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GDR et CDR : un tremplin pour créer des liens entre recherche et gestion?

Un des objectifs du Centre de ressources (CDR) sur les EEE est de créer et d’entretenir une interface fonctionnelle entre gestion des EEE et recherche, pour utiliser aussi efficacement que possible les acquis de la recherche en les transposant vers les gestionnaires. La création de liens réguliers et durables entre ces deux communautés, engagée depuis plus de 10 ans par le GT IBMA (devenu le réseau d’expertise scientifique et technique du Centre de ressources (REST EEE)), est  maintenant renforcée au sein de ce nouveau dispositif. Il s’agissait en effet d’une action de long terme présentant une évolution lente, qui reposait en partie sur les accords et participations d’un certains nombres de chercheurs membres du REST EEE. Mais il se trouve heureusement des moments privilégiés où il devient possible d’accélérer la dynamique en cours et d’ouvrir des échanges plus larges et plus directs. La journée de colloque du Groupement de recherche  (GDR) « Invasions biologiques », organisée le 22 octobre 2018, en est un bel exemple.

Le GDR Invasions biologiques, un partenaire privilégié pour le Centre de ressources

Le groupement de recherche (ou GDR) 3647 INEE-CNRS “Invasions Biologiques” a été mis en place début 2014. Si ses quatre premiers axes thématiques portaient sur des aspects de recherche généraux sur les invasions biologiques (scénarios et potentiel invasif, invasion et fonctionnement des écosystèmes, caractérisation des impacts environnementaux liés aux espèces invasives et modélisation de la dynamique des invasions biologiques), le cinquième, “évaluation socio-économique et gestion des invasions biologiques” concerne plus précisément les enjeux traités par le Centre de ressources sur les EEE.

Originellement prévu sur la période 2014-2017, il rassemblait 40 unités de recherche lors de sa mise en place. Renouvelé début 2018 pour une durée de 5 ans, ce GDR compte désormais 57 unités de recherche, soit la plus grande partie des acteurs travaillant sur la question des invasions biologiques au niveau national, tant en métropole que dans les outre-mer.

Premiers échanges entre GDR et la communauté de gestion des EEE

Lors du colloque de lancement du GDR à Rennes en octobre 2014, trois présentations portaient déjà spécifiquement sur la gestion des EEE : De la relation entre recherche et gestion et des relations entre chercheurs et gestionnaires (Alain Dutartre), L’apport de la sociologie à la gestion des invasions biologiques : Retour d’expériences et pistes de recherche pour dépasser déceptions méthodologiques et irritations épistémologiques (Cécilia Claeys), Réflexions sur l’aide scientifique à la gestion des végétaux invasifs (Jacques Haury). Ces présentations permettaient de contribuer à l’axe 5 du programme du GDR, décliné en trois parties : “Approche sociologique des invasions biologiques : perceptions et enjeux“, “Conséquences socio-économiques des invasions biologiques” et “Stratégies de gestion des espèces invasives“, et d’ouvrir une possibilité de débat sur les liens entre recherche et gestion.

En 2017, la parution de Comptes rendus des journées de l’Institut Ecologie et Environnement du CNRS (INEE) comportait un chapitre consacré aux invasions biologiques («Espèces introduites et expansion géographique des populations à l’ère du changement global »), et le GT IBMA avait proposé une lecture orientée depuis les questions de gestion qui émanaient du groupe. Dans cette synthèse faisant le point sur l’état des connaissances et des recherches en cours, les interfaces entre recherche et gestion apparaissaient comme omniprésentes. Ce chapitre se terminait par des recommandations parmi lesquelles figuraient la nécessité d’une meilleure intégration des sciences humaines et sociales dans les disciplines scientifiques venant appuyer la gestion des espèces exotiques envahissantes. Cette idée nous avait semblé tout à fait convergente avec les objectifs du GT IBMA quant à la production de meilleures évaluations de la situation en matière d’invasions biologiques à destination des politiques et les financeurs pour accélérer la prise de conscience qu’il semble indispensable de faire émerger.

Une proposition de création de liens entre le Centre de ressources EEE et le GDR

Ce colloque du 22 octobre, le premier organisé dans le contexte du renouvellement du GDR, fut  l’occasion de nombreux échanges entre chercheurs et avec les représentants du Centre de ressources sur les EEE présents. La présentation faite lors de ce colloque par Emmanuelle Sarat (au nom du GT IBMA en prévision de la mise en place du CDR) s’intitulait “Pour mieux vivre avec les invasions biologiques : construire des relations régulières et fortes entre recherche et gestion ?”. En rappelant les productions du groupe de travail, son évolution vers le Centre de ressources et les interactions déjà présentes avec la recherche, son principal message n’était toutefois pas une question mais bien une proposition qui se terminait même par une exhortation !

En proposant de créer une instance de dialogue privilégiée entre chercheurs et gestionnaires, un comité « recherche et gestion » au sein du réseau d’expertise scientifique et technique du CDR, il s’agirait d’utiliser le Centre de ressources comme « catalyseur » pour faire remonter en direction des décideurs nationaux, de manière collective et organisée à une large échelle, les besoins de recherches appliquées sur les EEE, émanant à la fois des chercheurs et des gestionnaires. Il permettrait un relai efficace d’analyses des besoins convergents de gestion et de recherche pour en extraire, par exemple, des propositions de programmes concertés de recherches appliquées à la gestion des EEE (ainsi que le rend possible l’axe 5 du programme du GDR), à l’instar de ce qui avait été réalisé avec les programmes INVABIO des années 2000.

Une exhortation qui a déjà porté ses fruits

Rappelant qu’une quinzaine de chercheurs d’organismes divers participaient déjà, à des degrés variables, aux activités du groupe de travail, la présentation d’Emmanuelle Sarat se terminait effectivement par une invitation très explicite à un renforcement de la représentation des chercheurs au sein du réseau d’expertise scientifique et technique du centre de ressources en cours de création : “rejoignez-nous !“. Plusieurs membres du GDR ont répondu positivement et devraient donc participer aux prochaines réunions pour y apporter leurs compétences et enrichir les échanges.

Lors du colloque, une large gamme de communications

Outre la présentation au nom du GT IBMA, une vingtaine de communications portant sur des sujets de recherche très divers ont été présentées durant cette très dense journée d’échanges. Un focus sur trois projets de recherche est présenté ici.

 

Rédaction : Alain Dutartre, expert indépendant.
Relectures : Doriane Blottière et Emmanuelle Sarat, Comité français de l’UICN.