Vallisneria australis : une confirmation de son extension en métropole

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Des observations concomitantes durant l’été 2022 d’une espèce du genre Vallisneria aux feuilles d’une largeur inhabituelle ont été faites dans trois sites en métropole. L’analyse génétique de la plante présente dans le lac du Salagou (Hérault) avait conduit en fin d’année à la validation de l’espèce comme étant Vallisneria australis, permettant de diffuser une première information sur cette nouvelle espèce exotique (décembre 2022). Réalisée plus récemment, une deuxième validation génétique permet maintenant de confirmer l’identification de cette même espèce dans le plan d’eau de Vaivre-et-Montoille (Haute-Saône). A notre connaissance, aucune validation génétique n’a pour le moment été réalisée sur les plantes observées dans le fleuve Charente.

Dans l’information diffusée en décembre étaient signalés des développements importants de plantes aquatiques venant gêner les usages récréatifs de ce plan d’eau touristique de Haute-Saône. Par ailleurs, dans le cadre d’un programme de lutte contre les proliférations de cyanobactéries toxiques qui impactaient également ces usages, une proposition concernait l’enlèvement de ces plantes pour agir sur les stocks de nutriments (en particulier du phosphore) du plan d’eau pour aider à réduire ces proliférations. Ce qui fait que des interventions de faucardage et d’extraction des plantes ont été mises en place depuis 2015 par la Communauté d’Agglomération de Vesoul.

Lors de la dernière observation de la plante réalisée début février 2023 par Marc Vuillemenot du Conservatoire Botanique National de Franche-Comté, l’espèce formait des herbiers monospécifiques denses sur plusieurs dizaines d’hectares, répartis sur les 4/5e de la périphérie du plan d’eau. Ces développements très importants témoignent d’une présence datant certainement de plusieurs années. Le gestionnaire du plan d’eau évoque des problèmes de prolifération de plantes aquatiques depuis au moins 2015 et des photographies aériennes disponibles ne montraient en 2013 que des herbiers de macrophytes aquatiques relativement localisés et très restreints en superficie. Même s’il ne peut être garanti que Vallisneria australis était la seule espèce responsable de ces récentes colonisations végétales, puisque le Myriophylle à épis (Myriophyllum spicatum L.) y est également impliqué, elle était déjà bien présente dans les végétaux retirés en 2015 du plan d’eau, comme le montre clairement la photo insérée dans un article de la presse régionale daté du 5 octobre 2015.

Ainsi, une identification précoce de l’espèce aurait peut-être permis d’intervenir efficacement pour en empêcher la colonisation actuelle.

Par ailleurs, selon les observations du pêcheur professionnel réalisant depuis 2016 dans le plan d’eau des pêches de régulation des populations de poissons fouisseurs (carpe, brème, carassin) et du silure, participant au programme de lutte contre les cyanobactéries, des difficultés ont été rencontrées depuis l’automne 2021 pour circuler sur le plan d’eau, trouver des emplacements libres pour poser les filets, et les nettoyer en raison de leur colmatage croissant par des fragments de feuilles de vallisnérie (comm. pers. : Nicolas Stolzenberg, CONAPPED), ce qui semblerait bien correspondre à une très forte expansion de l’espèce.

C’est pourquoi, compte tenu de cette capacité d’expansion spectaculaire de Vallisneria australis, une réflexion est en cours avec le gestionnaire afin d’y gérer au mieux cette espèce exotique. Cela consisterait à chercher à réduire son emprise dans les secteurs les plus gênants pour les activités tout en évitant de la multiplier et de la disperser davantage dans le lac. Un essai d’arrachage a été réalisé en avril 2023, en parcourant les zones accessibles à pied (profondeur inférieure à 1,2 m) et en cherchant à extraire, grâce à des râteaux, les touffes et les stolons de vallisnérie. Les résultats sont peu encourageants, en termes de rendements et d’efficacité. En effet, la turbidité de l’eau, rapidement provoquée par l’arrachage au râteau, empêche une extraction exhaustive de l’espèce. Par ailleurs, une vigilance extrême doit être accordée à ne surtout pas disséminer accidentellement cette plante depuis ce plan d’eau, qui est une eau close, vers les cours d’eau proches, dont le Durgeon qui le borde au plus près.

 

Rédaction : Marc Vuillemenot, CBNFC-ORI et Alain Dutartre, expert indépendant

Photographie : Communauté d’Agglomération de Vesoul

 

La transmission de l’information de décembre sur la présence de cette nouvelle espèce en milieu naturel en France à l’Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP) a conduit son groupe d’experts à l’ajouter à sa liste d’alerte. En effet, ce comportement envahissant signalé pour cette espèce connue dans la région OEPP depuis les années 1800 amène ce groupe d’experts à rechercher des informations supplémentaires sur toute autre présence de V. australis et sur les impacts environnementaux et économiques qu’elle pourrait engendrer. L’alerte comporte un bilan des connaissances sur cette espèce (en langue anglaise) : https://gd.eppo.int/reporting/article-7605.
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