Depuis sa création en 2008, le GT IBMA a développé des échanges avec différents partenaires aux échelles européennes et internationales. D’abord présentés lors de diverses manifestations internationales, les travaux du groupe bénéficient d’une plus large valorisation depuis 2015, avec la traduction en langue anglaise de ces principales productions, puis en 2017 avec la rédaction d’un article scientifique dans une revue internationale, Management of Biological Invasions.
C’est cet exercice très particulier de rédaction de cet article qui a incité la coordination du GT IBMA à réexaminer le fonctionnement et les réalisations du groupe pour tenter de les analyser et de les éclairer sous un nouvel angle. En effet, presque 10 ans après sa création, comment évaluer les fruits des échanges et réflexions issus du GT ? Quelle expertise ont développé collectivement ses membres, et par quels moyens ? Comment évaluer le rôle du groupe dans les améliorations de certaines pratiques de gestion ? Quelle place peut prendre le GT IBMA au sein de la communauté internationale de la gestion des EEE ?
Alimenté par de riches réflexions, l’exercice de formalisation des résultats et de soumission à des pairs de cet article scientifique nous a permis de montrer que le GT IBMA répond à de nombreuses recommandations internationales et à de nombreux besoins exprimés par les acteurs de la recherche et de la gestion : l’émergence et la valorisation de l’expertise détenue par les gestionnaires, l’amélioration de la collecte de données sur la gestion, l’accès libre à une information scientifique synthétisée, la mise en réseau et le transfert d’information entre chercheurs, gestionnaires et décideurs. Cet exercice nous a également permis de conforter l’utilité et les bénéfices des outils de transfert d’information, de partage d’expérience et de mise en réseau développés par le GT IBMA depuis sa création.
Ces atouts, maintenant bien argumentés, ne manqueront pas d’accompagner le GT IBMA dans ses évolutions futures, pour le conforter dans son rôle et lui permettre de poursuivre sa contribution à l’amélioration de la gestion des milieux naturels sur notre territoire.
” – Est-ce qu’on sait ce qu’on fait, et pourquoi ?
– Non.
– Est-ce que c’est gênant ?
– On élaborera ça au fur et à mesure. Laissons notre pratique informer
la doctrine, cela garantira la précision de notre cohérence théorique. “
(Edward Abbey, “Le gang de la clé à molette”, 2017.
Collection Totem, N° 69, Editions Gallmeister, traduction de Jacques Mailhos.
Edition originale “The monkey wrench gang”, 1975)
La démarche IBMA au-delà des frontières nationales
Depuis la création du groupe
Depuis sa création en 2008, le GT IBMA a régulièrement tissé des liens et développé des échanges avec différents partenaires et interlocuteurs aux échelles européennes et internationales. Les participations à divers évènements (ateliers internationaux OEPP, programmes européens COST et PRATIQUE, etc.), conférences internationales (Neobiota, EWRS, FINS, etc.)) ont permis de faire connaître les activités de ce groupe de travail français mais ont également été le moyen pour constituer progressivement un réseau de personnes ressources à l’échelle supranationale. Les interventions d’une représentante de la Commission européenne et de collègues britanniques lors du séminaire IBMA organisé en 2010 marquaient déjà une volonté d’ouverture à l’Europe. A partir de 2014, la rédaction de différents retours d’expériences de gestion menées en Europe et à l’international, comme les panoramas européens et internationaux menés en collaboration avec l’OIEau, ont également participé à ces échanges internationaux et permis une valorisation des travaux menés par les pays voisins.
A partir de 2015, une forte accélération
La valorisation des travaux du GT IBMA à l’international s’est accélérée à partir de 2015. La publication des deux volumes du guide pratique de gestion « Les espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques : connaissances pratiques et expériences de gestion » et leur traduction intégrale en langue anglaise, parue en octobre 2016 et envoyée à plus de 200 destinataires du monde entier, sont pour beaucoup dans cette accélération. Le second volume du guide rassemblant plus de 70 retours d’expériences concrètes de gestion portant sur les espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques constitue en effet un outil unique en son genre qui intéresse bon nombre d’acteurs confrontés aux invasions biologiques au-delà du territoire français. En aout 2017, moins d’un an après sa parution, la traduction du recueil a ainsi été téléchargée près de 1 000 fois et les pages anglaises du site internet IBMA consultées plus de 4 200 fois.
