Introduction
Le Règlement européen N°1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes organise la mise en œuvre d’une politique européenne portant sur trois types d’interventions, comportant de la prévention des introductions, la mise en œuvre de capacités d’alerte précoce et de réaction rapide et de travaux de gestion sur les espèces établies qui sont au final de la responsabilité pratique des États membres de l’UE.
En complément de la liste d’espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’UE établie sur la base d’évaluations de risques et de preuves scientifiques, la responsabilité des États membres s’exerce également dans la constitution de listes d’EEE nationales, spécifiques à leur territoire, également réalisées dans des conditions rigoureuses permettant de valider les statuts attribués aux taxons identifiés comme exotiques envahissants selon diverses intensités d’impacts.
En cours dans plusieurs États membres, l’établissement de ces listes permet la priorisation ultérieure des modalités de gestion des EEE. Un exemple tout à fait particulier d’une telle démarche a été récemment publié dans un rapport technique de juillet 2022 puisqu’il s’agit d’une analyse conjointe entre deux États, l’Espagne et le Portugal, occupant une entité géographique européenne : la péninsule ibérique.
Le rapport a été réalisé dans le cadre d’un programme LIFE intitulé INVASAQUA qui a facilité cette coopération inter-état en réunissant plusieurs dizaines d’experts depuis fin 2018 pour produire deux listes d’EEE à cette échelle géographique, une liste dite « noire » rassemblant des espèces exotiques envahissantes avérées et une liste dite « d’alerte » portant sur des espèces à peine établies ou encore absentes du territoire, des espèces exotiques envahissantes potentielles.
Espèces exotiques envahissantes aquatiques des systèmes d’eau douce et estuariens : Sensibilisation et prévention dans la péninsule ibérique
Le programme LIFE INVASAQUA a pour objectif de réduire l’introduction et la propagation d’espèces exotiques envahissantes dans la péninsule ibérique en développant des outils de coordination entre parties prenantes de la gestion de ces espèces, et des outils de sensibilisation du grand public.
Coordonné par l’Université de Murcie et doté d’un budget éligible d’environ 3 millions d’euro, il a bénéficié d’un financement européen de près de 1,9 millions d’euro. Débuté fin 2018 sur une période de 5 ans, il devrait se terminer fin octobre 2023.
Les résultats attendus portent à la fois sur une mise en œuvre efficace dans les deux états-membres concernés du règlement de l’UE impliquant un grand nombre de parties prenantes, l’amélioration de l’organisation de la gestion des EEE avec l’adoption de codes de conduite et de bonnes pratiques et la création d’une plate-forme ibérique pour la collecte de données géoréférencées sur ces espèces. D’autres objectifs portent plus particulièrement sur l’information et la sensibilisation du public.
N.B. : Ce programme LIFE a également permis la production d’un autre rapport technique élaboré en lien avec celui portant sur les listes noire et d’alerte. En effet, cette analyse globale des risques liés aux EEE de la péninsule ibérique a montré que de grands nombres d’espèces de poissons avaient été identifiées dans ces deux listes, conduisant de ce fait à des « recommandations stratégiques pour la gestion transfrontalière des poissons exotiques envahissants » (Oliva-Paterna et al., 2023) dans les milieux aquatiques estuariens et dulçaquicoles de la péninsule ibérique.
Le champ d’application géographique de cette analyse concernait les zones continentales de l’Espagne et du Portugal. Les eaux intérieures des îles appartenant au Portugal et à l’Espagne comme par exemple les Baléares n’y sont pas incluses. Les milieux aquatiques concernés sont les eaux douces et les eaux estuariennes de transition et les groupes d’espèces ciblés étaient les invertébrés des eaux douces et des eaux de transition, les vertébrés et les plantes.
Ce travail d’analyse avait trois objectifs principaux :
– fournir des listes prioritaires transnationales d’EEE susceptibles de constituer une menace pour les eaux intérieures ibériques,
– contribuer aux stratégies de gestion régionale, nationale et européenne des EEE en fournissant une liste noire et une liste d’alerte.
– constituer des outils de référence et de communication sur la gestion des EEE pour les décideurs et les parties prenantes,
Il a permis de produire ce rapport technique établi selon une procédure consensuelle de travail entre experts et de mettre en place un site web et une base de données librement accessible.
Méthode d’élaboration des listes
Évaluation et sélection des espèces
Comme dans d’autres pays, dans la péninsule ibérique les informations disponibles sur les EEE présentes et celles susceptibles d’arriver étaient dispersées dans diverses sources (bases de données en ligne, publications scientifiques et littérature grise, etc.). La première phase du travail a donc été de réunir et de partager les informations pour actualiser et valider l’inventaire. Dans ce but, trois ateliers et six réunions en ligne ont été organisés de janvier 2019 à octobre 2020 pour élaborer des critères de sélection et d’inclusion des espèces, et définir l’ensemble du processus débouchant sur la notation des risques et un accord sur les listes finales.
