Lancement du Life Oxuyra ONCFS-SNPN (2018-2023) : un nouveau programme européen consacré à la gestion d’une espèce exotique envahissante

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Un rappel :
Depuis 1992, le programme européen LIFE a permis le financement de plus de 300 projets en lien avec la thématique des EEE. Parmi ces projets, plus de la moitié était exclusivement consacrée à la gestion d’une EEE, les autres proposant des actions spécifiques sur des EEE, nécessaires à l’atteinte d’objectifs plus globaux de préservation de la biodiversité. En France, une quinzaine de projets ont ainsi été financés sur la période 1992-2013. Actuellement, en métropole, deux programmes Life sont exclusivement consacrés à la préservation d’espèces autochtones contre la propagation d’EEE : le Life CROAA (depuis 2017) et le Life Oxuyra, qui vient d’être lancé.

La compétition et l’hybridation entre espèces partageant la même niche écologique et des gènes communs font partie des menaces que représentent certaines espèces exotiques envahissantes pour les espèces indigènes. Un cas tout à fait remarquable est celui de l’Érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala), espèce eurasienne en danger d’extinction, aujourd’hui uniquement présente en Europe au sud de l’Espagne, directement menacée par l’Érismature rousse (Oxyura jamaicensis), espèce originaire du continent américain. Cette dernière se montre particulièrement agressive envers les autres oiseaux d’eau qu’elle exclut de leurs territoires d’alimentation, et son hybridation avec l’Érismature à tête blanche est susceptible de conduire à la disparition de celle-ci par « dilution génétique ».

Oxyura jamaicensis - Rabattage - ONCFS JF Maillard

Tir d’Érismature rousse réalisé par un agent de l’ONCFS © JF Maillard

A partir de 9 individus importés en 1948 par un parc animalier au Royaume-Uni et dont la descendance a colonisé les milieux naturels, et peut-être à partir d’autres spécimens échappés de collections d’ornement, l’Érismature rousse a rapidement colonisé l’Europe : des individus ont été observés en Suède en 1965, en France en 1974 et en Espagne à partir de 1983, avec un important taux de croissance de sa population. En 1991, le premier cas d’hybridation avec l’Érismature à tête blanche était reporté en Espagne. Un programme d’éradication des érismatures rousses et des hybrides y a alors été immédiatement mise en place.

Une première réunion internationale ayant pour but la mise en place d’un plan global de limitation de l’expansion de l’Érismature rousse permettant de préserver l’Érismature à tête blanche a réuni 10 pays en 1993. Au Royaume-Uni, les mesures immédiatement mises en place ont permis une réduction drastique des populations : d’un effectif estimé à 6 000 individus en 2000, il ne restait que 45 individus en 2013 (GT IBMA, 2015).

En France, un programme de lutte contre cette espèce a commencé en 1997. Aujourd’hui, après 21 ans de lutte, plus de 2 000 oiseaux ont été éliminés mais la population compterait encore environ 300 individus, principalement sur le lac de Grand-Lieu (Loire-Atlantique). Un Plan national de lutte (PNL), débuté en 2015, projette l’éradication de la population en milieu naturel d’ici à 2025 et le contrôle et l’éradication de la population captive d’ici à 2030. Afin de poursuivre ces objectifs, l’ONCFS (regroupé au sein de l’OFB depuis janvier 2020) a obtenu un financement LIFE d’octobre 2018 à décembre 2023. Premier programme LIFE porté par l’ONCFS, il a comme bénéficiaire associé la Société nationale de protection de la nature (SNPN), gestionnaire de la Réserve naturelle nationale du lac de Grand-Lieu en Loire-Atlantique, site de remisage hivernal de la population d’Érismature rousse.

Le Life Oxyura annoncé à la réunion annuelle de la Convention de Berne et au comité de pilotage du Plan national de lutte, les 25 et 26 juin au siège parisien du Conseil de l’Europe © ONCFS

Ainsi, au cours des 5 prochaines années, des moyens supplémentaires, humains (4 opérateurs) et matériels seront mobilisés pour conduire cette éradication de la population résiduelle. Des outils de communication (site internet) et des actions de police seront également mis en place pour assurer à la fois le retrait de l’Érismature rousse en milieu naturel et la bonne gestion des individus détenus en captivité. Les observations ponctuelles d’Érismature rousse peuvent être signalées à l’OFB pour améliorer la détection et faciliter l’atteinte de l’objectif recherché.

Contact : Adrien Tableau, coordinateur du LIFE : adrien.tableau@ofb.gouv.fr

Rappel : l’Erismature rousse est inscrite sur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union Européenne en application du règlement européen n° 1143/2014. Sa détention est soumise à autorisation, son importation et son introduction en milieu naturel dans l’UE sont strictement interdites.

Rédaction : Claire Pernollet, ONCFS.
Relectures : Doriane Blottière et Emmanuelle Sarat, Comité français de l’UICN, Alain Dutartre, expert indépendant.

En savoir plus :

Mouronval, J-B., Maillard, J-F. & Cugnasse J-M. 2015. Plan national de lutte contre l’Érismature rousse (Oxyura jamaicensis), 2015-2025, dans le cadre de la conservation de l’Érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala). ONCFS. 105 pp.

Fiche sur l’Érismature rousse dans la base d’information du CDR EEE.

Retours d’expériences de gestion de l’Érismature rousse en France et au Royaume-Uni.

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