Des nouvelles de la Laitue d’eau (Pistia stratiotes) dans l’hexagone ?

© Agnieszka Kwiecień, Nova

Plante flottante d’origine tropicale pouvant dépasser 20 cm de diamètre, au feuillage esthétique l’ayant longtemps fait apprécier comme plante ornementale en bassins extérieurs, la Laitue d’eau, Pistia stratiotes, est désormais inscrite depuis juillet 2022 sur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union Européenne, en application du règlement européen  n°1143/2014.

Observée depuis près de trois décennies dans différents sites de l’hexagone, généralement de manière éphémère par des développements en fin d’été, elle ne subsistait pas dans la plupart de ces sites d’une année à l’autre à cause de conditions hivernales de températures trop basses pour lui permettre une reproduction végétative continue.

Depuis 2016, il est connu que cette capacité de pérennisation interannuelle est cependant observée dans un site au fonctionnement écologique très particulier, un contre-canal en rive droite du Rhône dans le département du Gard qui fait actuellement l’objet d’une étude destinée à évaluer les impacts de ce développement végétal régulier. Des travaux  de recherche d’HUSSNER et ses collègues (HUSSNER et al., 2014) en Allemagne et ceux, plus récents, de SAJNA et al. (2023) sur un site en Slovénie, avaient montré que de petits individus de cette espèce pouvaient passer l’hiver, protégés des températures de gel de l’air par des températures de l’eau supérieures à 11°C, ce qui est effectivement le cas des eaux de ce contre-canal.

Cette situation encore exceptionnelle dans l’hexagone pourrait évoluer dans les prochaines années avec l’augmentation progressive des températures des eaux engendrée par le changement climatique. Capable de coloniser rapidement la surface des eaux de milieux tels que plans d’eau ou cours d’eau aux faibles écoulements estivaux, cette espèce flottante de grande taille est heureusement facile à identifier, favorisant ainsi sa détection rapide, y compris dans des territoires où l’espèce n’est pas répandue, comme ce fut par exemple le cas en 2017 dans un petit plan d’eau de Loire-Atlantique.

Une installation en cours

Les observations de l’espèce dans l’hexagone sont devenues relativement fréquentes et, par exemple, la carte accessible sur le site de l’INPN en présente une cinquantaine (voir la carte à droite).

En se référant aux informations disponibles sur OpenObs, le classement par décennie des nombres d’observations de l’espèce sur l’ensemble des territoires français montre une nette augmentation à partir de la décennie 2000, pour atteindre plus d’une centaine pour la décennie 2010.

 La base d’information du GBIF, réseau mondial d’information sur la biodiversité, recense 144 observations de l’espèce en France métropolitaine.

Cependant, il se peut que certains développements peu importants de cette plante en fin d’été dans des sites où elle n’était ensuite plus observée après l’hiver n’aient pas fait l’objet de référencement : par exemple, quelques pieds de Laitue d’eau avaient été notés et photographiés (d’où une trace temporelle) dans le débouché d’un fossé dans le lac de Cazaux-Sanguinet en Aquitaine en septembre 2004 sans que cette observation ne soit signalée dans une base d’information.

Selon l’INPN, l’espèce est considérée comme « introduite envahissante » en Guadeloupe, Martinique, Guyane française, Nouvelle-Calédonie et à La Réunion, « introduite » à Mayotte et en Polynésie française, absente à Saint Barthélemy et Saint Martin, et enfin « introduite non établie dont cultivée/domestique » en France métropolitaine. Compte-tenu de ce qui est observé depuis plusieurs années dans le Gard, peut-être faudrait-t-il réévaluer le statut qui lui est attribué pour l’hexagone…

Ce nombre grandissant au fil du temps de colonisations encore temporaires par cette espèce de milieux aquatiques favorables doit participer à la mise en place d’une vigilance particulière à lui porter. Deux exemples récents d’observations et de réactions semblent bien montrer que c’est déjà le cas.

Dans le Calvados : Plan d'eau de Ranville

Suite à la découverte de la plante par Pierre DANIEL, membre du réseau des observateurs bénévoles de Basse-Normandie du CBN de Brest, un contact a été pris début 2024. Il a permis de recueillir les informations suivantes :

  • Les observations de Laitue d’eau concernaient un petit plan d’eau d’environ 1 500 m² de la commune de Ranville (14) située entre Caen et Ouistreham, alimenté en eau par deux buses depuis l’Aiguillon, ruisseau affluent en rive droite de l’Orne.

