D’un pacte Jussie à un pacte local invasions biologiques

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Afin de répondre aux multiples enjeux posés par la colonisation de la Jussie dans les marais de Brière et du Brivet, 17 organismes se sont collectivement engagés à partir de 2014 dans un Pacte de lutte contre le développement de cette espèce (2014-2019).

Après cinq années d’échanges et d’actions, il a été décidé de poursuivre cette dynamique d’intervention et de l’étendre aux diverses invasions biologiques touchant ces territoires. Face à la pluralité des organismes exotiques envahissants présents, à la diversité des espaces naturels, agricoles et aménagés concernés, à la multiplicité des conséquences sur les écosystèmes ou les activités, le Pacte local « invasions biologiques » traduit ainsi l’ambition des collectivités locales et des services publics à innover pour construire une réponse collective, raisonnée et solidaire.

Le Parc naturel régional de Brière (44) et sa périphérie sont un territoire à enjeux de maintien d’une biodiversité remarquable, d’un cadre de vie accueillant pour une population nombreuse et d’un important dynamisme économique. C’est aussi un territoire très vulnérable aux invasions biologiques. Climat tempéré, omniprésence de l’eau, fort taux d’aménagement, carrefour d’échanges maritimes et terrestres, sont autant de facteurs expliquant l’installation et la dispersion de nombreuses espèces exotiques.

Territoire du pacte (extrait du Pacte invasion biologique 2022-2026)

Les invasions biologiques sont identifiées comme une pression majeure pour le territoire dans la charte du Parc naturel régional de Brière 2014-2026. Si certaines invasions biologiques occupent régulièrement l’actualité locale depuis plusieurs décennies comme le Baccharis, Baccharis halimifolia, le Ragondin, Myocastor coypus, l’Écrevisse de Louisiane, Procambarus clarkii ou encore la Jussie à grandes fleurs Ludwigia grandiflora, le nombre d’espèces devenant maintenant préoccupantes est bien supérieur.

« 70 espèces concernées »

En 2021, un premier recensement d’espèces exotiques a identifié 40 plantes et 30 animaux considérés comme invasifs avérés ou potentiels, aux traits écologiques variés, aux impacts plus ou moins intenses et d’implantation plus ou moins récente et/ou étendue. Toutes ne nécessitent pas la même réponse voire sont actuellement orphelines de possibilités de contrôle.

Parmi elles, 24 espèces sont classées préoccupantes pour l’Union européenne et réglementées en France. Enfin, la présence de nouvelles espèces est régulièrement identifiée, comme en 2019 celle de la Rangia d’Atlantique, Rangia cuneata.

Dialogue, collaboration et mise en œuvre

Les signataires du pacte ont conscience que l’action locale collective doit être renforcée par la création de synergies pour une meilleure efficience et lisibilité de l’action publique. La capacité des espèces invasives à s’affranchir des barrières géographiques et administratives ou de clivage sociaux et économiques nécessite une approche solidaire innovante intégrant l’ensemble des compétences publiques et de la société civile. Cette ambition veut être en cohérence avec la Stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes (2016) ainsi qu’avec sa future déclinaison régionale, et en être une déclinaison opérationnelle adaptée aux contextes et enjeux locaux.

Les objectifs à 5 ans sont :

  • l’acquisition d’une culture commune,
  • l’élaboration d’une stratégie opérationnelle déclinée par espèce,
  • l’organisation d’une veille et d’une réponse rapide,
  • des prises de décisions étayées par des connaissances scientifiques
  • la constitution d’un réseau d’acteurs fédérés.

Pour ce faire, tous les signataires s’engagent dans la mise en œuvre de ce pacte en se donnant les moyens pour :

  • Maintenir un échange permanent entre signataires ;
  • Participer aux travaux et réunions nécessaires à la mise en œuvre du pacte ;
  • Collaborer aux transferts d’informations entre les signataires ;
  • Organiser collectivement le suivi des actions et objectifs ;
  • Examiner et répondre collectivement aux sollicitations concernant le territoire.

A cette fin, et étant donné la diversité des espèces et acteurs concernés, un pilotage original a été imaginé. Les signataires et organismes associés travaillent sous la co-présidence du Pnr de Brière et de la sous-préfecture de Saint-Nazaire au sein de deux instances, l’une de pilotage (Conseil stratégique) et l’autre de développement (Cellule technique). Ils soumettent leurs avancées et recueillent l’avis de la société civile au sein d’une instance de dialogue annuelle, lors de la conférence sur les invasions biologiques en Brière.

 

Le Pacte local invasion biologique 2022-2026 a été officiellement signé le 6 décembre par les 4 intercommunalités du territoire, le syndicat de bassin versant, le département de Loire Atlantique, le Pnr de Brière et Polleniz. Il a été élaboré et sera mis en œuvre avec le soutien la Région Pays de la Loire, de l’Agence de l’eau Loire Bretagne, de l’Office français de la biodiversité et de la Direction départementale des territoires et de la mer.

 

Rédaction : Jean-Patrice Damien, Pnr de Brière

Relectures : Madeleine Freudenreich (Comité français de l’UICN) et Alain Dutartre (expert indépendant)

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