Entretien : « Réseau EEE Pays de la Loire : accompagner, échanger, sensibiliser »

 In Entretiens

Le présent entretien a été réalisé en regroupant les témoignages des animateurs du Réseau EEE Pays de la Loire, ainsi que d’une partie de leurs membres.

Bonjour, qui êtes-vous et dans quelle région agissez-vous ?

E. Leheurteux : Je travaille au Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire (CEN PdL), qui a notamment en charge l’animation du réseau régional EEE. Cette animation est assurée par Justine Célis et moi-même. Pour l’accompagnement opérationnel des gestionnaires et des collectivités, nous nous sommes réparti la région et nous sommes trois à être mobilisés au CEN PdL, avec également notre collègue Guillaume d’Hier qui s’occupe de la Sarthe et la Mayenne. Justine intervient sur le Maine-et-Loire, tandis que je m’occupe de la Loire-Atlantique et la Vendée.

Qui sont vos partenaires ? Avec quels organismes travaillez-vous le plus souvent ?

EL : La mission qu’a le CEN PdL pour l’accompagnement et l’animation du réseau EEE est financée par la DREAL des Pays de la Loire (en déclinaison de la stratégie nationale), par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne ainsi que par la Région. Les partenaires vont ensuite être toutes les structures potentiellement intéressées par la problématique EEE. Il s’agit d’un réseau historique, qui a été fondé dans les années 2000 par la DREAL, avec Roland Matrat. C’est le premier réseau régional sur les EEE à avoir été créé.

J. Célis : Depuis la reprise de l’animation par le CEN PdL en 2015, un travail de structuration a été fait, avec l’identification de référents régionaux. On a plusieurs référents experts liés aux différentes espèces : le CBN de Brest pour la flore, Polleniz pour les espèces à enjeux sanitaires et de santé publique, l’OFB (anciennement l’ONCFS) pour les mammifères et les oiseaux, et depuis 2019 l’association des fédérations de pêche est devenue référentes pour les animaux aquatiques (principalement les écrevisses et les poissons). Pour construire le réseau, on est aussi allé chercher les réseaux naturalistes, qui était jusque-là peu impliqués sur la thématique et le réseau. Nous avions besoin de ces réseaux pour comprendre les approches systémiques de fonctionnement des milieux naturels. Je pense qu’ils ont aussi apporté une vraie valeur ajoutée au réseau.

Quelles sont vos principales missions et objectifs ?

EL : Le CEN PdL a deux casquettes : celle d’animateur du réseau et celle de référent sur la gestion des milieux naturels, dans une approche plus globale mais toujours liée aux EEE. On intervient alors en binôme avec CBN de Brest, référent régional sur la flore invasive. On est donc très actif sur la déclinaison des dispositifs opérationnels, comme celui de “Détection précoce et réaction rapide”. Etant très présents sur le terrain, nous favorisons une dynamique plutôt remontante, et c’est avec des preuves par l’exemple et par le côté pragmatique du terrain que nous essayons, avec nos partenaires, de trouver des solutions adaptées.

JC : Pour l’animation du réseau, outre la structuration autour des référents, on s’appuie aussi sur d’autres réseaux régionaux existants, par exemple les bénévoles du CBN de Brest font souvent remonter au réseau (à Fabien Dortel) de nouvelles stations de plantes exotiques. Un peu plus de 200 personnes sont abonnés à notre newsletter, et une centaine de structures participent activement au réseau. Nous mettons alors en place des groupes de travail et organisons des journées techniques mais aussi une réunion plénière annuelle, pour avoir des espaces de partage et d’échange d’expériences à destination du réseau Pays de la Loire.

Pouvez-vous présenter en quelques mots votre réseau et sa structuration ?