 

  • Les observations ont été faites en fin d’été, les 20/09/2022 et 10/10/2023, deux années de sécheresse, avec le ruisseau à sec et un niveau très bas du plan d’eau et des rives exondées sur 1 à 3 mètres de hauteur.

 

  • Aux deux périodes, aucune plante flottante n’était visible, toutes se trouvaient déposées sur les rives exondées.

 

  • En septembre 2022, moins de 10 plantes étaient alors visibles et il semblait probable que le gel de l’hiver suivant les détruirait. Comme l’hiver 2022/2023 s’est déroulé sans période notable de gel (la commune est située à 6 km à vol d’oiseau de la mer), lors du passage en octobre 2023 plus de 200 plantes se trouvaient sur les parties exondées des rives.

 

  • Une alerte sur ce développement jugé surprenant transmise au CBN a déclenché une opération d’enlèvement de ces plantes qui semble avoir été efficace.

 

  • La plante n’a pas été observée dans le plan d’eau durant l’été 2024. 

En Gironde : Réserve écologique des Barails

En octobre 2024, Stéphane BUILLES (chargé de mission à la SEPANSO) a signalé la présence de petites stations de Laitue d’eau dans la Réserve écologique des Barails située au nord de l’agglomération bordelaise. La moitié de ce parc d’une superficie de 156 hectares créé en mai 2018 est ouverte au public.

Lors de ces observations, deux zones distinctes dans le réseau de fossés connectés abritaient ces plantes. L’une de ces deux zones semblait surprenante car située dans un secteur peu ensoleillé alors que des tronçons de secteurs mieux éclairés étaient eux  dépourvus de Laitue d’eau.

Selon Stéphane BUILLES, la localisation de ces stations colonisées à proximité de chemins accessibles au public plaide en faveur d’une introduction volontaire par des visiteurs.

L’alerte transmise aux agents de la Réserve a déclenché début novembre un enlèvement à l’épuisette de plus de 200 pieds de plantes.

Une dispersion constante

Pistia stratiotes est l’une des plantes aquatiques d’eau douce les plus largement répandues sur la planète, déjà présente dans toutes les régions tropicales et subtropicales du globe, considérée comme introduite dans 107 pays ou îles (voir aussi la carte du GBIF ci-dessous) et gagnant progressivement, grâce au changement climatique, d’autres territoires antérieurement peu favorables. Depuis des décennies, l’intérêt humain pour l’esthétique de ces plantes avait auparavant très fortement contribué à sa dispersion planétaire.

La fiche consacrée à l’espèce par l’Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes (OEPP) datant de 2017 rassemble de nombreuses informations.

Parmi elles, une liste de l’ensemble des pays dans lesquels la Laitue d’eau a été introduite et un historique de sa dispersion sur la planète. Sont par exemple citées de premières observations en Afrique du Sud en 1865 ou aux Philippines en 1925.

En ce qui concerne sa répartition européenne, sans conteste une conséquence de la large diffusion de cette plante ornementale, l’historique indique un premier signalement aux Pays-Bas en 1973 (sans maintien dans le site), d’autres en Autriche et en Allemagne en 1980. Il est précisé que jusqu’en 2008 aucune des introductions répétées en Allemagne n’a réussi à s’établir. Une population de Laitue d’eau s’est ensuite maintenue dans la rivière Erft, affluent du Rhin, aux eaux réchauffées de plusieurs degrés par des eaux d’exhaure provenant d’exploitations de lignite (HUSSNER et al., 2014). Il en est de même dans un site en Slovénie sur une rivière alimentée par des eaux thermales (SAJNA et al., 2023). En Italie, la première observation date de 1998 et en Belgique de 2000 avec une présence encore attestée en 2015 en Flandre orientale.

De fortes capacités de colonisation

Plante flottante vivace, Pistia stratiotes est une plante clonale formant des colonies avec des plantes filles reliées par des stolons de quelques centimètres. Sa dispersion dans les milieux est facilitée par le détachement de ces plantes filles. Elle présente une rosette pouvant dépasser 20 cm de diamètre de feuilles aux formes ovales très reconnaissables qui en font son principal attrait esthétique et l’explication de sa colonisation planétaire. Son système racinaire très ramifié de 15 à 20 cm pend librement dans l’eau.

