Au début du mois d’octobre 2020, un naturaliste a signalé la présence d’un écureuil atypique dans un jardin public de Tarbes, le jardin Massey (Hautes-Pyrénées) via le site web https://ecureuils.mnhn.fr. L’espèce a été déterminée comme étant l’Ecureuil roux d’Amérique (Tamiasciurus hudsonicus).
L’information a été immédiatement relayée au service départemental de l’Office français de la biodiversité (OFB) en vue d’une capture rapide.
L’Ecureuil roux d’Amérique est une espèce originaire d’Amérique du Nord, qui n’avait jusqu’à présent été observée en milieu naturel qu’une seule fois dans le département de la Manche en 2019 (MNHN, 2019). L’animal avait été capturé et une enquête de proximité a permis aux autorités de retrouver son propriétaire, chez qui il a été mis en dépôt conservatoire avant jugement. C’est le tribunal qui devra statuer du devenir de cet animal détenu illégalement.
L’Ecureuil roux d’Amérique est une espèce exotique qui peut constituer une importante menace pour l’Ecureuil roux d’Europe (Scirius vulgaris).
Avec l’accord et le soutien de la ville de Tarbes , les agents de l’OFB ont mis en place un protocole de capture jugé à priori efficace et surtout sans danger pour les autres espèces animales du jardin, notamment les écureuils roux d’Europe qui y sont présents.
Pour la réalisation de la capture, les employés du jardin Massey ont appâté les écureuils durant plusieurs jours pour les habituer à venir se nourrir dans des mangeoires. Des cages trappes ont ensuite été installées aux lieux de nourrissage et deux jours après, 4 jeunes et une femelle d’Ecureuil roux d’Amérique ont été capturés. Ils ont ensuite été euthanasiés et acheminés à l’UMS Patrinat (OFB/MNHN/CNRS) pour étudier les risques de transmission parasitaire pour la faune sauvage ou captive.
Depuis ces captures, les employés du jardin Massey et les inspecteurs de l’environnement de l’OFB veillent sur le jardin pour s’assurer qu’aucun autre Ecureuil roux d’Amérique n’y est encore présent.
Que dit la loi sur la détention des écureuils en France ?
Strictement encadrée, la détention des écureuils est soumise à un certificat de capacité (obtenu auprès d’une commission dédiée et sur présentation des qualifications requises) complétée d’une autorisation d’ouverture. De façon plus restrictive détention, vente, transport et échange de certaines espèces d’écureuils exotiques sont interdits pour les particuliers (voir l’arrêté du 14 février 2018). Il s’agit de l’Ecureuil gris (Sciurus carolinensis), l’Ecureuil fauve (Sciurus niger), l’Ecureuil de Pallas (Callosciurus erythraeus) et l’Ecureuil de Corée ou Tamia de Sibérie (Tamias sibiricus). D’autres espèces d’écureuils exotiques figureront prochainement sur cette liste.
Par ailleurs, il est strictement interdit d’introduire dans la nature tout individu d’écureuil exotique.
Si la réglementation actuelle est aussi stricte, c’est que de nombreuses espèces d’écureuils exotiques ont déjà été volontairement ou accidentellement lâchées en milieu naturel, y occasionnant de fortes dégradations.
L’exemple de l’Ecureuil gris d’Amérique en Grande-Bretagne avec des conséquences sur les écureuil roux (compétition et transmission du Parapoxvirus) et sur les arbres par écorçage est bien connu. Cette introduction a entrainé une régression forte de l’Ecureuil roux d’Europe.
Que faire en cas d’observation d’un écureuil exotique dans la nature ?
Si vous observez un écureuil qui ne vous est pas familier, par son pelage ou par son comportement, merci de le signaler soit sur le site https://ecureuils.mnhn.fr, soit auprès des services départementaux de l’OFB.
Rédaction : Jean-François Maillard, Cédric Bailleux et Benoit Pisanu, Office français de la Biodiversité
Relecture : Alain Dutartre, expert indépendant
Illustration d’en-tête : Tamiasciurius hudsonicus par Gilles Gonthier (Québec – 2008)