Bilan 2022 du dispositif des « opérations coup de poing » sur les EEE

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En mai 2022, le ministère a souhaité accélérer la dynamique d’action de l’État sur la problématique des espèces exotiques envahissantes (EEE), via la mise en place d’opérations de gestion de populations, tant végétales qu’animales.

Ce dispositif a été baptisé « Opérations coup de poing », même si les retours de gestion sur le terrain montrent qu’une seule intervention n’est très rarement suffisante, et qu’il est nécessaire de renouveler les interventions sur un pas de temps plus ou moins long afin, sinon d’éradiquer, du moins de réguler la propagation des populations.

Mis en place sous forme d’un appel à projet à destination des porteurs de projets, le dispositif doté d’un budget de 1,4 M€ a été lancé le 20 juin 2022.

Bilan factuel des projets déposés

S’il n’est pas encore possible de dresser un bilan de l’efficacité sur les populations d’EEE des opérations prévues, il peut néanmoins en être dressé un inventaire thématique des projets déposés.

  • 82 % de dossiers acceptés

Au total, 34 dossiers ont été déposés, dont 24 en métropole et 10 en outre-mer. Pour diverses raisons (travaux déjà démarrés, volet gestion très réduit ou absent, insuffisance de précisions sur les techniques utilisées), 5 dossiers ont été rejetés et un a été annulé après validation, ce qui porte les nombres de dossiers acceptés à 19 en métropole et 9 en outre-mer.

En novembre, après 5 mois de mise en place du dispositif, l’ensemble de l’enveloppe budgétaire a été consommée. Les montants demandés étaient variables et s’échelonnent entre 1 000 et 100 000 € (plafond fixé). Le montant moyen est de 50 000 € par dossier. Il est plus important en outre-mer qu’en métropole, avec respectivement des montants moyens de 66 000 € et 42 000€.

Figure 1 : Répartition des 34 dossiers acceptés

Seules 5 régions n’ont pas bénéficié des subventions accordées dans le cadre du dispositif : Normandie, Ile-de-France, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et Guyane. Les raisons peuvent être diverses : absence à ce jour de structure régionale animatrice permettant de faire émerger des projets (e.g. Guyane, Ile-de-France), projets déjà démarrés et financés sur d’autres lignes budgétaires (e.g. Centre-Val de Loire, Pays de la Loire, Normandie).

 

  • 40 % de dossiers concernant les espèces végétales aquatiques d’eau douce

Les espèces animales ne représentent qu’un quart des dossiers acceptés, avec une plus grande importance relative en outre-mer qu’en métropole. Ceci est dû notamment aux espèces importées comme animaux domestiques et devenues férales.

Tableau 1 : Répartition des dossiers acceptés selon les espèces traitées et les territoires

En termes de types de milieux, ceux d’eau douce représentent la moitié des dossiers, ce qui s’explique au regard des espèces végétales réglementées, principalement aquatiques, et de leurs impacts considérables (propagation rapide et recouvrement rapide de grandes étendues d’eau). Sont ainsi concernées les jussies, le Myriophylle hétérophylle, l’Hydrocotyle fausse-renoncule, qui concernent 50 % des dossiers portant sur les milieux d’eau douce.

In fine, les espèces végétales aquatiques d’eau douce représentent 40 % des dossiers acceptés, métropole et outre-mer confondus.

Tableau 2 : Répartition des dossiers acceptés selon les milieux concernés

Les dossiers sur les milieux terrestres concernent essentiellement les espèces animales, et pour les plantes, les renouées du Japon, l’Herbe de Pampa et l’Ailante glanduleux.

Aucun dossier ne porte sur des espèces strictement marines, mais des espèces en bordure littorale (e.g. griffes de sorcière, notamment, et Séneçon en arbre) sont incluses dans certains.

 

  • 75 % de dossier concernant des espèces règlementées

Les espèces ciblées figurent pour les ¾ dans les arrêtés ministériels définissant les listes d’espèces règlementées. Ceci est particulièrement le cas pour l’outre-mer, compte-tenu du nombre important d’espèces règlementées, moins en métropole.

Tableau 3 : Règlementation des espèces traitées (espèces figurant dans les listes des arrêtés ministériels)

 

  • Informations complémentaires

Compte-tenu de la prépondérance d’espèces végétales dans ces « opérations coup de poing », les principales techniques mises en œuvre sont de l’arrachage (manuel et mécanique), du gyrobroyage et du faucardage. Les durées des projets sont variables en fonction de l’espèce traitée et des techniques utilisées, de 2 à 3 mois pour les plus courts (arrachage d’Herbe de la Pampa et du Séneçon en arbre, par exemple) jusqu’à 3 ans ou plus pour certains projets concernant des espèces végétales aquatiques, telles que les jussies.

Le degré d’innovation des projets peut être jugé faible, ce n’était cependant pas un critère prépondérant de choix dans le contexte de l’appel à projets. Il convient de noter toutefois un projet original en Guadeloupe qui vise à former des brigades canines à la détection et à la capture de l’Iguane commun, espèce exotique qui menace l’Iguane des Petites Antilles, endémique à ce territoire.

 

 

Rédaction : François Delaquaize, MTE

Relecture : Madeleine Freudenreich (Comité français de l’UICN) et Alain Dutartre (expert indépendant)

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