Il est précisé qu’au total 60 experts en biologie de la conservation d’Espagne et du Portugal ont participé au travail permettant la finalisation des deux listes d’EEE envisagées, portant respectivement sur 306 espèces exotiques déjà recensées dans les eaux intérieures (Oliva-Paterna et al., 2021a) et 272 taxons exotiques non encore établis (potentiels) au niveau ibérique (Oliva-Paterna et al., 2021b).
Cinq étapes successives d’échanges ont été nécessaires : après un examen systématique et une compilation de listes préliminaires, des informations ont été rassemblées pour évaluer le stade d’invasion et définir le statut de chaque taxon enregistré (établi, incertain, cryptogénique ou potentiel) pour classer les plus nuisibles avec une évaluation du risque et une hiérarchisation par établissement d’une note pour chaque taxon. La dernière étape a été une révision des deux listes aboutissant à un consensus des experts portant en particulier sur le score final de chaque taxon.
Critères de notation des impacts
Les critères utilisés dans cette notation comportaient quatre niveaux de risque, de 0 (risque inconnu ou données insuffisantes) à 4 (risque très élevé) :
(A1) Pour les taxons établis, étendue géographique dans la péninsule ibérique : approximation de l’aire de répartition de l’espèce.
(A2) Pour les taxons potentiels, potentiel d’invasion dans la péninsule ibérique : sur la base de leurs préférences écologiques, de leurs vecteurs et de leurs voies d’accès.
(B) Impact écologique : effets sur les espèces et les écosystèmes ibériques.
(C) Difficultés de gestion : évaluation des difficultés potentielles des interventions (techniques et/ou liées à des facteurs écologiques des taxons).
(D) Incidences sur l’économie et la santé humaine : évaluation principalement portée sur les secteurs économiques les plus liés aux systèmes aquatiques (agriculture, aquaculture, hydroélectricité, etc.), aux activités de loisirs (navigation, pêche, etc.) et sur les incidences sur la santé humaine (transmission de maladies, toxicité, allergies, etc.).
(E) Acceptabilité sociale de la gestion : difficultés liées à l’opposition ou la résistance des citoyens et de différentes parties prenantes de la gestion ou des secteurs privés (les obstacles réglementaires ou juridiques sont pris en compte dans le cadre du critère C).
Chaque taxon a été évalué et noté par 3 à 6 experts en apportant la même importance à chacun des 5 critères, ce qui conduit à une note maximale de 20 points (les critères A1 et A2 ne s’appliquant qu’à une seule catégorie des taxons examinés, établis ou potentiels). Les taxons ayant obtenu un score d’impact égal ou supérieur à 15 ont été inscrits en tête de liste comme ayant une priorité et un risque d’impact très élevés.
Espèces exotiques envahissantes aquatiques de la péninsule ibérique
Dans le cadre du LIFE INVASAQUA, un site internet (https://eei.sibic.org) disponible en trois versions, anglaise, espagnole et portugaise a été développé. Il permet la recherche d’information sur les EEE de ces deux listes à partir des noms latin ou vernaculaire du taxon ou par famille. Une recherche par bassin permettant d’accéder aux espèces qui y sont présentes est également possible. En complément d’une page vers des informations spécifiques au programme LIFE, il permet enfin d’accéder à la plateforme IBERMIS (https://ibermis.org/) destinée à rassembler les observations d’EEE de la péninsule ibérique. Il est précisé aux utilisateurs de cette plateforme qu’ils doivent employer l’application mobile européenne EASIN permettant de saisir leurs données et d’accéder aux informations scientifiques de la base de données. Coordonnée par l’Université de Murcie avec la participation de plusieurs partenaires, cette plateforme est administrée par le Centre de coopération pour la Méditerranée de l’UICN, avec le soutien de la Société ibérique d’ichtyologie (SIBIC). |
Résultats
Les deux listes figurent en annexe du document. Les taxons y sont présentés par score d’impact décroissant.
Liste noire
Sur un total de 306 taxons exotiques initialement répertoriés (Oliva-Paterna et al., 2021a), 126 (soit 41,2 %) ont été inclus dans cette liste noire finale. Elle rassemble 30,9 % de vertébrés (39 taxons), 50,8 % d’invertébrés (64 taxons : 38 en estuaires et 26 en eaux douces), 18,3 % de plantes (23 taxons). 105 de ces taxons (83,3 %) sont établis ou naturalisés dans les systèmes aquatiques estuariens et continentaux de la péninsule, la plupart d’entre eux dans les deux pays.
En obtenant les scores les plus élevés (égaux ou supérieurs à 15), 24 taxons ont été classés comme prioritaires et présentant un risque d’impact très élevé. Les autres taxons ont été classés comme ayant un impact élevé (92 taxons) ou moyen (10 taxons), aucune espèce n’a été classée comme ayant un impact faible (Figure 1).
