Parmi les six catégories récompensées lors de la remise de la deuxième édition des prix du Génie écologique, à Paris le 5 novembre, se trouvait celle intitulée “Lutte contre les espèces envahissantes“. Organisée par l’Association fédérative des acteurs de l’Ingénierie et du génie écologiques (A-IGEco), le Centre de ressources génie écologique de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et la Direction de l’Eau de la Biodiversité (DEB) du Ministère de la Transition écologique et solidaire, cette journée consacrée au “génie écologique au service de la reconquête de la biodiversité” a été l’occasion de nombreux échanges illustrant les plus-values écologiques des opérations récompensées. Des informations sur l’ensemble des projets récompensés sont disponibles sur le site du Centre de ressource sur le génie écologique.
Un prix amplement mérité
Le projet lauréat de la catégorie qui nous concerne s’intitule “Mobilisons-nous pour la Ria, ensemble contre le Baccharis“. La forte colonisation des prés salés d’intérêt communautaire de La Ria d’Etel, site Natura 2000 breton, par le Séneçon en arbre (Baccharis halimifolia) a conduit depuis 2010 à des interventions d’arrachage sous l’égide du Syndicat mixte de la Ria d’Etel.
Ces interventions avaient fait l’objet d’un bilan très complet figurant dans le second volume de retours d’expérience du guide de gestion des EEE édité durant l’été 2018 par l’Agence Française de Biodiversité. Rédigé en 2015, ce bilan faisait état d’un certain essoufflement des interventions et signalait la mise en place d’un partenariat entre deux acteurs locaux pour ancrer les actions dans une véritable démarche de développement durable : l’Association Al’Terre Breizh et le Syndicat Mixte de la Ria d’Etel.
C’est donc le programme d’actions d’une durée de 3 ans (2017 – 2019) organisé à l’échelle du site Natura 2000 de la Ria, s’appuyant sur les résultats des interventions antérieures, sur un réseau de partenaires et de relais locaux et présentant les résultats obtenus en 2017, qui a fait l’objet de la candidature de ce programme de gestion et a été récompensé. La présentation en a été faite par Valérie RIVIER de l’Association Al’Terre Breizh et Charlotte IZARD du Syndicat Mixte de la Ria d’Etel.
Les raisons de ce choix
Ce qui a positivement marqué l’ensemble du jury et conduit son choix est la démarche globale très mobilisatrice de ce programme, considérée comme en pleine conformité avec les attentes de l’appel de candidatures, notamment sur les liens avec les principes de l’ingénierie écologique, le partenariat entre gestionnaires et recherche, la vision intégrée des enjeux et des évaluations des gains écologiques.
Un des intérêts complémentaires importants du prix obtenu par ce programme est qu’il valorise explicitement une démarche engagée sur du long terme, fondée sur une organisation collective qui s’est construite malgré les difficultés rencontrées, voire même à cause d’elles, en obligeant les intervenants à s’adapter, à s’adjoindre de nouveaux appuis, en particulier en matière de recherche, pour poursuivre leur action.
Dans une optique d’un “vivre avec” qui s’impose de plus en plus dans différentes situations à propos de nos relations avec les EEE, nous obligeant à mener des interventions de manière non définie ou non prévisible dans le temps, mais sans désespérer ni lâcher prise, quel excellent exemple d’efficacité et de persévérance !
Il est d’ailleurs à noter qu’un stage de Master 2 d’écologie ou école d’ingénieur dans le domaine de l’environnement avec pour objectif d’évaluer l’efficacité et la pérennité des opérations d’arrachage et d’aider à la mise à jour de la stratégie opérationnelle en cours est proposé pour 2019. Il sera accueilli par l’Université de Bretagne Occidentale (Brest) en partenariat avec le Syndicat Mixte de la Ria d’Etel et l’association Al’Terre Breizh, en co-encadrement entre ces trois partenaires.
Une proposition et un espoir concernant cette catégorie pour les futurs prix….
Lors de l’introduction précédant la remise du prix, au nom des jurés de cette catégorie, j’ai tenu à informer les personnes présentes d’une proposition et d’un espoir la concernant. La proposition était de remplacer dans l’intitulé de la catégorie le terme de “lutte” par celui de “gestion”, terme nous semblant mieux correspondre à l’esprit des démarches de génie écologique et du “vivre avec les EEE”. L’espoir exprimé est que, dans les années à venir, le jury de cette catégorie se trouve devant un plus grand nombre de projets à analyser et donc plus de difficultés à faire un choix parmi eux.
Alors que la première édition de ce prix datait de 2014, il est envisagé que les prochaines se déroulent tous les deux ans : nous vous donnons donc rendez-vous en 2020 pour un prochain concours.
Rédaction : Alain Dutartre
Relectures : Doriane Blottière et Emmanuelle Sarat, Comité français de l’UICN
- Pour en savoir plus :
Déroulé de la journée sur twitter : https://twitter.com/i/moments/1059890011800264704
Prix du génie écologique : https://www.lemoniteur.fr/article/podium-prometteur-pour-le-genie-ecologique.2002339
http://a-igeco.fr/remise-du-prix-national-2018-du-genie-ecologique/
Retour d’expérience sur les actions de gestion du baccharis engagées sur la Ria d’Etel - Centre de ressources Génie écologique