A la suite d’une saisine des ministres de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et de la Santé et de la Prévention, le Comité de Veille et d’Anticipation des Risques Sanitaires (COVARS) a publié un avis présentant un bilan des informations disponibles sur la circulation en France et dans le monde des virus responsables de la dengue et des fièvres Zika et chikungunya, essentiellement transmis par les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus, et des recommandations pour agir sur ces risques sanitaires.
Selon le COVARS, les territoires tropicaux français sont confrontés de manière récurrente à la dengue et à des vagues épidémiques de Zika et chikungunya et la métropole enregistre un nombre croissant de cas autochtones et de foyers de ces arboviroses. Les deux espèces vectrices sont adaptées aux environnements urbains où elles peuvent abonder, “notamment Aedes aegypti dans les territoires ultra marins et souvent résistant aux insecticides“. “Depuis 2010, le nombre de départements métropolitains colonisés par Aedes albopictus a été multiplié par 10 et la dengue est l’arbovirose humaine se propageant le plus rapidement dans le monde“.
Les recommandations du document concernent successivement :
- l’anticipation des risques liés aux changements climatiques et aux évolutions sociétales,
- pour “OBSERVER et DÉTECTER“, des évolutions et améliorations du site Web “signalement moustique” de l’ANSES / DGS, et de l’application SI-LAV (Système d’Information pour la prévention des maladies vectorielles), destinée aux ARS et aux différents opérateurs de démoustication. La création d’un service de Santé Publiques France (SPF) dédié à la surveillance internationale des maladies vectorielles est également proposée en intégrant un volet “maladies vectorielles” dans le Baromètre-Santé de SPF.
- pour “PRÉVENIR et MOBILISER“, la recherche de nouvelles méthodes de contrôle des vecteurs et l’amélioration des conditions d’utilisations des méthodes actuelles, des améliorations des pratiques de santé (diagnostic, prise en charge des cas, etc., en particulier en métropole), la prévention par la vaccination (actualisation de la stratégie vaccinale et recherche de nouveaux vaccins et stratégies vaccinales adaptées), une meilleure mobilisation de la société (adoption par les citoyens de comportements adaptés à la lutte contre la prolifération des vecteurs) et une régulation du contenu des messages marchands sur les produits répulsifs ou apaisants.
- pour “GÉRER, GOUVERNER“, l’intégration des arboviroses dans le plan national pandémie du fait de l’importance de l’ensemble de leurs impacts, la clarification des rôles des acteurs publics de la lutte antivectorielle (LAV) et la création d’une interopérabilité des acteurs de la LAV dans un centre technique interprofessionnel (CTI) national avec les opérateurs de LAV et de groupes de travail territoriaux, avec un pilotage stratégique national transversal (ANSES, SPF, DGS, ARS, etc.). Les recommandations portent également sur un “redimensionnement du plan ORSEC” en cas de “flambée massive de cas” et sur la tenue d’une réunion du Comité interministériel veillant à la cohérence de l’approche interministérielle sur l’ensemble des enjeux liés à ces arboviroses.
- pour “ÉVALUER les ACTIONS et AMÉLIORER LES CONNAISSANCES“, améliorer la démarche qualité des opérateurs de lutte antivectorielle, évaluer, documenter et publier l’efficacité des différents modes de traitements insecticides et d’interventions, renforcer les moyens dédiés à la recherche en arbovirologie et contrôle vectoriel et soutenir la démarche intégrée One Health.
Des priorisations d’actions de recherche dans le domaine des arboviroses sont détaillées dans un document de stratégie scientifique du réseau Arbo-France créé en 2019 pour améliorer la recherche en arbovirologie et la préparation et la réponse aux épidémies/épizooties d’arbovirus humains et animaux en métropole et dans les territoires ultra-marins.
N.B. : dans la série de webinaires “Vivre avec le changement climatique, les territoires s’engagent” organisée par l’Observatoire Régional de Santé Île de France, département de l’Institut Paris Région, a été présenté fin mars 2023 un webinaire sur les “maladies à transmission vectorielle : la réponse des territoires au moustique tigre“. Quatre spécialistes de la question ont abordé un bilan de la situation, le contexte de lutte et la mobilisation sociale dans ce webinaire disponible en replay : https://www.ors-idf.org/isee/nos-activites/evenements/vivre-avec-le-changement-climatique-les-territoires-sengagent-pour-preserver-la-sante/maladies-vectorielles/
Articles antérieurs sur les moustiques et leurs impacts :
- Des invasions presque invisibles ? – octobre 2015
- Ne pas oublier les impacts socio-économiques des espèces exotiques ! – janvier 2018
- Une large sous-estimation du coût mondial des impacts des insectes exotiques envahissants ? – mars 2018
- Collaboration entre un moustique indigène et un virus exotique… – octobre 2018
- Zoonoses et espèces exotiques introduites – juin 2020