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Pectinatella magnifica : point d’information sur la situation dans le Canal des Vosges

Zoom sur les zooïdes élémentaires de P. magnifica © P. Notteghem

Ce bryozoaire d’eau douce exotique observé en France depuis 1995 y est de plus en plus présent. Les masses gélatineuses pouvant dépasser un mètre de diamètre que forment ses colonies, à la surface recouverte d’une fine pellicule organisée en rosettes continues, en font une espèce exotique particulièrement facile à identifier et dont le suivi mériterait d’être mis en place à l’échelle française, comme en appelle le service départemental de l’OFB des Vosges, dans une note faisant état de la récente découverte de l’espèce dans le canal reliant les bassins de la Moselle et de la Saône.

Originaire d’Amérique du Nord, ce bryozoaire dulçaquicole a été introduit dans la région de Hambourg à la fin du XIXème siècle, probablement dans des eaux de ballast (voir notre article présentant l’espèce, son historique d’introduction et les conséquences de son implantation). En France, elle a été observée pour la première fois en 1994 sur le canal de la Haute-Saône (Territoire de Belfort) (Notteghem, 2009), puis en 1995 dans le département des Vosges (Hondt et Condé, 1996). D’après la carte de répartition produite par l’INPN en février 2018, sa présence est maintenant connue dans une trentaine de départements français répartis dans tous les grands bassins hydrographiques, hormis en Artois-Picardie.

Figure 1. Carte de répartition de P. magnifica. Source : INPN

Dans le département des Vosges, Pectinatella magnifica a été observée pour la première fois en 1995 dans l’étang de la Héronnière sur la commune de Nomexy. En 2020, le service départemental de l’OFB l’a découverte dans le canal des Vosges et le réservoir du Bouzey ainsi que dans les étangs annexes (voir carte ci-dessous). Il s’avère que l’espèce est présente sur la totalité du linéaire vosgien de ce canal qui fait la jonction entre les bassins hydrographiques de la Moselle et de la Saône. Ces observations confirment le rôle de ces milieux artificiels comme voies de dispersion de l’espèce, qui offrent des températures élevées et des conditions eutrophes favorables au développement de l’espèce, accentuées par les déficits hydriques des dernières années.

Sans conséquences écologiques négatives connues jusqu’à présent, le développement de cette espèce reste cependant à surveiller. En densité très importante, elle peut en effet représenter une gêne pour les activités de baignade ou la pisciculture.

Les masses gélatineuses caractéristiques formées par les colonies de Pectinatelle en font un sujet particulièrement intéressant pour la remontée d’observations, dans le cadre d’une surveillance du développement de cette espèce, comme proposé par le service départemental des Vosges de l’OFB.

Figure 2. Exemple de planche d’illustration proposée par Cahuzac et Hondt.

Dans un article rédigé en 2017 par Cahuzac et Hondt figure notamment une description de l’espèce illustrée de plantes photographiques en couleur qui devrait permettre de faciliter son identification par un large public. Cependant son observation en milieu naturel peut s’avérer compliquée. La Pectinatelle et ses colonies peuvent être installées à des profondeurs ou dans les eaux turbides de milieux eutrophes favorables ne permettant pas toujours de les observer. C’est souvent à l’occasion d’un abaissement artificiel des plans d’eau (vidange, travaux par exemple) qu’elles deviennent visibles En lien avec ces conditions d’observation quelquefois favorables, la répartition de l’espèce en métropole est donc très certainement sous-estimée.

Pour tout signalement de l’espèce, vous pouvez utiliser l’application INPN Espèces ou contacter le service de l’OFB de votre département.

Rédaction : Emmanuelle Sarat, Comité français de l’UICN (sur la base des éléments transmis par Marc Collas)

Relectures : Marc Collas, OFB, SD 88 et Alain Dutartre, expert indépendant

Pour en savoir plus :