Le tableau 1 rassemble les 24 EEE ayant reçu des scores d’impacts supérieurs à 15, soit 11 vertébrés, 7 invertébrés (3 estuariens et 4 en eaux douces) et 6 plantes. Les EEE les plus importantes et régulièrement considérées comme les pires dans les eaux intérieures ibériques sont par exemple la Carpe commune (Cyprinus carpio), l’Achigan à grande bouche ou Black-bass (Micropterus salmoides), l’Écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii), la Moule zébrée (Dreissena polymorpha), la Jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) ou la Fougère aquatique (Azolla filiculoides) (Tableau 1).
De plus, le rapport présente des commentaires sur la taxonomie, les régions d’origine et les voies d’introduction des taxons listés.
L’analyse taxonomique note en particulier que les poissons constituent le groupe de vertébrés le plus important et que la plupart des invertébrés sont des mollusques et des crustacés. En ce qui concerne les plantes, hydrophytes et hélophytes sont représentés. La plupart des taxons sont originaires d’Amérique du Nord (46 %) et d’Asie tempérée (31 %,).
L’analyse des voies d’introduction montre que près de la moitié des taxons de cette liste ont bénéficié de plus d’une de ces voies d’introduction. Les deux principales voies identifiées d’introduction des EEE sont l’évasion de sites de confinement et la dispersion dans la nature. La première concerne surtout les vertébrés et les plantes, la seconde est principalement attribuée aux vertébrés. En ce qui concerne les invertébrés, les EEE d’eau douce sont arrivées par le biais de rejets, de fuites, de contaminants et de passagers clandestins dans des proportions à peu près égales. Les deux dernières voies d’introduction ont été principalement utilisées par les EEE estuariennes (Figure 2).
Liste d’alerte
La liste d’alerte finale comprend 89 EEE présentant un risque d’invasion, dont 31,5 % de vertébrés (28 taxons), 42,6 % d’invertébrés (38 taxons : 22 estuariens et 16 d’eau douce) et 25,2 % de plantes (23 taxons) (Figure 3). Ils représentent 34,9 % des taxons potentiels en Espagne et au Portugal (Oliva-Paterna et al., 2021b).
Dix EEE présentent un score d’impact égal ou supérieur à 15 (Tableau 2). Elles sont considérées comme présentant un risque très élevé d’introduction dans les eaux intérieures ibériques. Les taxons restants ont été identifiés comme présentant un risque élevé (61 taxons), moyen (15 taxons) ou faible (3 taxons). Un seul vertébré (le Goujon de l’Amour, Perccottus glenii) a été classés comme présentant un risque très élevé mais des nombres importants de ces taxons ont été classés comme ayant une forte probabilité d’être introduits (12 plantes et 27 vertébrés).
Parmi les dix EEE classées dans le tableau 2, six sont des invertébrés d’eau douce, trois des invertébrés estuariens et un vertébré. Y figurent la Moule quagga (Dreissena rostriformis bugensis), l’Écrevisse marbrée (Procambarus virginalis), le Goujon de l’Amour (Perccottus glenii) et le Ver tubicole Hydroides dirampha.
Parmi les plantes de cette liste d’alerte, la Fougère aquatique (Azolla mycrophylla), l’Hygrophile indienne (Hygrophila polysperma) et l’Éventail de Caroline (Cabomba caroliniana) sont parmi les plantes présentant les scores d’impact les plus élevés (supérieurs à 12).
Comme pour la liste noire, avec 25 taxons, les poissons constituent le groupe taxonomique le plus important de cette liste. La majorité des invertébrés sont des crustacés (15 espèces) et des mollusques (14 espèces). Les aires d’origine les plus fréquentes de ces espèces sont également l’Amérique du Nord (39,3 %) et l’Asie tempérée (28,1 %).
De nombreux taxons figurant sur cette liste d’alerte pourraient atteindre la péninsule ibérique par des voies multiples (42,7 % liés à plus d’une voie possible d’introduction). Comme pour la liste noire, l’évasion de site de confinement et la dispersion dans la nature seraient les deux voies d’introduction les plus importantes (Figure 4).
Il est également rappelé que pour diverses espèces de cette liste, leurs voies d’introduction possibles sont encore insuffisamment connues et qu’il est urgent de continuer à fournir des connaissances sur ces voies d’introduction d’espèces susceptibles d’être introduites.
N.B. : la situation géographique particulière de la péninsule ibérique avec la barrière naturelle que constituent les Pyrénées a conduit à ce que parmi les EEE identifiées dans les deux listes se trouvent des espèces originaires du continent européen en dehors de la péninsule, dont 19 taxons de la liste noire parmi lesquels le Silure glane (Silurus glanis) ou la Moule zébrée (Dreissena polymorpha). Le rapport indique que cette particularité devrait être prise en compte dans les futures politiques européennes relatives aux EEE.