En 2016, une présentation du groupe dans un colloque international
Sur la recommandation de collègues européens déjà bien informés des travaux du groupe, la coordination du GT IBMA a été conviée à présenter en séance plénière les travaux du groupe et à co-animer un atelier sur les bonnes pratiques et la biosécurité lors de la conférence européenne « FINS II : Freshwater invasives : networking for strategy ». Cette conférence, organisée en Croatie en juillet 2016 par l’Université de Zagreb et l’European Inland Fisheries and Aquaculture Advisory Commission (EIFAAC) faisait suite à une première conférence sur la même thématique organisée en Irlande en 2013 (FINS I), à laquelle la coordination du GT IBMA avait participé. L’objectif de FINS II était d’identifier collectivement 10 menaces et 10 opportunités qui devraient être prioritairement traitées dans la mise en œuvre du règlement européen 1143/2014.
En 2017, rédaction d’articles dans une revue internationale
La valorisation des résultats de cette conférence a amené le GT IBMA à participer à la rédaction d’un article collectif réunissant une trentaine de participants au colloque « Tackling invasive species in Europe II : threats and opportunities until 2020 » mais surtout à rédiger un article spécifique sur les réalisations et perspectives du GT IBMA « A French working group on biological invasions in aquatic environements : towards an improvement of knowledge and management of freshwater invasive alien species ». Ces deux articles figurent dans le volume 8, N°3 de la revue internationale, Management of Biological Invasions, et ont été mis en ligne en septembre 2017.
Elargir le regard sur le groupe ?
Une rédaction comme une remise en perspective ?
C’est l’exercice très particulier de rédaction de ce second article qui a incité la coordination du GT IBMA à réexaminer le fonctionnement et les réalisations du GT IBMA pour tenter de les analyser et de les éclairer sous un nouvel angle. D’abord structurée dans la continuité des textes de présentation classique du GT IBMA, la première version de l’article exposait le fonctionnement et les objectifs du groupe, ses principales réalisations et quelques courtes perspectives. Management of biological invasions étant une revue scientifique internationale, les différents relecteurs anonymes ont notamment demandé de recontextualiser les travaux du GT IBMA par rapport à des démarches engagées dans d’autres pays, voire même à l’échelle internationale, de préciser la nature et le rôle des membres du GT, mais aussi d’expliciter les bénéfices obtenus pour la gestion des EEE en France. Pour répondre à ces exigences, une importante recherche bibliographique complémentaire a donc été menée, et qui a eu pour conséquence directe une certaine prise de recul permettant de compléter de manière satisfaisante la rédaction de cet article.
La naissance et l’évolution du groupe
Près de 10 ans après sa création, un rappel sur ce point est sans doute utile. D’un strict point de vue organisationnel, la mise en place du groupe est la conséquence directe de la création de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) en 2007 et de l’élaboration d’une convention cadre avec le Cemagref (aujourd’hui Irstea) : dans les propositions thématiques recevables dans ce contexte de programmation inter-organisme figuraient les espèces invasives.
La proposition d’un projet de recherche aurait sans doute été une réponse plus classique dans un tel contexte mais l’analyse de la situation qui a été conduite à ce moment sur cette thématique et les besoins primordiaux en matière de gestion de ces espèces a débouché sur la proposition de création d’un groupe de travail. En effet, depuis plusieurs années, un accroissement régulier des difficultés de gestion de certaines de ces espèces en milieux aquatiques et des demandes d’aide de plus en plus fréquentes de gestionnaires à leur propos était constaté. Ces demandes se sont heureusement trouvées assez rapidement accompagnées de la mise en place de groupes de travail infranationaux permettant de leur répondre et de les aider. Ces groupes, dont les premiers installés en région Pays de la Loire et à l’échelle du bassin Loire-Bretagne dès le début des années 2000, ont pu progressivement jouer un rôle efficace dans l’amélioration des pratiques de gestion de ces espèces dans ces milieux. Ils se sont multipliés sur une grande partie de la métropole où ils continuent à jouer des rôles très importants de coordination et d’amélioration des pratiques de gestion.
Toutefois, hormis un programme de recherche spécifique sur ces espèces, le programme INVABIO financé entre 2003 et 2006 par le Ministère chargé de l’Environnement, qui avait permis de développer une trentaine de projets sur la flore et la faune invasive, et dont une part intégrait recherche et gestion, aucune organisation nationale sur la gestion de ces espèces n’était à l’époque en place. Il n’existait ni stratégie nationale ni, bien sûr, de règlement européen, et les besoins devenant urgents en termes de coordination et d’échanges d’informations sur les EEE et leur gestion à l’échelle de la métropole n’étaient donc pas satisfaits. La seule initiative existante alors à l’échelle nationale était celle pilotée depuis 2005 par le Comité français de l’UICN dans les collectivités d’outre-mer.