EL : Il s’agit actuellement d’un réseau technique informel, mais celui-ci tend à se formaliser avec l’établissement de la Charte régionale. Comme le CEN PdL n’a pas vocation à développer une très grande équipe EEE capable d’accompagner chaque collectivité et gestionnaire, le niveau infrarégional de notre réseau est très important. C’est notamment pour cette raison que le réseau a développé, des dispositifs et des méthodologies pour permettre à chaque membre du réseau de réaliser ce travail d’accompagnement et d’aide à la décision (approche qualitative intégrée à la Charte). On s’appuie depuis longtemps sur certains PNR, mais aussi des CPIE ou des syndicats de bassin, qui accompagnent déjà plusieurs acteurs de leurs territoires. Le CEN PdL et les référents régionaux sont alors des ressources techniques pour ces membres du réseau. La Charte ne dit pas ce que qu’il faut faire, mais plutôt comment le faire.

JC : La Charte a été validée en Copil (comité de pilotage) en milieu d’année 2020. En plus d’ouvrir le Copil à de nouvelles structures, elle doit aussi formaliser notre instance technique, qui est représentée par l’ensemble des acteurs quand il se réunissent en plénière ou en groupe de travail. Le document devrait être publié officiellement d’ici la fin de l’année, ou au plus tard en début d’année prochaine. Les élections régionales et la crise sanitaire ont retardé un peu le processus.

Êtes-vous en relation avec d’autres coordinations régionales ?

EL : Concernant les coordinations voisines, nous avons des échanges ponctuels avec la Bretagne, qui développe actuellement sa stratégie régionale EEE. Nous participons au copil de l’ex-Orenva et avons des échanges assez réguliers avec la Normandie.

JC : Pour les retours d’expériences, nous échangeons aussi avec eux, mais aussi le Centre-Val de Loire ou les Hauts-de-France. Bien qu’on ait une mission plutôt régionale, ça nous arrive assez régulièrement d’avoir des échanges avec d’autres régions confrontées à des mêmes espèces que nous.
De plus, on participe activement à toutes les réunions du groupe de travail du Bassin Loire-Bretagne (qui a été créé quelques années après le groupe régional), on essaye aussi d’être force de proposition s’il y a des journées techniques pour les faire venir en Pays de la Loire, comme cela avait été fait en 2019 à Saint-Nazaire. On s’implique aussi dans la relecture de documents, comme la Liste catégorisée des EEE du bassin Loire-Bretagne ou les manuels d’identifications, pour lesquels l’on va servir de passerelle et mobiliser nos partenaires de réseau afin de chercher les informations nécessaires. Le CEN PdL n’a pas toutes les compétences et c’est pourquoi on n’hésite pas à aller les chercher à n’importe quelle échelle du réseau mais aussi des réseaux auxquels on participe.

Vos actions concerne-t-elle uniquement la faune ou la flore, ou bien les deux ? Travaillez-vous sur le milieu marin ?

F. Dortel : Au CBN de Brest, nous travaillons essentiellement sur la flore vasculaire en milieu continental. Pour la flore non-vasculaire (algues, des lichens et des mousses), il y a une application de saisie parallèle à notre outil de saisie et qui s’appelle eColibry. Le champ d’action des CBN concerne les plantes qui se développent spontanément dans les milieux naturels, semi-naturels ou fortement artificialisés (plantes au moins subspontanées, échappées de culture et se dispersant plus ou moins à proximité). Il nous semble important d’avoir néanmoins un œil sur les espèces cultivées actuellement inconnues ou méconnues en nature mais pouvant présenter un potentiel envahissant (par exemple Houttuynia cordata). De par ses caractéristiques (facilité de culture et de multiplication, croissance rapide, rusticité…), la bonne plante horticole a bien souvent un fort potentiel invasif.

A. Barbotin : En Pays de la Loire, au niveau de la direction régionale, l’Office français de la biodiversité (OFB) travaille principalement sur de la faune, mais nous sommes en lien avec le CBN de Brest pour la flore. Pour les ragondins et les rats musqués, c’est Polleniz qui s’en occupe. Comme nous sommes plutôt sur du contrôle et de la gestion par éradication, tout passe par des arrêtés préfectoraux et est assez réglementé de notre côté. On agit uniquement sous réserve que l’espèce soit soumise à un arrêté de destruction. Cela nous limite donc pas mal en termes d’actions. En parallèle, l’OFB effectue une veille sur le terrain, de manière à être le plus réactif le cas échéant en cas de détection précoce d’une EEE.

