticoles et jamais de Spiraea douglasii s.s.
Dans les départements de la Loire et du Rhône, Spiraea douglasii serait assez fréquemment signalée, peut-être par méconnaissance des hybrides horticoles à fleurs roses tels que S. ×billardii (CBNMC, 2013). En Bourgogne, Spiraea douglasii est uniquement mentionnée historiquement dans des bois de plaine (Bardet et al., 2008). En Alsace, cette espèce est mentionnée mais sa présence et son statut de naturalisation ne sont pas commentés (auteurs divers, 1982).
En Franche-Comté, Spiraea douglasii est présente dans une ancienne pépinière horticole. Elle se maintient comme une relique postculturale et apparaît ponctuellement aux environs grâce aux perturbations mécaniques du sol sans former réellement de nouvelles populations. Cette implantation précaire a amené à la considérer comme occasionnelle ; sa persistance pourrait lui valoir le statut de plante naturalisée. Le fait qu’elle soit signalée comme envahissante avérée dans un territoire géographiquement proche et qu’elle soit capable de se développer dans des milieux naturels ou semi-naturels en y formant des populations denses a conduit à la considérer comme potentiellement envahissante en Franche-Comté, prévisible dans les milieux naturels et semi-naturels (Vuillemenot et al., 2016). La dynamique d’expansion de cette espèce doit être surveillée.
Absente en Champagne-Ardenne, Spiraea douglasii figure toutefois sur la liste d’alerte des espèces dont l’apparition doit être surveillée sur le territoire (Saint-Val, 2017). Son statut d’espèce exotique envahissante avérée dans un territoire proche en est à l’origine. En effet, en Belgique, la spirée de Douglas est la première espèce de spirée à avoir été considérée comme invasive (Verloove, 2006). Depuis, Branquart et al. (2010) la placent dans la liste noire des plantes invasives de ce pays parmi les espèces ayant un impact élevé et une distribution localisée. En complément de son comportement dominant et expansionniste, en particulier dans des zones humides, elle se voit attribuer, comme Spiraea alba, une aptitude à faciliter des départs de feu en raison des amas de tiges sèches qu’elle peut produire.
En Lorraine, les quelques stations de spirée de Douglas signalées correspondent peut-être en partie à des confusions avec Spiraea ×billardii (Duval, comm. pers.). Les populations semblent généralement très peu étendues et se localisent le long des routes et chemin forestiers. En l’absence de connaissances plus approfondies, cette espèce est actuellement considérée comme occasionnelle dans ce territoire.
Écologie
En France, Tison & de Foucault (2014) situent S. douglasii en conditions de haies, de friches et de talus. Julve (2017) l’indique dans les saulaies arbustives pionnières des bords de rivière du Salicion triandrae.
En Auvergne, Antonetti et al. (2006) l’observent le long d’éléments linéaires : « haies à proximité des habitations, des chemins, des cours d’eau, au bord des étangs, des gares… ». Bart et al. (2014) citent des végétations de fourrés et de manteaux arbustifs. En Franche-Comté, l’unique station résulte d’une ancienne plantation en plein champ, désormais totalement abandonnée. L’espèce se maintient et s’étend ponctuellement en position d’ourlet mésotherme calcicole à neutrophile (Agrimonio – Trifolienion medii), entre une prairie mésophile de fauche (Arrhenatheretum elatioris) et une grande culture.
En Belgique, Branquart et al. (2010) la décrivent comme une espèce pionnière nécessitant la pleine lumière pour un développement optimal de son cycle, mais, comme les autres spirées, capable de se maintenir en conditions ombragées. Elle se rencontrerait dans des habitats de type cours d’eau, prairies, et forêts sur sol sableux et tourbeux.
Article complet : Les spirées ornementales échappées en France métropolitaine : synthèse des connaissances sur leurs comportements et leurs statuts (lien)
Références bibliographiques :
- Antonetti P., Brugel É., Kessler F., Barbe J.-P. & Tort M., 2006. Atlas de la flore d’Auvergne. Conservatoire botanique national du massif central, 984 p.
- Bart K., Antonetti P. & Chabrol L., 2014. Bilan de la problématique végétale invasive en Auvergne. Conservatoire botanique national du Massif central / Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement Auvergne, 34 p.
- Bardet O., Fédoroff É., Causse G. & Moret J., 2008. Atlas de la flore sauvage de Bourgogne. Biotope, Mèze (collection Parthénope) ; Muséum national d’histoire naturelle, Paris, 752 p.
- Branquart É., Dupriez P., Vanderhoeven S., Van Landuyt W., Van Rossum F. & Verloove F., 2010. Invasive alien species in Belgium, Species List : Spiraea alba, Spiraea douglasii, Spiraea tomentosa, Spiraea ×billardii. http://ias.biodiversity.be/species/all (novembre 2018).
- Conservatoire botanique national du massif central (CBNMC), 2013. Plantes sauvages de la Loire et du Rhône, atlas de la flore vasculaire. Conservatoire botanique national du massif central, 760 p.
- Julve P., 2017 ff. (1998 ff). baseveg. World vegetation database. . Programme Catminat. https://www.tela-botanica.org/ (février 2019)
- Lis R., 2014. Spiraea. In : Flora of North America Editorial Committee, eds. 1993+. Flora of North America North of Mexico. 19+ vols. New York and Oxford, vol. 9 : 398. http://www.efloras.org/florataxon.aspx?flora_id=1&taxon_id=131015 (novembre 2018).
- Saint-Val M., 2017. Liste hiérarchisée des plantes exotiques envahissantes avérées, potentielles et émergentes en Champagne-Ardenne (V2: avril 2017). Conservatoire botanique national du Bassin parisien, délégation Champagne-Ardenne, 1 p.
- Tison J.-M. & de Foucault B. (coords), 2014. Flora Gallica. Flore de France. Biotope, Mèze, XX + 1196 p.
- Verloove F., 2006. Catalogue of neophytes in Belgium (1800-2005). Scripta Botanica Belgica, vol. 39. National botanic garden of Belgium, Meise, 89 p.
- Vuillemenot M., Ferrez Y., André M., Gillet F., Hendoux F., Mouly A., Thiery F., Tison J.-M. & Vadam J.-C. 2016. Liste hiérarchisée des espèces végétales exotiques envahissantes et potentiellement envahissantes en Franche-Comté et préconisations d’actions. Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional des Invertébrés, 32 p. + annexes.