C’est pourquoi la proposition faite dans le cadre de cette programmation inter-organismes a été celle de la mise en place d’un groupe de travail spécifique sur la gestion des invasions biologiques en milieux aquatiques en métropole, devant réunir toutes les parties prenantes de cette gestion, c’est-à-dire gestionnaires, institutionnels et chercheurs. Le GT a donc vu le jour début 2008 grâce à une première convention Onema-Irstea d’une durée de 3 ans. Assez rapidement, les différentes parties prenantes de la gestion ont été représentées par des membres au sein du GT, les besoins ont été identifiés et les premiers programmes d’actions proposés.
Mais presque 10 ans plus tard, quels sont les fruits de ces échanges et réflexions ? Quelle expertise ont collectivement développé les membres du GT IBMA, et par quels moyens ? Est-il possible d’évaluer concrètement les améliorations de certaines pratiques de gestion apportées par les réflexions et les actions du groupe de travail ? Quelles améliorations restent nécessaires ? Et enfin, quelle place peut prendre le GT IBMA avec ses objectifs et son mode de fonctionnement au sein de la communauté internationale de gestion des EEE ?
L’émergence et la valorisation de l’expertise détenue par les gestionnaires
Il s’avère qu’au-delà de la simple production d’outils d’appui à la gestion, le GT IBMA a également permis de contribuer à l’émergence et de valoriser une expertise détenue par différents gestionnaires d’espaces naturels. Les connaissances sur la gestion des EEE qu’ils détiennent sont difficiles à collecter de manière systématique et demeurent souvent méconnues jusqu’à ce qu’elles soient présentées lors d’échanges pragmatiques spécifiques. Grâce à ses échanges réguliers entre membres (réunions, liste de discussion) sans distinction d’appartenance a priori à l’une ou l’autre partie prenante, et grâce également à la co-rédaction de retours d’expériences de gestion détaillés avec ces acteurs de terrain, le GT IBMA a créé une large ouverture de réseau permettant à cette expertise géographiquement fragmentée d’être mieux valorisée et reconnue. Cette démarche de partage d’expérience répond à des besoins maintenant bien identifiés à l’échelle internationale, proposant ainsi une source d’informations opérationnelles plus complète et efficace pour les gestionnaires et constituant une première étape de la collecte de données concrètes plus précises sur les interventions de gestion.
L’amélioration de la collecte d’information et de données sur la gestion
Les échanges et partages d’expérience qui ont régulièrement eu lieu au sein du GT IBMA ont également été un moyen d’identifier des lacunes et/ou des améliorations possibles dans les pratiques de gestion et dans les connaissances techniques et scientifiques associées. En rédigeant des retours d’expérience de gestion, les gestionnaires d’espaces naturels, accompagnés par la coordination du GT IBMA, pouvaient identifier plus clairement les données et informations qui n’avaient pas toujours été collectées durant les interventions, comme par exemple des données quantitatives, le coût des opérations et le suivi sur le moyen-terme. Elles sont pourtant indispensables pour évaluer les opérations, faciliter leur justification auprès des interlocuteurs financiers, ou encore réorienter leurs objectifs et adapter les techniques de gestion. L’évolution au fil du temps de ce recueil systématique de données sur les interventions a également permis une amélioration des pratiques, de contribuer à l’élaboration de plans de gestion mieux adaptés au contexte local et de rassembler de nombreuses données sur les interventions pouvant être ultérieurement analysées et évaluées de manière plus efficace et pertinente.
L’accès libre à une information scientifique synthétisée
A l’échelle internationale, il a été largement constaté que les communautés de gestionnaires et de décideurs sont plus enclines à utiliser de l’information scientifique sur les EEE à partir de supports qui leur sont spécifiquement destinés et adressés, plutôt qu’à partir d’articles de recherche publiées dans des revues scientifiques. Ce choix est partiellement lié à un manque de temps pour rechercher ces articles à la diffusion très spécifique dans les circuits éditoriaux de recherche, mais aussi, lors de leur lecture, à la plus ou moins grande facilité pour extraire, au sein des informations qui y figurent, orientées vers la valorisation des résultats des recherches menées, des enseignements directement utiles pour leurs démarches de gestion. En France, la langue anglaise constitue également une barrière supplémentaire pour certains de ces acteurs qui peuvent se décourager face à des documents présentant des résultats de recherche dans une terminologie spécifique. En proposant dès 2012 en libre accès des documents synthétisés et des outils spécifiques sur son site internet, le GT IBMA a permis de répondre à une demande importante. Les améliorations permanentes du site internet, la création de nouveaux outils d’accès à l’information comme la base d’informations sur plus de 450 espèces, les cartographies dynamiques ou encore la lettre d’information bimestrielle en ont fait une plateforme nationale reconnue, comme en témoignent les données de fréquentation en permanente augmentation. Elle servira d’ailleurs de base fonctionnelle au futur centre national de ressources sur les espèces exotiques envahissantes, dans le cadre de la stratégie nationale relative aux EEE récemment proposée.