JC : Concernant le milieu marin, la rencontre du REST en 2020 à Bordeaux nous a décidé à nous intéresser à cette thématique, qui n’est pas encore prise en compte à notre niveau. Mais avant de se lancer dedans, il faudra d’abord que nous identifions les acteurs en région et que nous organisons avec eux un groupe de travail ou une journée de découverte.

Quelles sont les EEE sur lesquelles vous êtes actuellement les plus sollicités ?

Comblement d’un fossé par la Crassule de Helm © F. Dortel

FD : Ces dernières années, nous avons eu beaucoup de sollicitations sur la Crassule de Helms, qui est arrivée en 2010 dans la région, possiblement par une vidange d’aquarium. En région, nous avons de nombreuses zones humides et retenues d’eau, qui sont des milieux favorables à son développement. Ses impacts sont surtout liés à la biodiversité, notamment sur les grèves exondées qui sont des milieux pionniers qui se découvrent en fin d’été et où l’on retrouve des cortèges de végétations rares et menacés. La crassule est aujourd’hui présente dans les cinq départements de la région et s’étend à grande vitesse. Son expansion préoccupe beaucoup les gestionnaires. Elle est difficile à détecter et très compliquée à gérer avec les techniques habituelles d’arrachage, car elle se fragmente très facilement. Mais par son caractère pionnier, elle a pu disparaître ou régresser fortement de milieux laissés à leur évolution naturelle, ce qui permet d’envisager d’autres voies d’action (ou de non-action). Depuis 2016 on tire la sonnette d’alarme pour qu’elle soit rajoutée sur les listes d’interdiction et on espère que cela se fera avec la liste nationale, pour mettre en cohérence le commerce de cette plante (qui est encore autorisée à la vente) avec les impacts qu’elle cause. Au CBN, nous avons notamment participé avec Alain Dutartre à la rédaction d’une synthèse à l’échelle nationale sur les enjeux et les risques liés à cette espèce.

AB : Nos actions concerneront surtout l’avifaune exotique, avec l’Ibis sacré qui est très présent dans notre région, notamment en Loire-Atlantique et en Vendée, et sinon l’Erismature rousse. Nous avons un LIFE Erismature qui a démarré en 2018 et qui finira en 2023. Et après, ponctuellement nous pouvons être appelés pour d’autres oiseaux exotiques comme la Bernache ou l’Ouette d’Egypte. Les interventions sur les mammifères sont plus ponctuelles, mais à titre d’exemple, et qui illustre aussi le bon fonctionnement du réseau régional, c’est en septembre dernier lorsqu’un raton laveur nous a été signalé sur une île de la Loire. C’est le CEN PdL qui nous a alerté (via le GMB – Groupe mammalogique breton) et nous avons rencontré le berger qui avait fait le signalement. La DDT et la LPO se sont joints à nous et il y a eu une très bonne synergie, grâce au réseau, pour mettre en place une action rapide en prenant en compte les conditions du site.

Si vous aviez la possibilité de faire disparaître de votre région une population d’EEE, laquelle serait-ce et pourquoi ?

J. Renard : Au département, nous n’intervenons pas en tant que gestionnaire, mais en tant que partenaire technique et financeur. Ça fait depuis 2004 que nous suivons la thématique EEE et la principale plante qui pose problèmes et qui nous sollicite beaucoup financièrement : c’est la jussie. Maintenant, elle est très présente, et il semble que les structures arrivent à peu près à la contenir… Il y a aussi des émergentes qui arrivent, comme la crassule ou l’Egérie dense qui nous posent beaucoup de questions. Je ne saurais donc pas quoi répondre, mais en tout cas c’est la jussie qui nous coûte cher financièrement.

O. Fandard : Oui, c’est assez complexe. Sur notre territoire, ça fait plus de 15 ans qu’on vit avec la jussie. Je pense que tout le monde à plus ou moins appris à vivre avec. Nous avons mis en place une certaine gestion qui nous permet de garantir nos activités de gestionnaires et de maintenir les milieux fonctionnels. Comme l’a dit Julien, on y arrive car nous avons des aides financières, mais celles-ci se rarifient… Sur le marais breton, en effet la crassule nous pose énormément de questions et finalement peu de problèmes pour l’instant. Mais effectivement, la jussie est une des espèces les plus problématiques car elle referme les milieux. Et en de plus, sous sa forme terrestre, elle pose des problèmes économiques au niveau agricole car les terrains qu’elle colonise ne sont plus éligibles aux aides de la PAC (politique agricole commune).

