Contexte et objectifs des journées
Les espèces exotiques envahissantes sont reconnues comme l’une des cinq principales causes de l’érosion de la biodiversité à l’échelle mondiale. Par leurs multiples impacts, elles menacent les espèces indigènes, les habitats naturels et les services rendus par les écosystèmes, mais également les activités économiques et la santé humaine.
Tous les pays sont aujourd’hui confrontés aux invasions biologiques et nombreux sont ceux qui partagent les mêmes espèces problématiques et les mêmes difficultés de prévention et de gestion. La coopération transfrontalière offre des opportunités pour accélérer la production et la diffusion des connaissances, pour mutualiser des méthodologies et réduire les coûts liés à leur développement, pour faciliter le transfert de compétences et de technologies, et initier ou faire avancer des programmes locaux relatifs aux invasions biologiques.
Cependant, ces possibilités de coopération semblent encore peu exploitées par les acteurs francophones engagés sur la thématique des EEE, alors qu’avec 300 millions de personnes dans le monde, la francophonie pourrait pourtant y représenter un important moteur de dynamique. C’est dans ce contexte que le Centre de ressources Espèces exotiques envahissantes a organisé du 16 au 18 juin à Montpellier les premières journées d’échanges techniques rassemblant des acteurs francophones confrontés aux EEE.
Rassemblant 56 participants francophones de 11 nationalités différentes (France et ses outre-mer, Belgique, Luxembourg, Suisse, Italie, Tunisie, Cameroun, Algérie, Bénin, Sénégal, Canada) ces journées visaient ainsi à réunir une communauté d’acteurs francophones autour du sujet des EEE, à favoriser le partage d’expériences, le transfert de bonnes pratiques et savoir-faire, et à contribuer au développement de la coopération au sein de la francophonie pour répondre aux enjeux posés par ces espèces.
Le fil rouge de cet évènement était la mise en œuvre de la cible 6 du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal : Éviter, limiter, réduire ou atténuer les incidences des espèces exotiques envahissantes sur la biodiversité et les services écosystémiques en :
- Identifiant et en contrôlant leurs voies d’introduction,
- Empêchant l’introduction et la propagation des principales espèces exotiques envahissantes,
- Réduisant de moitié au moins les taux d’introduction et de propagation des autres espèces exotiques envahissantes connues ou potentielles d’ici à 2030,
- Eradiquant ou en contrôlant les espèces exotiques envahissantes, en particulier dans les zones prioritaires, notamment dans les îles.
Une partie des participants aux journées d’échanges techniques francophones.
Retour sur les deux journées en salle
Les journées ont commencé par une matinée introductive portant sur les objectifs des journées, les grands messages clefs de l’IPBES et la mise en œuvre de la cible 6 sur cadre mondial Kumming-Montréal. Se sont ensuite enchainées trois présentations portant sur les enjeux des EEE, la gestion et les perspectives dans trois pays francophones (Belgique, Luxembourg et France).
Les journées ont ensuite continué avec différents ateliers thématiques et forums d’expériences de gestion. Les forums d’expériences de gestion ont consisté en la présentation de trois retours d’expérience de gestion, suivie d’un temps d’échange et étaient organisés en neuf sessions thématiques. Les ateliers ont permis de travailler en groupe sur quatre thèmes spécifiques afin de faire émerger des recommandations, des pistes d’action ou de nouveaux projets.
Les nombreux sujets abordés par les présentations et les ateliers (e.g., la biosécurité, la valorisation des EEE, l’utilisation de nouvelles technologies, l’approche écosystémique de la gestion des EEE et bien d’autres) ont permis des échanges très fournis et intéressants entre les participants.
Vous pouvez accéder au programme complet des journées ci-dessous ainsi qu’à tous les supports de présentations via les liens dans le PDF du programme. Une quinzaine de posters étaient aussi exposés dans la salle de pause, vous pouvez en retrouver la liste et certains PDF ci dessous.
• Programme des journées et liens vers les supports de présentation
• Liste des posters présentés
- Invasions biologiques en Afrique de l’Ouest : Le réseau Wan@bi (West African Network on Biological Invasions), un outil de coopération multi-acteurs à l’interface science-société – Christophe Diagne (IRD)
- Du terrain à la plateforme : bancariser les données EVEE avec INVMED-Flore – Madeleine Freudenreich (CBN méditerranéen)
- Première synthèse issue de l’inventaire des archéophytes et néophytes de France hexagonale – Guillaume Fried (ANSES)
- Gestion de la résistance aux insecticides d’une Espèce Exotique Envahissante : cas de Spodoptera frugiperda en Afrique – Nathalie Gauthier (IRD)
- FlatwormWatch: la science participative pour améliorer la surveillance des vers plats exotiques – Arnaud Jacobs (Secrétariat scientifique national des EEE de Belgique)
- Biological control of Giant Salvinia to restore manatee habitat in Lake Ossa – Aristide Takoukam (African Marine Mammal Conservation Organization – AMMCO)
- De l’invasion à l’innovation : valorisation économique de la jacinthe d’eau par ACED – Laurenda Tomode (African Center for Equitable Development – ACED)
- Gestion des espèces exotiques envahissantes (EEE) animales dans les aires protégées d’Occitanie – Justine Nicolas (CEN Occitanie)
- Etude de l’opportunité d’utiliser des images satellites et/ou aériennes pour localiser et suivre les EEE – Salomé Xhéneumont (La Telescop)
- La maitrise intégrée d’une méta-population d’oiseau invasif : cas de l’Erismature rousse en France dans un contexte européen – Jean-François Maillard (OFB)
- Acquisition de connaissances sur les espèces exotiques et envahissantes sur les dix îles d’étude du projet CAIPIM – Paola Bluche (Initiative PIM)
- Espèces exotiques envahissantes : des réseaux pour échanger et créer – Sylvie Varray (FCEN)
- La lutte contre les rats réalisée dans le cadre du Life Biodiv’OM – Eloi Contant (GEPOMAY)
- Analysis of management feedbacks from the French IAS Resource Center : What trends in current management approaches ? – Camille Bernery (Comité français de l’UICN)
Retour sur la matinée de terrain
La dernière matinée était consacrée à une sortie terrain sur la réserve naturelle du Bagnas gérée par l’association ADENA. Le site du Bagnas est un espace naturel remarquable dont la valeur est en grande partie liée à sa mosaïque d’habitats de zone humide littorale méditerranéenne (prairies, prés salés, dunes, etc.) qui accueille une riche biodiversité à la fois floristique et faunistique.
Les espèces végétales exotiques envahissantes font partie des principales menaces identifiées qui pèsent sur les enjeux de biodiversité du Bagnas et de nombreuses actions de gestion y sont mises en œuvre. Le conservateur de la réserve, Xavier Fortuny, a pu nous présenter la grande diversité des habitats de la réserve, une panoplie des espèces végétales exotiques envahissantes présentes, ainsi que différentes méthodes de gestion testées.
A la fin de notre visite, Laura Peiganu du Foodlab « La Capéchade » nous a aussi présenté le projet VITAL (Valorisation des Invasives par la Transformation Alimentaire Locale) mené en collaboration avec l’ADENA, présentation qui s’est poursuivie par des dégustations.
Un rapport synthétique de ces journées, récapitulant les échanges et les potentielles suites à donner à cet évènement, sera publié avant la fin de l’année 2025.
Rédaction : Camille Bernery (Comité français de l’UICN)
Relecture : Alain Dutartre (expert indépendant)
Crédits photo : Camille Bernery