Le réseau met en réseau
La communauté IBMA regroupe donc actuellement toutes les parties-prenantes de la gestion des EEE en milieux aquatiques et humides, depuis les « producteurs de connaissances scientifiques » jusqu’aux « interlocuteurs de terrain ». Cela permet des échanges réguliers, une meilleure compréhension des besoins et attentes de chacun, et aussi de rompre les barrières entre chercheurs, gestionnaires et décideurs (le fameux « knowing-doing gap », écart de connaissance et de compréhension, souvent cité dans les articles internationaux sur le sujet). Les réunions annuelles du GT permettent à cette communauté de se rencontrer, d’autant plus dans leur formule « délocalisée » nouvellement organisée en région durant deux jours, permettant ainsi d’aller sur le terrain à la rencontre d’acteurs locaux. Mais d’autres évènements, organisés par le GT (comme le premier séminaire national sur les EEE en milieux aquatiques, qui avait regroupé 180 participants en 2010) ou dans lesquels il a fortement été impliqué (assises nationales sur les EEE organisées par le Comité français de l’UICN en 2014 par exemple) ont été autant de moments privilégiés pour rassembler ces parties prenantes, faire émerger des besoins, proposer des recommandations et/ou créer de nouvelles synergies. Le GT IBMA a également servi de « catalyseur » à certains projets, comme le LIFE CROAA (consacré à deux espèces d’amphibiens invasifs), en facilitant les rencontres et les réunions des différentes structures confrontées à des problématiques communes. Enfin, depuis sa création, le GT IBMA accorde une attention particulière aux nombreux groupes de travail territoriaux, en participant autant que possible à leurs réunions, à leurs travaux, en contribuant à orienter certaines de leurs réflexions, en leur apportant un regard extérieur et en participant à la valorisation et la diffusion des résultats de leurs travaux. Tout cela conduit à un réseau effectif qui va bien au-delà des 60 membres du GT IBMA, constituant un second cercle d’acteurs potentiels beaucoup plus large dépassant actuellement un millier de personnes.
Reconnecter chercheurs, gestionnaires et décideurs mais aussi chercheurs de différentes disciplines
Malgré les progrès continuellement observés dans les pratiques de gestion des EEE, des améliorations restent toujours nécessaires. Ce constat est partagé par les différents experts et groupes de travail, toutes échelles confondues. Le transfert d’information devrait s’opérer de manière permanente entre chercheurs, gestionnaires et décideurs et la coopération reste constamment à améliorer. Le GT IBMA s’est toujours attaché à rompre l’isolement de ces différentes parties prenantes, à tenter de réduire les écarts de compréhension qui subsistent et a encouragé l’émergence de projets de recherche appliquée, intégrant concrètement recherche et gestion. De tels projets de recherche restent cependant toujours très minoritaires (par exemple, ils ne représentaient qu’un tiers de projets effectivement financés par le programme INVABIO lancé en 2003, alors que les attendus de son appel d’offre citaient explicitement cet objectif appliqué). La recherche appliquée souffre d’un manque notable de financement mais aussi d’un certain manque d’intérêt ou d’implication de la part des chercheurs, les résultats de recherches fondamentales leur permettant d’accéder plus facilement à la publication dans des revues à facteur d’impact important et donc de mieux valoriser leurs travaux.
Le GT devrait ainsi s’impliquer plus fortement pour appuyer l’émergence de programmes de recherche appliquée et développer son rôle de plateforme de dialogue entre les mondes de la recherche, de la gestion et des financements. Enfin, les invasions biologiques et leur gestion sont structurellement liées à des phénomènes culturels et socio-économiques qui ne peuvent être négligés. En particulier, des efforts importants pour rassembler des chercheurs de différentes disciplines des sciences humaines et sociales restent nécessaires. Même si certains membres du GT IBMA ont été impliqués dans des projets de recherche interdisciplinaire au cours du programme INVABIO et ont permis l’émergence de réflexions socio-culturelles sur la gestion des EEE en France, le GT manque encore cruellement de représentants de ces disciplines, incluant l’économie. Il devra donc veiller à améliorer cette représentation et à mieux intégrer ces enjeux dans ces futurs travaux et réflexions.