Son inflorescence est portée par un court pédoncule au centre de la rosette qui se plie après la fécondation et libère les graines sous l’eau. Selon HUSSNER (2014) les fleurs sont régulièrement observées en Europe et les plantes peuvent produire des graines viables. Cette production de graines peut être très importante : par exemple plus de 4 000 par mètre carré ont pu être comptabilisées dans une zone humide en Floride (Dray & Center, 1989). Dans leurs travaux sur la rivière Erft en Allemagne, HUSSNER & HEILIGTAG (2013) indiquent que plus de 2 000 graines ont été récoltées en novembre 2012 sur des Laitues d’eau sur une surface d’environ 5 m², et que 90 % des graines récoltées étaient ensuite capables de germer en laboratoire. La survie hivernale de ces graines dans des conditions favorables et leur germination au printemps pourraient donc fortement contribuer à la dispersion de l’espèce.

Fleurs de P. stratiotes.  ©Keisotyo- CC-BY-SA-4.0

Système racinaire de P. stratiotes.  ©Forest and Kim Starr – CC-BY-3.0

La plante peut se développer dans une très large gamme de qualité des eaux, y compris dans des conditions de teneurs élevées en nutriments avec une croissance optimale entre 22 et 30 °C. Si elle est capable de poursuivre son développement a des températures inférieures, elle reste sensible aux basses températures et au gel (Hussner et al., 2014).

La biomasse qu’elle est capable de produire dans des couvertures totales de la surface des eaux peut être très variable selon la localisation et les caractères physiques des sites et la qualité de leurs eaux. Par exemple, 600 à 680 g/m² (matières sèches), mesurées dans le lac Volta en Afrique (HALL & OKALI, 1974) ou 709 g/m² dans le réservoir de Cisne en Uruguay (SOMMARUGA et al., 1983). Les données de GALAL et al. (2019) dans le delta du Nil signalaient une biomasse maximale de 320 g/m².

Les données de HUSSNER et al. (2014) évaluées sur trois sites de la rivière Erft étaient respectivement de l’ordre de 340, 420 et 440 g/m² alors que dans la rivière Sava en Slovénie, autre cours d’eau aux eaux réchauffées, les mesures de SAJNA et al. (2007) au fil de la période de végétation ont évolué en moyenne de 308 g/m² en avril pour atteindre 609 g/m² en août, avec des valeurs maximales enregistrées sur les deux sites amont de 888 et 1 137 g/m².

En automne 2003, après une saison estivale particulièrement chaude, une très importante colonisation de Laitue avait été observée, colonisant plusieurs kilomètres d’un cours d’eau alimentant la Réserve Naturelle des marais de Bruges, située au nord de Bordeaux. La biomasse sèche mesurée alors était de l’ordre de 470 g/m².

Sachant que les teneurs en eau de cette espèce sont variables mais élevées (de l’ordre de 90 à 95 %, ainsi que l’indiquent la plupart des valeurs citées par Velard, 1998 ; voir aussi Fonkou et al., 2002), les biomasses mesurées lors de ces recherches seraient donc à multiplier par 10 à 20 pour obtenir une évaluation des productions de biomasse fraiches qu’elle peut produire, soit, pour une biomasse sèche de 500 g/m², une quantité de plantes de 5 à 10 tonnes par hectare.

En limitant plus ou moins fortement la lumière transmise dans les eaux, la couverture totale en surface des milieux colonisés que la Laitue d’eau peut développer présente des impacts négatifs sur la qualité des eaux, la flore subaquatique et la faune inféodée au milieu dont l’importance est directement liée à la durée de cette couverture. C’est une des principales nuisances reprochées à cette plante (ainsi qu’à la Jacinthe d’eau, Pontederia crassipes, autre plante flottante largement répandue sur la planète). C’est d’ailleurs dans cet objectif d’évaluer les impacts sur le milieu qu’a été engagée l’étude en cours sur le contre-canal dans le Gard.

Quelles possibilités de gestion de l'espèce?

Dans la fiche du CABI disponible sur l’espèce se retrouvent rassemblées les diverses techniques envisageables d’interventions destinées à la gérer. Rien que de classique, dont le recours à des applications d’herbicides encore largement utilisées dans de nombreux pays mais interdites en France depuis 2009. La fiche cite plusieurs herbicides efficaces sur l’espèce. Il est à noter qu’elle se termine cependant par une alerte sur les risques pour l’environnement et la santé humaine devant amener à une évaluation préalable de leur utilisation. Y sont également cités l’enlèvement manuel ou mécanique des plantes et les possibilités de contrôle biologique.

