Le Comité français de l’UICN publie le premier état des lieux sur les espèces exotiques envahissantes marines à l’échelle des outre-mer. Sur cet enjeu beaucoup moins connu qu’en milieu terrestre, cette étude apporte les informations nécessaires pour mieux comprendre le phénomène, les conséquences sur les écosystèmes marins et littoraux, et propose des recommandations pour renforcer la prévention et l’anticipation des invasions biologiques marines.
L’état des lieux recense une soixantaine d’espèces exotiques marines dans les collectivités françaises d’outre mer, incluant des poissons, des crustacés, des mollusques, des algues, et même une espèce de corail. La grande majorité d’entre elles a été introduite accidentellement depuis d’autres régions par les eaux de ballast des navires ou en se fixant sur les coques et les ancres.
Les impacts sont préoccupants pour certaines de ces espèces introduites devenues envahissantes. Ainsi, le Poisson-lion menace l’équilibre des récifs coralliens de la Caraïbe avec des conséquences économiques négatives sur la pêche et la plante marine Halophila stipulacea tend à remplacer les herbiers sous-marins indigènes des Antilles. Autre exemple à Saint-Pierre et Miquelon, où le Crabe vert constitue une menace potentielle pour la faune locale et inquiète les professionnels de l’aquaculture.
A l’avenir, l’arrivée et l’installation de nouvelles espèces devrait se poursuivre avec le développement des activités portuaires, de la navigation de plaisance, de l’aquaculture marine et des changements environnementaux. Cela accentuera les risques de voir de nouvelles espèces devenir envahissantes.
Pour répondre aux enjeux, la surveillance des espèces exotiques marines doit être organisée dans les sites prioritaires que sont les ports d’outre-mer, les marinas, les fermes aquacoles et les aires marines protégées. La France doit accélérer la mise en œuvre des mesures prévues par la convention internationale pour le traitement des eaux de ballast des navires. Une meilleure intégration de la problématique est nécessaire dans les documents et instances de planification des activités maritimes. L’amélioration des connaissances doit également être poursuivie pour mieux comprendre les processus complexes d’invasions biologiques en mer, identifier les espèces présentes et évaluer leurs impacts. Enfin, ces actions doivent s’accompagner d’une prise de conscience de l’ensemble des acteurs et usagers de la mer des risques associés aux invasions biologiques marines et des bons gestes à adopter.
Cette étude a été réalisée par le Comité français de l’UICN dans le cadre de son initiative spécifique sur les espèces exotiques envahissantes en outre-mer. Sa réalisation a bénéficié des contributions de plus d’une quarantaine de contributeurs et du soutien de l’IFRECOR, de l’Agence française pour la biodiversité, du Ministère de la transition écologique et solidaire et du Ministère des Outre-mer.
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