En parlant d’espèces, avez-vous des listes régionales et qui les réalise ?

FD : Nous avons édité notre première liste de plantes exotiques envahissantes à l’échelle régionale en 2008. A l’époque, nous avions travaillé avec une méthodologie qui était encore assez novatrice, en s’appuyant sur la Cotation de Lavergne et basée sur les observations de terrain et le comportement des plantes. Par manque de temps, nous avons continué avec cette méthode mais aujourd’hui elle serait peut-être à retravailler, avec l’adoption d’une méthode harmonisée à l’échelle nationale.
Concernant l’utilisation de cette liste, on insiste sur le fait qu’il s’agisse d’espèces exotiques envahissantes avérées, d’espèces potentiellement envahissantes et d’espèces à surveiller, mais bien souvent malheureusement l’ensemble des espèces présentes sur la liste sont assimilées à des EEE. Les statuts et les espèces sont actualisés tous les deux-trois ans (la dernière étant de 2018). Cette fréquence est aussi le constat que les situations évoluent très vite, avec l’arrivée de nouvelles espèces, et aussi car on affine notre connaissance. Il nous arrive de revoir notre évaluation à la baisse, car finalement l’espèce parait comme moins envahissant qu’on le craignait et donc sa catégorisation change. Mais à l’inverse des plantes peuvent aussi voir des comportements qui évoluent pour diverses raisons (climat, introduction de nouveaux génotypes, etc.) et se révéler envahissantes après plusieurs années de présence.

Existe-t-il une stratégie régionale, et comment êtes-vous impliquée dans celle-ci ?

EL : En Pays de la Loire, le CEN ne s’est pas engagé pour l’instant sur le fait de proposer une stratégie régionale EEE. Nous aurions pu le faire, car nous en avons les capacités, mais uniquement d’un point de vue technique. Et à mon sens, une stratégie technique à l’échelle d’une région resterait au même niveau qu’une « lettre au père Noël ». Il faut là-dessus un positionnement politique, à des échelles régionales et infrarégionales pour avoir un côté vraiment opérationnel. Il me parait nécessaire que les décideurs publics déterminent le curseur, car les crédits ne sont pas illimités et il y a des priorités à donner et des choix à faire. Le réseau technique doit être mobilisé pour faire des propositions et c’est aux élus de disposer et de prendre des décisions. Un bel exemple de niveau de gouvernance, qui se fait dans la région, c’est la conditionnalité de financement qui est proposée en Vendée dans le cadre des contrats territoriaux Eau : des aides sont apportés à la gestion des EEE sous condition de mise en place de stratégies territoriales prenant appui sur la charte régionale. Depuis la sortie de la stratégie nationale, et aussi avec l’élaboration de la charte régionale, les choses semblent évoluer et dans la bonne direction.

JR : Comme évoqué, les aides pour les EEE se font rares, car la Région et l’Agence de l’eau ne financent plus ces actions. Au département, il a été proposé de mettre en place dès cette année une stratégie à l’échelle de chaque territoire de contrats territoriaux eau (CTEau). Chaque structure gémapienne, en lien avec les élus doit alors se poser les bonnes questions dans le cadre des CTEau, afin de prioriser les secteurs, les espèces et proposer des techniques alternatives aux travaux récurrents d’arrachages mécaniques. On a travaillé avec Emmanuel et le CEN PdL pour former les techniciens afin qu’ils puissent mettre en place cette stratégie sur leur territoire. C’est une nouveauté, qui je l’espère nous permettra de mieux appréhender le milieu, et de trouver une réponse en adéquation avec notre environnement. Nous avons une bonne dizaine de CTEau dans le département, et plusieurs se renouvellent donc c’était l’occasion.