En ce qui concerne les techniques physiques d’extractions manuelles et mécaniques des plantes, des informations sont présentes pages 164 à 173  du premier volume du Guide pratique de gestion élaboré en 2015 par le groupe de travail « Invasions biologiques en milieux aquatiques » ayant précédé le Centre de Ressources EEE.

Parmi ces connaissance pratiques sont passées en revue des possibilités d’interventions manuelles. Elles permettent des interventions spécifiques, ciblant les plantes à retirer et laissant les espèces « non visées » en place dans les milieux, limitant de ce fait les impacts sur la biodiversité locale, ce qu’aucune autre technique ne peut permettre. Cependant elles ne se justifient que dans « des conditions particulières, telles que début de colonisation, récupération de fragments de plantes laissées dans le milieu après une intervention mécanique ou intervention dans des biotopes difficiles d’accès pour les engins, sous réserve que les biomasses à extraire des sites restent faibles » pour limiter la pénibilité de ces interventions.. A noter que dans le cas de la Laitue d’eau, plante flottante bien visible sur les eaux et assez facilement identifiable, ce pourrait être une méthode applicable dans de nombreux sites sous réserve que les réseaux d’observateurs déjà présents sur le territoire soient suffisamment informés du risque d’installation de l’espèce pour la repérer rapidement et intervenir aussitôt. Les deux exemples récents présentés sont des illustrations de ces possibilités de réactions efficaces.

Le matériel mécanique utilisable pour intervenir sur des colonisations importantes est très diversifié, terrestre, aquatique ou amphibie, pouvant répondre à la plupart des besoins selon les types de milieux aquatiques. Les individus adultes de Laitue d’eau sont d’assez grande taille pour que la récolte mécanisée soit relativement efficace, même dans le cas de grandes quantités de biomasse, comme c’est par exemple actuellement le cas dans le contre-canal du Gard. Cependant des précautions doivent être prises pour ne pas abandonner de plantes dans les sites ayant fait l’objet d’interventions afin d’éviter toute multiplication ultérieure, comme par exemple une visite post-intervention du site d’extraction des plantes et un examen du matériel utilisé.

N.B. : un point d’historique : la Laitue d’eau en Gironde ?

Dans le numéro 124 en date de février 2004 de Sud-Ouest Nature, la revue trimestrielle éditée par la SEPANSO, figuraient page 30 quelques informations sur trois nouvelles espèces introduites, parmi lesquelles la Laitue d’eau, observées dans la Réserve Naturelle des marais de Bruges, site très proche  de la Réserve des Barails.

Cette nouvelle espèce avait très fortement manifesté sa présence en fin d’été 2003 en colonisant totalement plusieurs kilomètres du cours d’eau alimentant la Réserve. Des travaux d’enlèvement mécanique avaient eu lieu à l’automne pour en limiter les impacts. Le court texte de la revue concernant cette espèce se terminait par  » Cette espèce tropicale ne devrait pas survivre à l’hiver. » Il s’est avéré tout à fait vérifié : les conditions de l’hiver 2003-2004 ont éliminé l’espèce.

Dans la fiche du CABI, il est rappelé que les mesures de contrôle doivent faire partie d’un programme d’entretien à long terme, une remarque longtemps négligée devenue maintenant une évidence, mais elle ne comporte pas de mention de gestion des déchets, c’est-à-dire le devenir des biomasses extraites. Il s’agit pourtant d’une dernière phase de la filière de gestion qui ne peut être négligée, comportant un transport de ces biomasses vers une zone de dépôt et d’éventuels traitements ultérieurs. A l’instar d’autres plantes aquatiques, la forte teneur en eau de la Laitue d’eau est une relative contrainte pour un traitement ultérieur mais comme l’indique  le Guide Technique « Accompagner le traitement des déchets de plantes exotiques envahissantes issus d’interventions de gestion » de 2022, des possibilités de compostage et de méthanisation sont déjà connues pour traiter les biomasses de cette espèce.

Les possibilités de contrôle biologique de Pistia stratiotes ont fait l’objet de recherches depuis environ un demi-siècle. La fiche du CABI en présente divers éléments. Des introductions avec des résultats jugés satisfaisants d’un charançon spécifique de la plante, Neohydronomus affinis, ont été réalisées à partir de 1982 dans divers pays, dont plusieurs états africains, en Australie, aux USA, etc. D’autres espèces de charançons et de lépidoptères ont également été testées et introduites (Dray & Center, 2002), et des recherches sur des champignons pathogènes ont également montré des potentiels dans ce domaine.

