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Une synthèse des connaissances disponibles sur le Ragondin (Myocastor coypus) et ses impacts dans le département de la Somme.

Un article sur le Ragondin publié par Raphaël Coulombel et Rémi François (Conservatoire Botanique National de Bailleul, antenne Picardie) dans le Bulletin de la Société Linnéenne Nord-Picardie rassemble de très nombreuses informations sur cette espèce, son évolution dans le département de la Somme, ses impacts sur les communautés vivantes dans les habitats qu’il colonise et les moyens de sa gestion. Les auteurs ont compilé une importante bibliographie de plus de 80 références, leur permettant de présenter un panorama très complet de la situation actuelle de l’espèce dans le département.

L’historique de la colonisation montre que les premières observations de Ragondin dans le département datent de plus d’un siècle, “des élevages sont apparus dans les années 1930, ont peut-être été interrompus pendant la deuxième guerre mondiale et ont repris dans les années 60“. Les auteurs précisent que l’espèce est restée “assez ponctuelle, voire anecdotique en vallée de Somme des années 1950 aux années 1990” mais que depuis plusieurs années les données d’observations ou de captures de l’espèce se sont multipliées. De très nombreuses observations récentes sont ainsi répertoriées dans l’article, provenant de différentes sources (“chasseurs, piégeurs, pêcheurs, naturalistes, techniciens de rivières, professionnels de nombreuses structures compétentes“).

Myocastor coypu - cage piège - ADPAG
Myocastor coypu – cage piège – ADPAG

Cette colonisation en cours leur semble préoccupante et, après avoir passé en revue des hypothèses sur les couloirs géographiques et les effets du changement climatique la facilitant, à partir d’une analyse de la littérature française et internationale disponible, ils listent les impacts documentés, directs ou indirects, du Ragondin sur la flore et les “végétations paludicoles“, ainsi que sur la faune patrimoniale (prédation des œufs d’oiseaux nicheurs, dégradation des herbiers aquatiques et amphibies, etc.).

Cette synthèse bibliographique est complétée d’exemples d’observations locales de traces d’impacts qui pourraient être attribués au Ragondin, telles que indices de consommation d’hélophytes de grande taille, la présence de trous pouvant atteindre 1 m de diamètre “issus de l’extraction de rhizomes de nénuphars“, des traces de grattages, des espaces de berge tondus, etc. Ils rappellent toutefois que ces observations pourraient également concerner le Rat musqué, déjà largement présent dans le département où il fait l’objet de piégeage depuis plusieurs années, et qu’il faudrait donc en confirmer l’espèce responsable.

Après quelques remarques sur la nécessité du contrôle de l’espèce et les moyens de le mettre en œuvre, les auteurs concluent sur la nécessité de “collaborations étroites entre le monde de la chasse, de la pêche, les propriétaires et ayant-droits, les administrations et le monde scientifique naturaliste” pour gérer cette espèce exotique envahissante.

Une illustration du réseau déjà existant dans ce domaine est l’importance de la liste des personnes et structures remerciées pour leur aide en fin d’article par ses auteurs : elle comporte plus de 60 noms.

N.B. : Le Ragondin, mammifère invasif déjà largement répandu en métropole, fait l’objet de campagnes régulières de piégeage destinées à réduire ses impacts sur les communautés végétales et les infrastructures en bordure des eaux sur différentes parties du territoire. Deux exemples de retours d’expérience de gestion sont déjà consultables pour la Région Pays de la Loire et le département de la Gironde (http://www.especes-exotiques-envahissantes.fr/fiches-exemples/faune/).

Alain Dutartre, septembre 2017.

En savoir plus :

  • Coulombel R., François R., 2015. La colonisation de la Somme par le ragondin (Myocastor coypus), mammifère exotique envahissant. Synthèse des connaissances et impacts sur la flore et les végétations palustres. Bull. Société Linnéenne Nord-Picardie, Vol. 33. 88 – 115.
  • Contacter Raphaël Coulombel et Rémi François : r.coulombel@cbnbl.org et r.francois@cbnbl.org