Conclusions et recommandations
Le rapport rappelle que ces listes sont des outils importants pour la mise en œuvre du règlement sur les EEE et fournissent une base factuelle pour son application concrète. Avec un classement selon les scores d’impact comme ordre de priorité, elles pourront aider les deux États membres concernés par cet important travail collectif à mettre en place un système de surveillance des principales EEE, à coordonner les efforts de gestion jusqu’au niveau transnational et favoriser également coopération et coordination transnationales dans ce domaine, y compris en dehors de la péninsule.
Le programme LIFE INVASAQUA a permis ce travail de compilation systématique des EEE pour la péninsule ibérique en développant une consultation d’un nombre assez élevé d’experts indépendants dans une procédure conçue pour fournir une analyse rapide et consensuelle des risques associés aux EEE. Le système d’évaluation du risque combinant divers éléments du processus d’invasion et de la gestion (différents types d’impacts) intégrait également l’acceptabilité sociale de la gestion du taxon considéré, qui est un aspect social particulièrement important pour la faune.
Ces listes établies à partir d’évaluations des risques réalisées dans le cadre de LIFE INVASAQUA pourraient alimenter les listes nationales officielles des deux états de la péninsule, voire contribuer à la liste européenne en fournissant des compléments d’informations sur les taxons évalués. Elles peuvent également stimuler la recherche, la surveillance, la gestion et les actions de contrôle des EEE aux différents niveaux d’intervention. Elles devront subir des actualisations pour tenir compte de l’évolution des connaissances sur les espèces et de nouvelles options de gestion.
Les recommandations finales du rapport sont les suivantes :
- utiliser ces deux listes pour contribuer aux révisions et la mise en œuvre des législations européenne, nationale et régionale,
- contribuer à mieux répondre aux exigences de l’UE, des agences de gestion nationales et régionales en ce qui concerne l’évaluation des analyses de risque et du statut d’invasion des espèces figurant sur les listes,
- mener des recherches fondamentales et appliquées sur les EEE répertoriées, en particulier celles présentant des risques élevés ou très élevés pouvant nécessiter d’importants efforts de gestion.
Rédaction : Alain Dutartre, expert indépendant
Relectures : Madeleine Freudenreich (Comité français de l’UICN)
Consulter le rapport :
Oliva-Paterna F.J., Oficialdegui F.J., Anastácio P.M., García-Murillo P., Zamora-Marín J.M., Ribeiro F., Miranda R., Cobo F., Gallardo B., García-Berthou E., Boix D., Medina L., Arias A., Cuesta J.A., Almeida D., Banha F., Barca S., Biurrun I., Cabezas M.P., … & R. Vieira-Lanero. (2022). ALERT LIST OF THE AQUATIC INVASIVE ALIEN SPECIES OF THE IBERIAN PENINSULA. Transnational horizon scanning exercise focused on the high-risk aquatic invasive alien species for the Iberian inland waters. 59pp.
Références citées :
Oliva-Paterna F.J., Ribeiro F., Miranda R., Anastácio P.M., García-Murillo P., Cobo F., Gallardo B., García-Berthou E., Boix D., Medina L., Morcillo F., Oscoz J., Guillén A., Arias A., Cuesta J.A., Aguiar F., Almeida D., Ayres C., Banha F., … & Zamora-Marín J.M. (2021a.) LIST OF AQUATIC ALIEN SPECIES OF THE IBERIAN PENINSULA 2020. Updated list of the aquatic alien species introduced and established in Iberian inland waters. Technical Report prepared by LIFE INVASAQUA (LIFE17 GIE/ES/000515). 64pp.
Oliva-Paterna F.J., Ribeiro F., Miranda R., Anastácio P.M., García-Murillo P., Cobo F., Gallardo B., García-Berthou E., Boix D., Medina L., Morcillo F., Oscoz J., Guillén A., Arias A., Cuesta J.A., Aguiar F., Almeida D., Ayres C., Banha F., … & Zamora-Marín J.M. (2021b.) LIST OF POTENTIAL AQUATIC ALIEN SPECIES OF THE IBERIAN PENINSULA 2020. Updated list of the potential aquatic alien species with high risk of invasion in Iberian inland waters. Technical Report prepared by LIFE INVASAQUA (LIFE17 GIE/ES/000515). 60pp.
Publications associées :
Oficialdegui, F. J., Zamora-Marín, J. M., Guareschi, S., Anastácio, P. M., García-Murillo, P., Ribeiro, F., … & Oliva-Paterna, F. J. (2023). A horizon scan exercise for aquatic invasive alien species in Iberian inland waters. Science of the Total Environment, 869, 161798.