Le réseau espèces exotiques envahissantes d’Europe de l’Est et du Sud (ESENIAS)

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Depuis quelques décennies, au fur et à mesure que les difficultés imputables aux EEE à l’échelle du globe sont devenues de plus en plus perceptibles, des efforts très importants ont été réalisés pour mettre en place des bases de données, des programmes de recherche et des outils de diffusions des informations recueillies sur les EEE et leur gestion.

Ce fut bien sûr le cas en Europe où différentes structures, informelles ou non, se sont progressivement installées, comme par exemple le réseau européen de recherche sur les espèces aquatiques envahissantes (ERNAIS), créé en 2002, dont a été issu un réseau infra européen, NOBANIS, qui comprenait dans un premier temps les pays nordiques pour s’appliquer ensuite plutôt en Europe centrale.

Par ailleurs le programme européen DAISIE d’inventaire des EEE portait sur les 27 États membres de l’Union européenne, d’autres états européens (Andorre, Islande, Liechtenstein, Moldavie, Monaco, Norvège, la partie européenne de la Russie, la Suisse, l’Ukraine, la partie européenne de la Turquie, les États de l’ex-Yougoslavie) et sur Israël. Les travaux engagés dans ce contexte ont montré l’existence de lacunes dans les données pour un certain nombre de pays d’Europe de l’Est et du Sud où la surveillance des EEE était peut-être moins active, avec des cas d’invasions non détectées ou non signalées.

Développement du réseau ESENIAS

Un atelier organisé par NOBANIS en 2010 en Irlande avait montré l’intérêt et les possibilités d’établir un réseau similaire dans la région des Balkans. Deux autres ateliers tenus la même année à Trabzon (Turquie) et à Zagreb (Croatie) ont souligné la nécessité d’une coopération sur les EEE au niveau régional dans les pays d’Europe de l’Est et du Sud. Cela a amené en 2011, lors d’une réunion tenue à Sofia (Bulgarie), à la création du réseau ESENIAS. Depuis, ce réseau a organisé des ateliers annuels sur différents sujets, en 2012 à Belgrade (Serbie), 2013 à Çanakkale (Turquie), 2014 à Antalya (Turquie).

Dans l’introduction du premier rapport scientifique édité en 2016 par ce réseau, Ahmet Uludag et ses collègues en présentent la démarche et le rôle dans la recherche sur les EEE et l’élaboration des politiques publiques en Europe de l’Est et du Sud.

Objectifs

Ils sont très classiques :

  • échanger et partager des informations sur les EEE ;
  • faciliter la collaboration entre les institutions et les experts dans ce territoire ;
  • établir des activités de recherche conjointes sur les EEE (publications, projets) ;
  • harmoniser le développement de la politique régionale sur les EEE ;
  • intégrer des informations sur les EEE en Europe de l’Est et du Sud dans les initiatives européennes et mondiales relatives aux EEE.

ESENIAS est actuellement composé de 12 pays participants (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Grèce, Kosovo, Macédoine, Italie, Monténégro, Roumanie, Serbie et Turquie). Deux pays (Hongrie et Slovénie) y participent en tant qu’observateurs et collaborateurs éventuels. Les pays participants sont représentés par 10 organisations gouvernementales (agences environnementales et ministères) et 11 organisations scientifiques (universités et académies).

Depuis sa création, il a participé à la mise en œuvre de deux projets de recherche. Le premier, intitulé “Changements climatiques et espèces exotiques envahissantes. Menaces croissantes sur la biodiversité et les fonctions des écosystèmes dans le lac Ohrid et son bassin versant” (en Albanie et Macédoine) a été réalisé de 2012 à 2014. Le deuxième projet a été mis en œuvre conjointement par ESENIAS et l’Association internationale pour la recherche sur le Danube sur “Menaces potentielles pour la durabilité environnementale et économique dans la région du Danube et de la mer Noire : le Danube comme corridor d’espèces exotiques envahissantes”. Il a débuté en 2012.

Rôle dans la mise en réseau et l’élaboration de politiques

Selon les auteurs de l’article, les états participants à ce réseau sont conscients des progrès réalisés au niveau européen sur cette question et du fait que les EEE sont l’un des problèmes environnementaux les plus importants en raison de l’évolution des impacts liés aux changements globaux. Leur perception croissante en tant que principal moteur de la perte de biodiversité est soulignée par un certain nombre de stratégies politiques en cours d’élaboration. Ils rappellent la mise en place de la stratégie européenne (Règlement UE n ° 1143/2014) qui concerne tous les Etats membres et dans laquelle le réseau ESENIAS peut jouer un rôle de lien avec les pays proches hors UE, y compris les pays de la mer Noire et de l’Afrique du Nord, pour élaborer et mettre en œuvre une organisation au niveau de l’UE et au-delà. Rassembler des ressources dans la région ESENIAS, des politiques et des activités de gestion des EEE avec d’autres organisations régionales, comme le Conseil de l’Europe et l’Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP), permettrait des améliorations dans ce domaine au profit des pays ESENIAS et des états proches.

Ce rôle d’ESENIAS en tant que réseau régional clé a été reconnu, notamment en lien avec l’initiative européenne EASIN (European Alien Species Information Network), où de tels réseaux jouent des rôles majeurs dans les échanges, la production et la vérification des connaissances nécessaires pour soutenir les politiques européennes et fournir d’autres conseils pour la prise de décision politique (par exemple évaluation des voies d’introduction, évaluation des impacts, options de gestion et évaluations des risques). Par ailleurs, ESENIAS a participé en 2014 à la mise en place d’un réseau similaire pour la région du Danube pour y faciliter la communication et la coopération transnationale et internationale sur les questions liées aux espèces exotiques.

Ce réseau semble très actif et les différents ateliers en sont l’illustration. Des publications rassemblant des articles rédigés par les partenaires ESENIAS sont disponibles en ligne. Le rapport scientifique de 2016 rassemble des bilans nationaux (Bulgarie, Croatie, Grèce, Hongrie, Kosovo, Monténégro, Roumanie, Serbie et Slovénie) et des synthèses à l’échelle du réseau sur les espèces marines, les plantes aquatiques d’eau douce, les plantes terrestres, les oiseaux et les mammifères.

Le septième atelier du réseau qui s’est tenu en mars 2017 à Sofia (Bulgarie) a permis environ 120 présentations, dont la moitié de posters, sur des thématiques diverses dont des monographies d’espèces, les voies d’introduction, les impacts, la prévention et la gestion. Un volume des résumés de ces présentations est disponible et les articles issus de cet atelier (28 articles de recherche, 7 articles de synthèse et 6 communications courtes) ont été publiés dans le supplément N°9 (2017) de la revue scientifique Acta Zoologica Bulgarica.

Le site Internet ESENIAS donne accès à de nombreuses informations dont des alertes sur différentes espèces exotiques, dont certaines ne sont pas cantonnées dans le territoire couvert par ce réseau.

Rédaction : Alain Dutartre (expert indépendant)
Relecture : Doriane Blottière (Comité français de l’UICN)

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