Un programme d’étude de la méduse invasive d’eau douce Craspedacusta sowerbii

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Auparavant uniquement retrouvées sous forme fossile (Gand et al. 1996), les méduses d’eau douce ont été observées pour la première fois en Europe et en Amérique du Nord au début du 19ème siècle. La méduse Craspedacusta sowerbii (Hydroméduse, Limnoméduse, Olindiidae) a été observée et décrite pour la première fois par William Sowerby en 1880 dans les bassins du Royal Botanic Garden à Londres. En France, elle a été observée pour la première fois en 1891 par M. Chiffot dans les bassins du parc de la Tête d’or à Lyon. A partir du début du 20ème siècle, le nombre de publications scientifiques rapportant des observations de C. sowerbii en France a considérablement augmenté et son aire géographique s’est largement élargie. Plus tard, cette méduse a été également recensée en Finlande, en Lituanie, au Canada ou encore en Russie.

C. sowerbii est présente dans des habitats très divers : lacs, ballastières, gravières, rivières, mares, bassins. Comme beaucoup d’espèces aquatiques, son expansion est favorisée par les migrations d’oiseaux, l’introduction de plantes aquatiques pour aquariums ou encore le réchauffement climatique. En effet, dans ce dernier cas, la récurrence d’étés chauds et plus longs favoriserait les proliférations visibles de la phase pélagique de Craspedacusta sowerbii (Lundberg & Svensson, 2005).

Morphologie et cycle de vie

Comme observé chez les Olindiidés, la forme de méduse de Craspedacusta sowerbii a une forme hémisphérique légèrement aplatie et présente une symétrie radiale avec des gonades se développant le long de quatre canaux radiaux (figure 1). Elle possède une grande cavité gastrique centrale s’ouvrant sur une bouche composée de 4 lèvres. Elle porte 4 longs bras buccaux charnus et jusqu’à 400 tentacules périphériques, disposés en plusieurs lignes pour faciliter la nage et la stabilité. Cette petite méduse ne dépasse pas 20 mm de diamètre, pèse 4 g et est composée à 99 % d’eau).

Figure 1. Morphologie de Craspedacusta sowerbii.

Figure 2. Cycle de vie de Craspedacusta sowerbii (Lankester 1880). Modifié à partir du dessin de Lytle (1982).

Le cycle de vie de Craspedacusta sowerbii présente deux modes de reproduction : une phase asexuée (stade polype benthique) et une phase sexuée (phase méduse pélagique). Le cycle de vie complet de l’œuf à la méduse libre pélagique s’effectuerait entre 34 et 51 jours (Acker et Muscat, 1976 ; Colin et Delahaye, 1995 ; Didžiulis et Żurek, 2013 ; Larambergue, 1945 ; Wang et al., 2006).

La reproduction asexuée s’effectue par bourgeonnement, où un polype (mesurant 1-2 mm) va bourgeonner pour donner soit (1) un nouveau polype pour former une colonie soit (2) des frustules qui se séparent du polype initial et qui formeront une nouvelle colonie. Les méduses immatures se développent également sur les polypes par bourgeonnement médusaire. Le bourgeon médusaire va se développer, fixé au polype. Une fois la métamorphose terminée, la méduse immature va se détacher et nager en plein eau. Le reste de sa croissance s’effectue en phase pélagique donnant lieu à des adultes pouvant mesurer jusqu’à 5 cm de diamètre.

Le stade méduse mature de Craspedacusta sowerbii est atteint lorsque les individus mesurent 9-10 mm de diamètre (Colin et Delahaye, 1995). La reproduction sexuée s’effectue par fécondation externe. Après la fécondation, les œufs fertilisés se transforment en larves planula ciliées, qui vont se fixer sur un substrat dur avant de se métamorphoser en polype et se reproduire de façon asexuée (Matthews, 1966 ; Didžiulis, 2006).

Les facteurs environnementaux déclenchant la reproduction asexuée ou sexuée de Craspedacusta sowerbii sont la température et la quantité de nourriture disponible dans le milieu (Boothroyd et al., 2002 ; Rayner, 1988 ; Slobodkin et Bossert, 1991; McClary, 1959, 1961 et 1964).

