Afin de susciter une prise de conscience du grand public et des décideurs sur l’importance mondiale de la santé des végétaux, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) ont proclamé 2020 « année internationale de la santé des végétaux ».
L’introduction et la propagation de ravageurs (arthropodes, etc.) et d’agents phytopathogènes (bactéries, virus, champignons, etc.) sont une menace permanente pour la sécurité alimentaire. Leurs attaques sur les plantes peuvent fortement endommager les cultures, impacter la production agricole et ainsi réduire la disponibilité et l’accès à la nourriture, tout en augmentant les coûts de ces productions. Par exemple, on estime qu’ils sont responsables de 20 à 40 % de pertes économiques annuelles en France, soit environ 270 milliards d’euros (Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, 2020).
La présence de ravageurs et d’agents phytopathogènes constitue également une menace pour la biodiversité et l’introduction de végétaux venus d’autres pays peut contribuer à leur introduction et à leur propagation.
C’est le cas de la Pyrale du buis (Cydalima perspectalis), un insecte exotique envahissant responsable d’importants dégâts en France. Observée sur le territoire métropolitain depuis 2008, l’espèce a vraisemblablement été introduite via le commerce de buis ornementaux en provenance d’Asie. Les chenilles de ce papillon s’attaquent au feuillage et à l’écorce fraîche de plusieurs espèces de buis, conduisant à la défoliation complète des massifs et pouvant provoquer la mort de l’arbre.
Dans le cadre de l’année internationale de la santé des végétaux, de nombreux évènements et actions seront organisés partout sur la planète afin de :
- Sensibiliser aux enjeux de la santé des végétaux ;
- Prévenir la dissémination des organismes nuisibles et des maladies des végétaux ;
- Éradiquer les organismes nuisibles et les maladies des végétaux ou mieux les gérer lorsque leur éradication est impossible ;
- Mobiliser l’ensemble des acteurs, des professionnels aux citoyens.
La santé des végétaux concerne tout le monde, depuis les citoyens jusqu’aux décideurs publics et aux professionnels. Cette année est l’occasion de comprendre comment chacun peut contribuer au maintien du bon état de la biodiversité, en veillant à ne pas introduire sans analyse préalable ni précaution des végétaux d’autres pays, mais aussi de comprendre le rôle que nous pouvons jouer pour limiter la dissémination des organismes nuisibles et les maladies des végétaux.
Il s’agit de poursuivre la mise en place des bonnes pratiques et des réglementations phytosanitaires qui visent à protéger l’agriculture, la foresterie et l’environnement, comme par exemple le règlement européen relatif à la santé des végétaux entré en application le 14 décembre 2019.
Le transport de semences, de légumes ou de fleurs coupées n’est pas anodin. Ces végétaux sont susceptibles d’être porteurs de parasites et de maladies et donc de permettre leur implantation sur le territoire où ils sont apportés. C’est pourquoi, par principe de précaution, de nombreux végétaux et produits végétaux ne peuvent plus être transportés dans l’UE sans autorisation spécifique.
L’achat en ligne de plantes et de produits végétaux, transportés par des services postaux, ne comportant pas de dispositifs propres de contrôle phytosanitaire, peut également présenter un risque notable de propagation des ravageurs et des maladies.
D’une manière générale, le recours à des espèces indigènes locales est moins susceptible de porter préjudice aux végétaux déjà présents sur le territoire.
La FAO a mis à disposition un manuel de communication à destination de ceux qui souhaitent participer et promouvoir cette initiative. Il est également possible de contribuer à la campagne de sensibilisation mondiale sur #SantédesVégétaux tout au long de 2020 et plus tard.
Par ailleurs, le secrétariat de l’Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP) a lancé une campagne de communication “Beastie the Bug” pour sensibiliser le public aux questions relatives à la santé des végétaux durant l’année. Échappés du siège de l’OEPP, ces ravageurs en peluche ont déjà parcouru plus de 190 000 km, avec pour objectif de sensibiliser sur l’importance de la santé des végétaux, d’échanger des opinions, expériences, et ressentis ainsi que de belles photographies.
De son côté, la Société nationale d’horticulture de France (SNHF) a choisi ce thème pour son colloque annuel, intitulé «Santé des plantes : ressources naturelles et biologie contemporaine» et qui aura lieu en septembre prochain.
Pour en savoir plus, un dossier dédié à la santé des végétaux est disponible sur le site internet du ministère de l’Agriculture.
Rédaction : Madeleine Freudenreich, Comité français de l’UICN
Relectures : Alain Dutartre, expert indépendant et Emmanuelle Sarat, Comité français de l’UICN
(mise à jour le 15 avril 2020)
Sources de l’article : Service d’information de l’OEPP (2020-01), Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, lettre d’information de la SNHF.