Et l’international dans tout ça ?
En analysant la bibliographie internationale sur la synthèse, le transfert d’informations et le partage d’expériences sur la gestion des EEE, mais aussi sur les barrières entre recherche et gestion, les besoins de dialogue permanent entre toutes les parties prenantes de la gestion, etc., il s’avère que le GT IBMA, dans sa démarche pragmatique pourtant dépourvue à son origine d’une telle ambition, répond en fait à une grande part des besoins de gestion des EEE clairement identifiés par la communauté internationale. Cependant, jusqu’à présent, la France n’avait pas été bien représentée dans cette communauté. Par exemple, dans un article de début 2016 par Lucy et ses collègues proposant la création d’une association internationale pour l’accès libre aux connaissances sur les EEE, aucune initiative française n’était citée dans la liste d’initiatives pouvant alimenter ce nouveau réseau. La barrière de la langue y est sans doute pour quelque chose : à la date de cette analyse de la situation, le GT IBMA ne disposait pas encore de documents publiés en anglais sur des supports visibles internationalement, ni de base d’informations fonctionnelle. Quoi qu’il en soit, le GT a depuis commencé de combler ce manque de visibilité et va continuer de développer des liens avec les acteurs internationaux et de publier des documents en langue anglaise. Il ne manquera pas, par exemple, de se manifester auprès de l’association INVASIVESNET proposée par Lucy et ses collègues.
En guise de conclusion : être soumis à des critiques pour toujours mieux avancer (et faire un pas de plus ?)
Rédiger un article à caractère scientifique et le soumettre à ses pairs reste un exercice relativement difficile, d’autant plus lorsqu’il s’agit de résultats quelquefois non directement quantifiables, issus d’une longue démarche de construction de relations humaines, de partage d’informations et de valorisation d’une expertise précieuse et diversifiée mais encore peu exploitée. Cet exercice est d’autant plus complexe lorsque que l’on n’appartient pas (ou plus) au monde de la recherche et que la démarche rédactionnelle spécifique inhérente aux publications internationales ne nous est pas (ou plus) familière. Néanmoins, la nécessaire prise de recul induite par les critiques des relecteurs anonymes et destinée à répondre à leurs demandes d’explications et de compléments d’informations a obligé à ré-analyser objectifs, démarche et déroulement des activités du groupe au fil du temps.
Alimenté par de riches réflexions, cet effort de formalisation améliorée et plus explicite de l’article, destiné à mieux présenter les intérêts et les réussites du GT, nous a permis de montrer que les objectifs et sont fonctionnement sont en phase avec de nombreuses recommandations internationales et que ses actions répondent à nombre des besoins exprimés par les communautés internationales de recherche et de gestion des EEE. Il a aussi permis de mieux formaliser l’expertise détenue par les gestionnaires d’espaces naturels sur la gestion des EEE, de décrire plus clairement le processus de valorisation de cette expertise, et surtout de témoigner des améliorations des pratiques de gestion qui en découlent. Il a également conforté les évaluations que nous pouvons faire de l’utilité et des bénéfices des outils de transfert d’informations, de partage d’expériences, de mise à disposition de documents de synthèse et de mise en réseau développés par le GT IBMA depuis sa création.
Cette prise de recul nous permet également de justifier et de mieux défendre le fonctionnement actuel du GT IBMA, coordonné conjointement par un établissement public et une association, disposant d’une équipe de coordination dédiée, et permettant des discussions ouvertes au sein d’une communauté conviviale et originale, en accroissement numérique régulier, regroupant gestionnaires, chercheurs et institutionnels. Autant d’atouts maintenant bien argumentés qui ne manqueront pas d’accompagner le GT IBMA dans ses évolutions futures pour le conforter dans son rôle et lui permettre de poursuivre sa contribution à l’amélioration de la gestion des milieux naturels sur notre territoire.