EL : Pour ces formations, nous avons mis en place une méthodologie pour concevoir des stratégies territoriales multi-espèces, et apporter tout le discernement nécessaire à la mise en œuvre d’un plan d’action opérationnel. On est donc dans de l’aide à la décision, basée sur une évaluation des risques. Notre outil principal se résume en un mot : « pourquoi ». Le pourquoi étant le problème que nous devons identifier. Les plans d’action ne sont pas là pour réguler ou non une espèce, mais plutôt répondre à des problèmes et des impacts. Cette nuance a toute son importance, par exemple dans le cas de la jussie terrestre qui provoque une déprise agricole en milieu humide l’objectif ne sera plus l’éradication comme on pouvait le viser avant. La nouvelle approche que l’on propose, c’est la préservation et le maintien de l’activité d’élevage dans ces milieux. Il n’y a donc même plus le mot jussie dans l’objectif !

Comment décririez-vous votre réseau en un mot ?

FD : Je dirais « Discernement », c’est un mot qui veut dire beaucoup de chose : se poser pour réfléchir même en situation d’urgence, mettre en place des objectifs précis et des solutions proportionnées, adaptées à la situation. Un virage a été pris dans les années 2010 avec la prise de conscience qu’il fallait changer la façon de voir les invasions biologiques, les replacer dans un contexte éco-socio-systémique, les étudier comme une composante de l’état du milieu et penser la gestion au cas par cas, l’adapter au fil de l’eau et des observations, être plus pragmatiques aussi et réactifs…

JR : Ce réseau, ça fait plusieurs années déjà qu’il existe et depuis que l’animation a été reprise par le CEN PdL, je trouve que la dimension « environnementale » a pris de plus en plus d’ampleur. Mais comme je suis en plein dedans, je dirais plutôt « Stratégie » car ça représente un ensemble d’actions qui sont coordonnées et qui sont pilotées par le CEN. Pendant plusieurs années, nous étions surtout sur une échelle micro, fédéré autour de la lutte contre la jussie et aujourd’hui on arrive sur une échelle plus macro, en prenant en compte les émergentes et les plantes qui arriveront demain sur notre territoire, pour mieux leur faire face.

Sur quel(s) projet(s) travaillez-vous actuellement (ou avez-vous travaillé récemment) ?

JR : Depuis 2020, les élus du département ont souhaité que l’on travaille sur la question des écrevisses, avec des expérimentations de gestion et en améliorant les connaissances disponibles sur le territoire vendéen. On a créé récemment un groupe technique avec la fédération de pêche et le CEN PdL au sein duquel des expérimentations vont être menées, l’objectif étant de proposer un stage en lien avec nos partenaires scientifiques.

OF : Au niveau du SAH (syndicat d’aménagement hydraulique), nous revoyons présentement notre politique d’intervention. Dans les derniers CTMA (contrat territorial milieux aquatiques) nous faisions systématiquement des interventions d’arrachage classique. Avec les acteurs de terrain, nous nous sommes rendu compte que cette méthode d’actions avait ses limites et ne rendait pas service au milieu car selon les conditions météo, au bout de deux à trois mois on en revient à la même situation. Dans le nouveau contrat qui va débuter cette année, nous allons avoir une approche plus basée sur les milieux et leur capacité de résilience. C’est un nouveau virage et l’accompagnement technique dont nous bénéficions avec le réseau EEE Pays de la Loire y est primordial.

JC : On souhaiterait faire un événement pour la sortie de la Charte du réseau, et aussi pour les 20 ans du réseau qui auront lieu en 2021. Donc pourquoi ne pas combiner les deux ?

Rencontrez-vous des difficultés ou des contraintes sur certaines thématiques ?

AB : Au sein de ma structure, il y a un manque d’effectif. Je suis chargée de mission au service connaissance et nous sommes juste deux, avec ma cheffe de service. Les EEE ne représentent donc qu’une partie de nos missions et c’est un regret pour moi de ne pas pouvoir plus s’investir sur cette problématique. On retrouve aussi ce frein sur le terrain, car nous manquons de moyens.

