Cette page a été publiée dans le cadre d’un article de synthèse sur les spirées ornementales échappées en France métropolitaine (M. Vuillemenot, 2021)
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Spiraea chamaedryfolia L. / Spirée à feuilles de petit-chêne
Répartition et statuts
Originaire du sud-est de l’Europe et de l’Asie tempérée (CABI, 2019), elle a été introduite comme plante d’ornement en divers sites d’Europe du Nord et de l’Ouest ainsi qu’en Amérique du Nord. Sa tendance régulière à s’échapper de ses zones de plantations, voire à se naturaliser, est rapportée dans de nombreux pays. Son caractère envahissant n’est relevé quasiment qu’en Lituanie.
En métropole, cette espèce semble extrêmement rare et son comportement n’est pas documenté. Tison & de Foucault (2014) indiquent « parfois planté en grand sur les talus routiers, au moins dans l’Est ». D’après FCBN (2016), des mentions existent dans l’Allier et en Haute-Savoie.
En Lorraine, l’espèce est citée dans les Vosges, dans la Meuse, dans la Meurthe-et-Moselle et dans la Moselle (Parent, 2004). Dans ce dernier département, elle est représentée dans plusieurs stations, dont au moins une population bien naturalisée (Parent, 1995). En Suisse, Eggenberg et al. (2018) qualifient la spirée à feuilles de petit chêne de néophyte cultivée et rarement subspontanée. En Belgique, Duvigneaud (1975) considère ce taxon comme susceptible de se naturaliser uniquement aux abords des plantations anciennes et Verloove (2006) l’évalue comme naturalisée mais non invasive.
En Franche-Comté, bien que l’espèce ne compte qu’une station sur un talus et que son origine soit vraisemblablement ornementale, il est considéré que sa naturalisation, son dynamisme à cet endroit, sa capacité à former des peuplements denses et sa capacité à pénétrer dans des milieux naturels amènent à considérer Spiraea chamaedryfolia comme une espèce exotique envahissante (Vuillemenot et al., 2016). La rareté régionale de cette plante a conduit à la qualifier d’émergente pour ce territoire. Pour autant, en dépit du comportement expansionniste par reproduction végétative de cette population, le risque de dispersion à plus grande distance de ce taxon reste apparemment très faible.
Écologie
En France, Spiraea chamaedryfolia est considéré comme un arbrisseau des ourlets basophiles mésophiles à mésoxérophiles (Julve, 2017). En Haute-Savoie, une population abondante est naturalisée dans un taillis de Quercus petraea thermophile et basophile, riche en Buxus sempervirens, Amenlanchier ovalis, Fraxinus ornus (Jordan, comm. pers.). Dans le Jura, elle occupe des lisières mésophiles à mésoxérophiles calcicoles (Trifolio medii – Geranienion sanguinei) sur des talus assez bien ensoleillés, et gagne les sous-bois et les trouées d’un peuplement dégradé d’une hêtraie-sapinière mésophile calcicole montagnarde (Hordelymo europae – Fagetum sylvaticae). À 700 mètres d’altitude, cette station est située sur un versant bien exposé (sud-est). En Suisse, Eggenberg et al. (2018) l’observent, à l’étage collinéen, dans les buissons ensoleillés et les lisières sèches, basophiles et mésotrophiles du Berberidion vulgaris ainsi que dans des décombres.
Ces informations sont concordantes avec les conditions de développement de l’espèce dans son aire de répartition spontanée. Pour la partie européenne, Tutin et al. (1968) parlent de boisements et de buissons dans les régions basses ; Pignatti (2002) cite Spiraea chamaedryfolia dans des falaises calcaires, entre 100 et 800 mètres d’altitude. En Roumanie, dans les Carpates méridionales, elle est donnée comme un « arbrisseau caractéristique » de la zone de basse montagne, « dont il occupe toute l’épaisseur, pénétrant aussi dans la zone de l’épicéa » (Golesco, 1907). Dans la partie asiatique, Lu & Alexander (2003) décrivent S. chamaedryfolia comme une plante des pentes de forêts mixtes et des clairières forestières situées entre 600 et 1000 mètres d’altitude.
Article complet : Les spirées ornementales échappées en France métropolitaine : synthèse des connaissances sur leurs comportements et leurs statuts (lien)
Références bibliographiques :
- CABI Invasive species compendium. https://www.cabi.org/ISC/datasheet/121882 (février 2019)
- Duvigneaud J., 1975. Les Spiréoïdées (Rosaceae subfam. Spiraeoidae) en Belgique et dans les régions voisines. Premier essai de traitement. Natura Mosana 28 (2) : 33-55.
- Eggenberg S., Bornand C., Juillerat P., Jutzi M., Möhl A., Nyffeler R. & Santiago H., 2018. Flora helvetica, guide d’excursions. Info Flora (Hrsg.), Haupt, 1ère éd., Bern, 813 p.
- FCBN, 2016. Système d’information national flore, fonge, végétation et habitats, données du réseau des CBN en cours d’intégration et de qualification nationale. http://siflore.fcbn.fr/ (janvier 2019)
- Golesco. B., 1907. Espèces ligneuses spontanées dans les montagnes du district de Muscel en Roumanie (altitude de 600 à 2430 m). Bulletin de la Société dendrologique de France 6 : 173-180.
- Julve P., 2017 ff. (1998 ff). baseveg. World vegetation database. . Programme Catminat. https://www.tela-botanica.org/ (février 2019)
- Lu L.D. & Alexander C., 2003. Spiraea. In : Flora of China vol. 9 : 47-73. http://www.efloras.org/florataxon.aspx?flora_id=2&taxon_id=131015 (novembre 2018).
- Parent G.-H., 1995. Études écologiques et chorologiques sur la flore lorraine. Note 9 : Quelques taxons cormophytes nouveaux ou méconnus de Lorraine française. Données rassemblées depuis 1972. Arch.
- Parent G.-H., 2004. Atlas des plantes rares de la Lorraine (départements 54, 55, 57, 88) et des territoires adjacents. Adoxa hors série n°2, 76 p.
- Pignatti S., 2002. Flora d’Italia. Edagricole, Bologna, 1, 766 p.
- Tison J.-M. & de Foucault B. (coords), 2014. Flora Gallica. Flore de France. Biotope, Mèze, XX + 1196 p.
- Tutin T.G., Heywood V.H., Burges N.A., Moore D.M., Valentine D.H., Walters S.M. & Webb D.A., 1968. Flora Europaea : Rosaceae to Umbelliferae. Cambridge university press, Cambridge, 2, 469 p.
- Vuillemenot M., Ferrez Y., André M., Gillet F., Hendoux F., Mouly A., Thiery F., Tison J.-M. & Vadam J.-C. 2016. Liste hiérarchisée des espèces végétales exotiques envahissantes et potentiellement envahissantes en Franche-Comté et préconisations d’actions. Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional des Invertébrés, 32 p. + annexes.