A titre d’illustration récente d’application de cette méthode de contrôle de l’espèce, un article en anglais datant d’avril 2024 rédigé par Julie Coetzee, spécialiste sud-africaine du sujet, fait état d’une introduction récente de Neohydronomus affinis dans la rivière Vaal, un cours d’eau d’Afrique du Sud menacé par une colonisation très rapide par la Laitue d’eau. La plante, observée pour la première fois en 2021 dans un affluent, couvrait fin 2023 40 km de la rivière (Cf. un article de presse de fin janvier 2024), pouvant ensuite gagner en aval les 1 200 km de son cours.

Commentaires

Ainsi que le montrent les informations sur la répartition de l’espèce sur la planète, elle y fait partie des plantes aquatiques les plus problématiques et sa progression actuelle dans des régions du monde antérieurement peu favorables à son installation ne peut permettre de réduire la vigilance à lui porter.

La Laitue d’eau figure d’ailleurs parmi les cinq espèces de plantes exotiques jugées les plus préoccupantes à l’échelle mondiale dans la publication très récente de Li et al. (2024). Appliquée aux plantes vasculaires, cette recherche s’est appuyée sur des analyses des listes d’EEE végétales et les mesures de gestion associées à ces espèces dans de nombreux pays. Les quatre autres espèces citées sont la jacinthe d’eau (Pontederia crassipes), la Salvinie géante (Salvinia molesta), la Cabomba de Caroline (Cabomba caroliniana) et l’Ajonc d’Europe (Ulex europaeus). Ces cinq espèces étaient répertoriées dans au moins un tiers des pays analysés et présentes dans au moins cinq continents.

Quatre espèces sur cinq sont aquatiques, ce qui rappelle la vulnérabilité particulière des milieux aquatiques d’eau douce aux invasions biologiques et les auteurs notent que deux d’entre elles, P. stratiotes et C. caroliniana, ne figuraient pas sur la liste des « 100 pires espèces exotiques envahissantes au monde » (Lowe et al., 2000). L’Ajonc d’Europe figurait bien dans cette liste : originaire des régions maritimes atlantiques d’Europe, il a été largement introduit dans les régions tempérées du monde (carte du GBIF) et dans certaines îles tropicales en altitude. Il est par exemple préoccupant dans l’Île de La Réunion (voir aussi la fiche du CABI).

Notons enfin que la Laitue d’eau fait partie des trois espèces, avec la Jacinthe d’eau (Pontederia crassipes) et  le Mimosa à feuilles de Saule (Acacia saligna), que Lesieur et al. (2023) ont identifié comme prioritaires dans leur analyse à l’échelle européenne quant à la mise en œuvre d’une « lutte biologique classique » dans le cadre d’une « coopération transfrontalière ».

Rédaction : Alain Dutartre (Expert indépendant)

Relecture : Camille Bernery (Comité français de l’UICN)

Remerciements à Pierre DANIEL, membre du réseau des observateurs bénévoles de Basse-Normandie du CBN de Brest, et à Stéphane BUILLES, chargé de mission à la SEPANSO, pour les informations qu’ils nous ont transmises.

Crédits photo en bandeau : ©Forest and Kim Starr – CC-BY-3.0

Références

Fonkou T., Agendia P., Keng Ne I., Akoa A., Nya J. 2002. Potentials of water lettuce (Pistia stratiotes) in domestic sewage treatment with macrophytic lagoon systems in Cameroon. Proceedings of International Symposium on Environmental Pollution Control and Waste Management. Tunis (EPCOWM’2002), 709-714.

Galal T.M., Dakhil M.A., Hassan L.M. et al. 2019. Population dynamics of Pistia stratiotes L.. Rend. Fis. Acc. Lincei 30, 367–378. https://doi.org/10.1007/s12210-019-00800-0

Hall J. B., Okali D. U. U., 1974. Phenology and productivity of Pistia stratiotes L. on the Volta lake, Ghana. J. Appl. Ecol., 11, 709-726.

Šajna N., Haler M., Škornik S., Kaligaric M. 2007. Survival and expansion of Pistia stratiotes L. in a thermal stream in Slovenia. Aquat. Bot., 87, 75–79

Sommaruga R., Crosa D., Mazzeo N. 1983. Study on the decomposition of Pistia stratiotes L. (Araceae) in Cisne Reservoir, Uruguay. Int. Revue  ges. Hydrobiol., 78: 263-272.