OF : La problématique qu’on va avoir, c’est l’intégration de la problématique EEE au sein des cahiers des charges et des travaux. A l’heure actuelle, nous n’arrivons pas à en place un protocole avec les entreprises pour éviter qu’il y ait de la dissémination au travers des travaux. Cela se voit particulièrement pour les espèces émergentes. Au niveau de la Vendée, il y a une dizaine de contrats territoriaux, mais très peu d’entreprises spécialisées dans ce type de milieux. On retrouve donc les mêmes entreprises qui vont aller sur différents secteurs, du marais Poitevin au marais breton, et qui peuvent apporter avec eux de nouveaux individus et favoriser le brassage d’espèces.

FD : La thématique des plantes exotiques est aujourd’hui très bien connue des collectivités et de certains particuliers qui vont alors se tourner plutôt vers des espèces indigènes. C’est un pas en avant mais nous pensons que cela pose de nouvelles questions. Ainsi, il nous semble dangereux de laisser penser qu’il est inoffensif de planter ou semer des taxons indigènes, mais dont l’origine n’est pas tracée et potentiellement lointaine (Cornus sanguinea subsp sanguinea / australis) ou causant des ambiguïtés taxonomiques (Carex pendula/ Carex agastachys…). La mise en place et le développement d’une filière « végétal local » tenant compte des contextes phytogéographiques, est à soutenir, mais, d’une part, Les zones biogéographiques du label sont vastes et une plante indigène dans la vallée de la Loire ne l’est pas forcément dans le bocage vendéen et, d’autre part, il ne faut quand même pas oublier que la plante la plus locale est celle qui pousse spontanément et qui vient en utilisant ses propres stratégies de dispersion.

Pour finir, quel est l’aspect de votre travail que vous appréciez le plus ?

“quand il y a une bonne ambiance, on trouverait presque un côté sympa à patauger dans la vase avec ses collègues” © Photo : Olivier Renard

FD : Il y a une dynamique de groupe qui s’est enclenché avec le CEN PdL, avec la mise en place de l’animation et des dispositifs où chacun trouve sa place et participe à l’intelligence collective. Tout ça dans une forme de convivialité et de simplicité. Ça fait du bien entre techniciens de pouvoir s’exprimer et apporter sa vision des choses, mais en restant dans un contexte de travail assez cadré. Et plus personnellement, c’est le lien direct avec les gestionnaires qui sont assez avides de conseils et d’éléments pour aider leur prise de décision.

EL : J’apprécie énormément les temps terrains que nous pouvons avoir, et qui permettent de dire plus de chose qu’en salle. On met les mains de dedans, on enfile nos waders et on est sur le terrain avec les techniciens. On apprend beaucoup et ça permet de développer une relation de confiance avec les gens du réseau. On en revient à cette histoire humaine qui est au centre de cette problématique : l’Homme est à l’origine des dynamiques d’invasion biologique, il représente donc une part importante des solutions. Dans le cadre de ma mission j’estime que les leviers sont pour 30 % techniques et 70 % humains.

JR : C’est bien beau de discuter dans un bureau, mais le côté terrain est primordial. C’est un peu ce qu’a apporté le CEN PdL avec les rencontres et le partage d’expérience sur le terrain. Nous sommes un réseau très dynamique et il y a une bonne ambiance avec les techniciens, c’est toujours un plaisir de se retrouver.

OF : Les chantiers d’arrachages de jussies peuvent être très pénibles mais quand il y a une bonne ambiance, on trouverait presque un côté sympa à patauger dans la vase avec ses collègues. Et plus concrètement, le fait de pouvoir faire évoluer les prises de conscience locales sur les EEE et ne plus parler uniquement d’éradication, c’est le côté positif de ce travail. On ne pose plus l’humain au-dessus de son milieu, mais nous faisons le constat que ce milieu nous intéresse et nous mettons alors en place des actions pour le protéger.

 

Lien et ressources à partager :

Les prochaines Journées techniques en Pays de la Loire.  Pour vous inscrire, contactez directement Justine Celis : j.celis@cenpaysdelaloire.fr

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  • 13 juillet (après-midi) « découverte de l’Amorpha fruticosa » (49)
  • 9 septembre « gestion des EEE en tête de bassin versant » (72)
  • 5 octobre « gestion des renouées asiatiques » (53)
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