Les renouées asiatiques (Reynoutria sp.) produisent une grande quantité de biomasse, leurs tiges pouvant croître jusqu’à 10 cm par jour au printemps pour atteindre 3 à 4 m de hauteur. Ainsi dans les espaces verts ou en bord de voirie, il est souvent nécessaire de faucher les sites envahis plusieurs fois par an, ce qui génère des quantités considérables de déchets verts, qui ne peuvent pas toujours être laissés sur place.
A l’heure actuelle, beaucoup de déchetteries refusent les renouées asiatiques pour éviter tout risque de dissémination, connaissant les capacités reproductives exceptionnelles de ces plantes et leurs impacts majeurs. Suite aux demandes des services techniques confrontés à la gestion des sites envahis, le département de la Savoie a donc lancé une étude visant à évaluer, au niveau local, le risque de dissémination des renouées asiatiques via la filière de compostage. Cette expérimentation, confiée au bureau d’étude, Concept.Cours.d’EAU, a été réalisée sur une plateforme industrielle de l’agglomération Grand Chambéry, actuellement gérée par SUEZ ORGANIQUE. Des tiges, des rhizomes et des graines de renouées ont été intégrées en quantités massives dans la chaine de production du compost et leur survie a été étudiée tout au long du procédé.
Les résultats montrent que le procédé, tel qu’il est mis en œuvre sur la plateforme de Grand Chambéry (8 mois de traitement, 6 semaines de ventilation forcée et 2 retournements), conduit à dévitaliser les tiges, les graines et les rhizomes et qu’il n’y a aucun risque de disséminer la plante via la diffusion du produit final. Toutefois comme pour tout chantier manipulant des plantes invasives, il existe des risques spécifiques liés aux déplacements des engins et aux outils, mais ceux-ci peuvent être facilement maîtrisés par l’adoption de mesures simples et peu contraignantes.
De manière plus générale, cet essai a permis d’améliorer les connaissances sur les capacités de survie des renouées asiatiques lors du compostage en andains. Il a notamment mis en évidence une forte hétérogénéité des conditions auxquelles sont soumises les propagules et les graines. Alors qu’à l’intérieur du tas de compost, les propagules (tiges, rhizomes) sont dévitalisées en quelques mois par dessiccation, celles-ci, comme les graines, peuvent survivre pendant plusieurs mois à la surface du tas. Ainsi la durée du traitement et le nombre de retournements sont des éléments déterminants, au même titre que la montée en température, pour assurer la dévitalisation complète de la plante. Ces résultats peuvent donc être utilisés pour fixer des préconisations plus générales pour d’autres plateformes de compostage.
En savoir plus :
- Le rapport complet de l’expérimentation est disponible en téléchargement ici.
- Un retour d’expérience rédigé en collaboration avec le GT IBMA est en préparation et sera diffusé prochainement.
Rédaction : Louise Barthod, CCEau
Relectures : Claire Rameaux, Département de la Savoie, Doriane Blottière, Comité français de l’UICN.