Du 13 au 17 novembre 2023 s’est tenu à Anvers (Belgique) le 16°symposium international sur les plantes aquatiques. Il a été organisé par le Groupe international sur les plantes aquatiques, un groupe informel rassemblant chercheurs, scientifiques et praticiens sur tous les aspects scientifiques concernant les plantes aquatiques.
Il a réuni plus de 90 participants de plus de 30 pays au cours de 9 sessions thématiques comportant au total près de 70 communications orales et une vingtaine de posters. Le recueil des résumés de ces interventions cite les adresses courriels des premiers auteurs ce qui peut permettre des contacts directs pour en savoir plus. Ces diverses présentations reflètent bien les deux enjeux actuels majeurs sur les plantes aquatiques, c’est-à-dire soit des régressions, sinon des disparitions, soit des surabondances avec les espèces exotiques envahissantes. À propos du premier enjeu, plusieurs présentations, dont une émanant de l’UICN, ont souligné l’importance de la conservation des espèces rares.
Dans les attendus de ce symposium étaient rappelés les rôles très importants de la végétation aquatique dans les eaux douces et marines, comme base des réseaux trophiques et de production d’oxygène, et les perturbations croissantes du fonctionnement des écosystèmes aquatiques dues aux pressions anthropiques. En conséquence, les organisateurs citaient comme impératif le déploiement d’efforts pour restaurer la végétation aquatique et ses écosystèmes pour en sauvegarder la valeur intrinsèque et leur capacité à fournir les services écosystémiques dont nous avons besoin.
Les sessions ont porté sur l’écologie des plantes, leur diversité génétique, les relations avec les animaux, les causes des déclins des populations, les effets des herbicides, le recours aux plantes aquatiques dans les écosystèmes urbains, les méthodes de leur suivi, ou encore sur les conséquences du changement climatique sur les plantes aquatiques des écosystèmes méditerranéens, et la dernière session a été consacrée à leur gestion.
La très grande diversité des recherches menées sur les plantes aquatiques à l’échelle mondiale est très perceptible dans toutes ces sessions thématiques, celle consacrée à la gestion ne fait pas du tout exception. La présentation introductive qui en était faite notait bien sûr l’importance des impacts écologiques et économiques des espèces exotiques envahissantes, venant s’ajouter à d’autres facteurs de stress des environnements aquatiques, et la nécessité d’une gestion appropriée pour réduire ces impacts. Parmi ces facteurs de stress mondiaux dont la résolution devrait passer par de la coopération internationale a été fréquemment citée l’eutrophisation des milieux (phosphore et nitrates) provoquée par les activités humaines.
C’est ainsi que dans la quinzaine de présentations de cette session se retrouvaient tous les aspects de la gestion des macrophytes, dont des évaluations sur les conditions de développement des plantes indigènes et exotiques dans cours d’eau et plans d’eau et des expérimentations en laboratoire ou interventions testant en milieu naturel des modes de gestion divers, concernant certaines espèces exotiques largement dispersées sur la planète comme Hydrilla verticillata, Cabomba caroliniana, Salvinia molesta, Pontederia crassipes, Myriophyllum aquaticum, Egeria densa, Myriophyllum heterophyllum ou Azolla filiculoides.
Y ont également été présentés des projets ou des réalisations sur des aspects plus tournés vers la diffusion et la valorisation des acquis des recherches, comme un réseau de science citoyenne en Belgique sur le développement des connaissances sur les plantes aquatiques et la lutte biologique, un site d’information et d’éducation au Texas sur la gestion des plantes aquatiques pour le grand public et les professionnels, les résultats obtenus par les travaux du LIFE RIPARIAS (Belgique, Pays-Bas, Grande-Bretagne), une banque d’information en plusieurs langues présentant près de 200 espèces, en lien avec le règlement européen sur les EEE de 2014, ou encore les résultats d’une enquête lancée par un chercheur de l’Université du Wisconsin lui ayant permis d’identifier plus de 1100 sites web relatifs aux plantes aquatiques, aux algues, aux cyanobactéries et à leur gestion dans différentes catégories institutionnel/gouvernemental, commercial ou mixte/autre, montrant l’ampleur des informations disponibles et échangeables dans ce domaine.
Hormis des multiples éclairages sur les recherches menées par des équipes de recherche éparpillées dans le monde, de tels symposiums sont bien sûr des occasions exceptionnelles de rencontres entre personnes travaillant sur des sujets plus ou moins proches et de possibilités de création de liens nouveaux et de développement de programmes internationaux.
La participation française à ce symposium a comporté quatre contributions, un membre dans son comité scientifique et la responsabilité partagée de la session consacrée aux effets souhaités et non souhaités des herbicides sur les plantes aquatiques.
Rédaction : Alain Dutartre, expert indépendant
Remerciements pour leurs contributions à Elisabeth M. Gross (Université de Lorraine) et Vincent Bertrin (INRAE).