Règlement européen relatif aux EEE : 26 nouvelles espèces inscrites sur la liste des EEE préoccupantes pour l’Union européenne

Le 17 juillet, conformément au règlement (UE) n° 1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes, une mise à jour de la liste des espèces préoccupantes pour l’Union Européenne a fait passer de de 88 à 114 le nombre d’espèces exotiques envahissantes concernées par ce règlement.

Selon l’article 2 de cette mise à jour, le règlement entrera en vigueur le vingtième jour suivant cette publication pour 24 de ces espèces. Un report de cette mise en application au 7 août 2027 concerne deux espèces listées dans le point 2 de l’annexe du document.

Il s’agit du Vison d’Amérique (Neogale vison), élevé pour la production de fourrure dans plusieurs Etats membres pour lequel ce report est destiné à donner à ces Etats le temps de préparer des demandes d’autorisations d’élevage, et du Castor canadien (Castor canadensis), dont la gestion est rendue difficile par sa similarité avec le Castor indigène (Castor fiber), espèce d’intérêt communautaire, dans les zones où ils sont tous deux présents.

Dans la liste des plantes terrestres, viennent s’ajouter l’Acacia noir (Acacia mearnsii), le Mûrier à papier (Broussonetia papyrifera), déjà introduit dans l’hexagone et dans plusieurs territoires ultramarins, le Lierre du Cap ou Séneçon grimpant (Delairea odorata) ainsi que les renouées asiatiques, Reynoutria japonica, Reynoutria x bohemica et Reynoutria sachalinensis.

De gauche à droite : Acacia mearnsii ©Forest & Kim Starr ; Broussonetia papyrifera (public domain) ; Delairea odorata ©Spisah ; Reynoutria japonica ©W.Carter

S’y trouvent également deux oiseaux terrestres, le Mainate huppé (Acridotheres cristatellus) déjà présent dans la péninsule ibérique et aux Pays-Bas et le Bulbul à moustaches rouges (Pycnonotus jocosus), introduit dans les territoires ultramarins de l’Océan Indien.

De gauche à droite : Acridotheres cristatellus ©Laitche ; Pycnonotus jocosus ©Princepauljoy

Pour ce qui concerne les mammifères, en plus du Vison d’Amérique et du Castor canadien a été ajouté le Cerf sika (Cervus nippon), mammifère déjà largement dispersé sur le territoire européen.

Trois invertébrés terrestres ont été inclus dans la liste, le Ver kew (Bipalium kewense), la Fourmi asiatique à aiguillon (Brachyponera chinensis), une espèce de fourmi de feu déjà introduite en Italie et Allemagne et le Frelon géant asiatique (Vespa mandarinia).

L’extension de la liste à des espèces marines se poursuit avec l’Etoile de mer du Pacifique Nord (Asterias amurensis), la Palourde naine (Mulinia lateralis) et la Zostère japonaise (Nanozostera japonica).

Asterias amurensi ©Dmitry Kulakov ; Mulinia lateralis ©Yale Peabody Museum ; Herbier à zostères ©Olivier Dugornay

Dans les milieux aquatiques d’eau douce, des espèces appartenant à différents groupes taxonomiques :

Cherax destructor ©Daiju Azuma ; Marisa cornuarietis ©William Zuck Jr ; Misgurnus anguillicaudatus ©Manoel Jr

Dans une actualité de son blog publiée le 20 juillet, Ricardo SCALERA, chargé de programme au Groupe de spécialistes des espèces envahissantes de l’UICN, commente cette extension de la liste qu’il juge remarquable en notant, par exemple, la particulière importance des ajouts des trois taxons de renouées asiatiques et de l’inclusion d’espèces marines dont la gestion est toujours difficile.

Selon lui, cette extension souligne l’engagement de l’UE en faveur de la conservation de la biodiversité et il rappelle le fait que les États membres doivent y apporter une contribution active en matière de surveillance, de plans et de stratégies de gestion.

Il cite également une récente publication, encore sous presse (Canelles  et al., 2025),  faisant une analyse de l’évolution des invasions biologiques dans l’Union Européenne. Cette publication montre des taux d’invasion ayant diminué avec la mise en œuvre des politiques relatives aux EEE et les acquis en matière de prévision de nouvelles introductions, tout en constatant que le commerce restait un facteur majeur de propagation des espèces exotiques.

Il signale enfin que la Commission prépare activement de futures mises à jour de cette liste, avec des évaluations des risques en cours et des discussions avec les États membres pour identifier les espèces supplémentaires à y inscrire. Quinze espèces seraient concernées dont la Grenouillette d’Amazonie (Hydrocharis laevigata ou Limnobium laevigatum)(1), le Lyciet féroce  (Lycium ferocissimum), la Vallisnérie australienne (Vallisneria australis), une espèce en voie de dispersion dans l’hexagone, l’Araujia porte-soie (Araujia sericifera), la Tortue à carapace molle chinoise ou Trionyx de Chine (Pelodiscus sinensis), les Verges d’or canadienne et Verge d’or géante (Solidago canadensis et Solidago gigantea) ou l’Ecureuil roux d’Amérique (Tamiasciurus hudsonicus).

Rédaction : Alain Dutartre (Expert indépendant)

Relecture : Camille Bernery (Comité français de l’UICN)

(1) La dénomination actuellement utilisée pour cette espèce dans la base d’information est un synonyme du nom de la liste européenne. Dans un article récent sur  la progression de cette espèce dans l’hexagone, il avait été signalé qu’un un consensus international proposait comme nom scientifique de l’espèce Hydrocharis laevigata (Humb. & Bonpl. ex Willd.) Byng & Christenh., pour l’intégrer dans le genre Hydrocharis de la famille des Hydrocharitaceae. Cette dénomination sera prochainement modifiée dans la base.