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Un programme d’acquisition de données sur les plantes exotiques envahissantes le long du réseau routier national

En concertation avec les Directions interdépartementales des routes (DIR), la Direction des mobilités routières (DMR) du Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires (MTECT) a demandé en 2017 à la Fédération des Conservatoires botaniques nationaux (FCBN) avec l’appui des Conservatoires botaniques nationaux (CBN) d’élaborer un protocole permettant aux DIR de recenser de manière exhaustive et harmonisée les populations de quatre plantes exotiques envahissantes présentes sur leurs réseaux.

Le but de ce recensement était d’obtenir une vision globale du niveau de colonisation du réseau routier national non concédé par ces espèces afin de définir par la suite des objectifs et méthodes de gestion adaptés de ces populations. L’objectif était également de pouvoir disposer d’une donnée homogène et standardisée au niveau national, accessible par les DIR dans le système d’Information géographique dédié au réseau routier national.

Contenu du protocole

La première phase du protocole consistait à prospecter l’ensemble des « dépendances vertes » (dépendances routières végétalisées comme les accotements, les fossés, les talus, les terre-pleins, etc.) le long du réseau routier national non concédé (11 465 km) à bord d’une voiture afin de géolocaliser de manière conséquente toutes les populations des quatre espèces ou groupes d’espèces ciblés : le groupe des renouées asiatiques, l’Ambroisie à feuilles d’armoise, l’Ailante glanduleux et la Berce du Caucase.

Renouées asiatiques © DIR Ouest

Berce du Caucase © DIR Centre-Est

Ambroisie à feuilles d’armoise © DIR Sud-Ouest

Ailante glanduleux © DIR Ile-de-France

En raison du nombre important de kilomètres à prospecter quotidiennement en voiture, le protocole élaboré par la FCBN a dû définir une vitesse de circulation, des conditions de sécurité et un nombre d’agents à mobiliser pour mener à bien cette tâche. Outre la localisation des espèces, le protocole à suivre permet aussi de caractériser chaque population recensée (classe de largeur, classe de densité, localisation sur la dépendance verte, etc.) pour établir ensuite des objectifs de gestion. Pour mener à bien le recensement, la FCBN a également mis à disposition des DIR des fiches de reconnaissance des espèces et des bordereaux de saisie des données. Des tests sur le terrain ont permis d’ajuster le protocole, tandis que des formations des CBN envers les DIR ont permis de faciliter son application.

Le protocole est consultable dans les ressources citées en fin d’article.

 

Mise en œuvre du protocole

© DIR Méditerranée

Pour mettre en œuvre la première phase du protocole, chacune des 11 DIR a été invitée à passer une convention de partenariat avec le ou les CBN de leur réseau pour bénéficier de leur appui. Les CEI (centres d’entretien et d’intervention) des DIR ont été mobilisés localement.

La plupart des recensements a été réalisée entre 2018 et 2019, pendant les mois de juin à septembre. En pratique, entre 50 et 60 km de réseau ont été parcourus en moyenne par jour pour un territoire donné. La vitesse du véhicule était d’environ 70 km/h et deux agents étaient mobilisés : un conducteur du CEI et un observateur du CBN. La technologie utilisée la plupart du temps pour procéder au recensement était la valise ISRI, c’est-à-dire que l’agent du CBN dictait ce qu’il observait et un fichier audio était enregistré automatiquement dans un tableur en étant accompagné d’une photographie du bord de la route avec l’espèce visée.

L’ISRI Cam est un outil mobile d’inspection d’itinéraires du Cerema. Il s’agit d’une mallette comprenant différents outils (caméra, câbles, récepteur GPS, etc.) et un PC portable sur lequel le logiciel ISRI Cam est installé et permet de réaliser pour chaque déclenchement :

  • une photographie instantanée de la scène ;
  • un enregistrement du commentaire audio du référent ;
  • un relevé de la position GPS ;
  • un enregistrement de la distance parcourue par le véhicule depuis le début de la visite.

Un tableur est ensuite généré à la fin de la journée.

Résultats

A la suite de ce recensement terrain, la DMR a réalisé en 2020 des cartes d’observation de chaque espèce exotique envahissante ciblée : une carte nationale par espèce (4 au total) et une carte par DIR avec les quatre espèces (11 au total).

Exemple de carte de présence nationale – Ailante glanduleux

– L’Ailante glanduleux (Ailanthus altissima) est une espèce plutôt bien implantée le long des routes un peu partout en France, particulièrement en région Île-de-France où elle forme parfois des haies linéaires continues ;

– L’Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia) est surtout implantée dans le centre et dans la moitié sud de la France, particulièrement en Auvergne-Rhône-Alpes tout en étant limitée par les massifs montagneux ;

– La Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) reste très peu implantée le long des routes, avec juste quelques observations sporadiques, notamment en Centre-Val de Loire ;

– Les renouées asiatiques (Reynoutria sp.) sont quant à elles présentes partout en France avec des tâches discontinues mais très fréquentes sur tout le réseau routier national.

Il est à noter que le recensement n’est pas exhaustif en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Grand-Est. C’est pourquoi les cartes ne sont pas encore diffusables car les données doivent encore être complétées pour quelques secteurs.

Suites à donner

Les travaux ont vocation à se poursuivre avec la réalisation de la seconde phase du protocole en 2023. Il s’agira de décrire et de classer les populations recensées par l’utilisation de différents critères dans le but de prioriser et de différencier la gestion de ces populations, notamment selon des « catégories de gestion » des populations :

  • catégorie I : populations à éradiquer ;
  • catégorie II : populations à confiner ;
  • catégorie III : populations à ne pas gérer.

D’autres campagnes de recensement seront à prévoir dans les prochaines années pour actualiser les données. Une actualisation tous les 4 ans est proposée dans le protocole.

Il est à noter que ce projet est complémentaire d’un autre projet porté par la DMR qui a confié au Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) la réalisation d’un guide technique sur les EEE dans les infrastructures linéaires de transport (ILT) qui fournira des recommandations sur le choix des méthodes de gestion et sur la conception d’une stratégie de pilotage et de démarche d’actions, et dont la publication est prévue pour le premier semestre 2023.

 

Pour en savoir plus :

 

Rédaction : Arnaud Albert (Office français de la Biodiversité) et Vanina Vassel (Direction Générale des Infrastructures, des Transports et des Mobilités)
Relecture : Madeleine Freudenreich (Comité français de l’UICN)