Emmanuelle Sarat, Alain Dutartre, octobre 2017
Voir Delage D., Petit, K et Blachard, Q. 2014. Les stratégies de pays européens vis-à-vis des espèces exotiques envahissantes en milieux aquatiques – Synthèse documentaire. Office international de l’eau. 127 pp. et Delage, D., 2017. Valorisation socio-économique des espèces exotiques envahissantes comme outil de gestion – panorama d’expériences menées dans le monde (Rapport d’étape). Office international de l’eau.
Actions et publications internationales du groupe
2009Jornadas sobre Especies Dulceacuícolas Invasoras en la Península Ibérica (Symposium on non-native freshwater species introduction in the Iberian Peninsula) Université de Navarre, Pampelune (Espagne), 12 et 13 novembre 2009 (Participation Emilie Mazaubert). |
2010Atelier d’Analyse de Risque Phytosanitaire pour experts francophones. 9 au 11 février 2010, Hammamet (Tunisie) Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la protection des plantes (Participation Emilie Mazaubert).
2nd International Workshop, Invasive Plants in the Mediterranean Type Regions of the World. 2 – 6 août 2010, Trabzon (Turquie) (Participation Emilie Mazaubert).
Séminaire “Espèces invasives : quelle gestion des dans les milieux aquatiques ?” 12-14 octobre (Paris) Actes édités dans un numéro spécial de la revue Sciences, Eaux et Territoires d’Irstea. 21 articles dont un présentant l’exemple du Royaume Uni. |
20113rd International Symposium on Weeds and Invasive Plants (EWRS), 2-7 octobre 2011, Ascona (Suisse) (Participation Emilie Mazaubert).
Article : Mazaubert E., Dutartre A., Poulet N., 2011. First result of a French survey on invasive aquatic plants. In “Proceedings 3rd International Symposium on Weeds and Invasive Plants”, 6 p. |
20127th European Conference on Biological Invasions (European Working Group on Biological Invasions, NEOBIOTA), 12 – 14 septembre 2012, Pontevedra (Espagne) (participation Emilie Mazaubert). Présentation d’un poster : Works and projects of the French Working Group “Biological Invasions in Aquatic Environments” (Emilie Mazaubert, Alain Dutartre, Nicolas Poulet) |
2013Freshwater Invasives: Networking for Strategy, 8 – 11 avril 2013, Galway (Irlande) (Participation Emilie Mazaubert). Présentation d’un poster : French Working Group “Biological Invasions in Aquatic Environments” (Emilie Mazaubert, Alain Dutartre, Nicolas Poulet) |
20144th International Symposium on Weeds and Invasive Plants. 18-23 mai 2014 (EWRS), Montpellier, France (Participation Emmanuelle Sarat). Présentation de deux posters : « A French working group on biological invasions in Aquatic Environments » (Emmanuelle Sarat, Yohann Soubeyran, Alain Dutartre, Nicolas Poulet) et « Invasive plant management coordination in France : role of territorial working groups » (Alain Dutartre, Roland Matrat, Stéphanie Hudin, Isabelle Laroche et Emmanuelle Sarat) |
2015Invasive species in the Mediterranean, Watch Letter n°33 – June 2015, 110 p. Article : |
2016Conférence internationale « Freshwater invasives: networking for strategy », Croatie, 12-15 juillet 2016 (Participation Emmanuelle Sarat).
Atelier européen « Making a difference in invasion biology : improving links between researchers, policy and practice », 15-16 novembre, Marseille (Participation Emmanuelle Sarat).
Publication en langue anglaise des deux volumes “Les espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques : connaissances pratiques et expériences de gestion”
Publication en langue anglaise de 12 retours d’expériences de gestion :
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2017Publication d’un article scientifique dans la revue internationale “Management of Biological invasions” :
Participation à la rédaction d’un article collectif scientifique publié dans la revue internationale “Management of Biological invasions” :
Participation au panel d’experts constitué dans le cadre du Programme What works in conservation 2017 de Conservation Evidence (Université de Cambridge) : évaluation de l’efficacité des mesures de gestion pour 4 espèces de Flore (Hydrocotyle fausse-renoncule, jussies, Lysichiton et Crassule de Helms) et 6 espèces de Faune (Gammares, Corbicule asiatique, Ecrevisse de Louisiane, Gobies ponto-caspiens, Poisson-chat, Trachémys à tempes rouges et Grenouille taureau). Traduction en langue anglaise de 5 retours d’expériences de gestion (traduction en cours de 4 retours supplémentaires) :
Programme Interreg France-Wallonie-Vlandereren « Transf’eau »: réseau transfrontalier pour l’eau – Des exotiques dans nos rivières – 24 octobre, Libramont, Belgique
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