Les programme Craspe’Doubs

Phase polype de C. sowerbii

Depuis septembre 2019, le programme Craspe’Doubs (Laboratoire Chrono Environnement, Université de Franche-Comté, La Citadelle de Besançon, See The Sea Production) a pour objectif d’établir un état des lieux de la distribution de Craspedacusta sowerbii en France métropolitaine. En parallèle, la phase polype est mise en culture afin d’en étudier les paramètres déclenchant la production de méduses. Cela permettra de mieux comprendre l’écologie de cette espèce dans les eaux continentales françaises.

Au sein de ce programme, un volet d’observations participatives est mis en place. Pour signaler la présence de cette espèce, veuillez suivre ce lien.

Pour en savoir plus : contacter Guillaume Marchessaux, Laboratoire Chrono Environnement, Université de Franche-Comté. guillaume.gmarchessaux@gmail.com

Références bibiographiques

  • Acker, T. S. & Muscat A. M. 1976. The Ecology of Craspedacusta sowerbii Lankester, a Freshwater Hydrozoan. The American Midland Naturalist 95(2): 323-336.
    Boothroyd I.K.G., Etheredge M.K., Green J.D. 2002. Spatial distribution, size structure, and prey of Craspedacusta sowerbyi Lankester in a shallow New Zealand lake. Hydrobiol. 468: 23–32.
  • Colin, F. & Delahaye, P. 1995. Observation de la Méduse d’eau douce Craspedacusta sowerbyi Lank. en Eure-et-Loir. Soc. Amis Mus. Chartres Nat. Eure-et-Loir 15: 2-6.
  • Didziulis, V. 2006. NOBANIS – Invasive Alien Species Fact Sheet – Craspedacusta sowerbyi. – From : Online Database of the North European and Baltic Network on Invasive Alien Species – NOBANIS www.nobanis.org, 7 p.
  • Didziulis, V., Żurek, R. (2013): NOBANIS – Invasive Alien Species Fact Sheet – Craspedacusta sowerbii. – From: Online Database of the European Network on Invasive Alien Species – NOBANIS www.nobanis.org
  • Gand, G., Garric, J., Schneider, J., Sciau J., Walter, H. 1996. Biocénoses à méduses du Permien français (bassin de Saint-Affrique, Massif central). Geobios 29(4): 379-400.
  • Lankester. E. R. 1880. On Limnocodium (Craspedacusta sowerbii), a new Trachomedusa inhabiting freshwater. Quarterly Journal of Microscope Science 20: 351-371
  • Larambergue (de) M., 1945. Remarques sur la biologie de Craspedacusta sowerbyi Lank. à propos de l’apparition de méduses dans un aquarium à Lyon. Bull. mens. Soc. Linn. Lyon. 14(2): 13-18.
  • Lundberg, S., Svensson, J.-E., Petruzek, A. 2005. Craspedacusta invasions in Sweden. Verh. Internat. Verein. Limnol. 29: 899-902.
  • Lytle, C. F. 1982. Development of the freshwater medusa Craspedacusta sowerbii. In: Developmental biology of the freshwater invertebrates. eds. F.W. Harrison and R.R. Cowden. New York: Alan R. Liss, Inc. p 129-150.
  • McClary, A. 1959. The effects of Temperature on Growth and Reproduction in Craspedacusta sowerbii. Ecology 40(1): 158-162.
  • McClary, A. 1961 Experimental studies of bud development in Craspedacusta sowerbii. Transactions of the American Microscopical Society 80(3): 343-353.
  • McClary, A. 1964. Histological changes during regeneration of Craspedacusta sowerbii. Trans. Am. Microscope Soc. 83(3): 349- 357.
  • Matthews, D.C. 1966. A comparative study of Craspedacusta sowerbyi and Calpasoma dactyloptera life cycles. Pacific Science 20: 246-259.
  • Rayer, N. 1988. First record of Craspedacusta sowerbyi Lankester (Cnidaria: Limnomedusae) from Africa. Hydrobiologia 162: 73-77.
  • Slobodkin, L. B., P. E. Bossert., 1991. The Freshwater Cnidaria or Coelenterates in Ecology and Classification of North American Freshwater Invetebrates, J.H. Thorp and A.P. Covich (editors). Academic Press, Inc. San Diego. pp. 135-136.
  • Wang D.L., Xu S.L., Jiang H.L., Yang H. 2006. Tolerance of Craspedacusta sowerbyi x inyangensis to the stresses of some ecological factors. J. Appl. Ecol. 17: 6.
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