Depuis la publication de la stratégie nationale relative aux EEE en 2017, les régions ont été invitées à la décliner à leur échelle en stratégies régionales EEE et/ou à structurer des réseaux d’acteurs en fonction des différentes situations. Cinq ans plus tard, voici un état de l’avancement de ces différentes démarches en métropole.
Contexte
La Stratégie nationale relative aux EEE (SNEEE), parue en mars 2017, est dotée d’un plan opérationnel de 38 actions, répondant à 12 objectifs répartis en 5 axes. Sa mise en œuvre est pilotée par le ministère en charge de l’écologie en lien avec un comité de suivi, qui regroupe toutes les administrations centrales et têtes de réseaux d’acteurs mobilisées sur la problématique (ministères en charge de la santé, de l’agriculture, OFB, comité français de l’UICN, FCEN, PatriNat, etc.).
En 2019, le Ministère en charge de l’écologie a confié à la Fédération des Conservatoires d’espaces naturels (FCEN) une mission d’appui à la mise en œuvre de quatre actions de cette stratégie, dont l’accompagnement de la déclinaison de la SNEEE en stratégies régionales et la structuration des réseaux d’acteurs permettant leur mise en œuvre (action 12.1). Le Comité français de l’UICN coordonnant le Réseau EEE Outre-mer, cette action de la FCEN s’est concentrée sur les régions de métropole. En 3 ans, la FCEN a ainsi accompagné 7 régions métropolitaines dans la rédaction de leurs stratégies respectives et les a appuyé et suivi dans l’organisation de 33 évènements ou groupes de travail permettant de structurer des réseaux d’acteurs.
Dans le cadre de cette mission, elle peut être amenée à développer des outils à destination des régions, comme la note d’articulation entre les sites internet nationaux et régionaux. Ce document, travaillé avec le Centre de ressources EEE, propose des liens entre les sites internet aux différentes échelles et un modèle d’architecture pour les sites territoriaux. En effet, la multiplication des contenus produits et diffusés par les coordinations régionales, dont des sites internet, a nécessité de proposer des bonnes pratiques afin d’éviter les redondances entre les échelles.
Avancement – état de la situation début 2023
Des dynamiques qui étaient déjà présentes
Certaines régions avaient engagé une dynamique régionale autour des EEE avant la parution de la SNEEE (Pays de la Loire, Centre-Val de Loire), comme le réseau EEE des Pays de la Loire, fondé en 2001, qui a été l’un des premiers réseaux créés en France sur cette thématique. Parmi ces animations, certaines étaient dotées de stratégies régionales portant sur la flore exotique envahissante (Stratégie régionale relative aux espèces végétales exotiques envahissantes en Provence-Alpes-Côte d’Azur et son plan d’actions, 2014) ou plus globales (Stratégie relative aux EEE en Basse-Normandie, 2013).
Pour certaines régions, la réforme territoriale modifiant les délimitations régionales, effective au 1er janvier 2016, a entraîné la restructuration des animations existantes pour les adapter à la nouvelle carte de la métropole. Cela a notamment été le cas en Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté.
Des structures animatrices variées
Depuis 2017, plusieurs dynamiques régionales sur les EEE se sont (re)structurées, comme en Grand Est, Hauts-de-France, Auvergne – Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine ou encore Occitanie. Les DREAL, missionnées par le Ministère en charge de l’écologie pour coordonner la mise en œuvre de la règlementation relative aux EEE et la déclinaison en région de la SNEEE, ont ainsi sollicité diverses structures pour organiser et animer les réseaux d’acteurs et/ou rédiger les SREEE, comme les Conservatoire d’espaces naturels (CEN) et les Conservatoires botaniques nationaux (CBN) (cf. figure 1). Ces têtes de réseaux sont en lien avec les autres réseaux existants et acteurs impliqués à l’échelle régionale, comme les FREDON, l’OFB, les associations naturalistes, etc., au côté des principaux financeurs régionaux (agences de l’eau, régions).
A l’échelle régionale, l’absence de réseau d’acteurs ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’actions déployées sur les EEE ou de structuration locale des acteurs (bassin versant, département, etc.). Un réseau régional des acteurs impliqués sur les EEE sera considéré comme fonctionnel lorsqu’un système de mobilisation de personnes ressources pour l’action est présent, avec des documents de structuration du fonctionnement du réseau et des outils de mutualisation (site internet, lettres d’information, etc.) et/ou l’organisation d’évènements pour les membres du réseau d’acteurs. Depuis 2017, la structuration des réseaux d’acteurs a bien avancée et est engagée dans la quasi-totalité des régions métropolitaines.
Des approches diversifiées pour décliner la SNEEE en région
La rédaction des stratégies régionales relatives aux EEE (SREEE) s’est appuyée sur les documents existants, comme des stratégies élaborées aux échelles des ex-régions, et les éventuelles organisations locales des acteurs. Chaque contexte régional étant particulier, une grande diversité des approches peut être observée, dans la méthode de travail, les acteurs associés à la rédaction et les choix stratégiques posés :
- Du réseau d’acteurs à la stratégie régionale : certaines régions, comme Grand Est ou les Hauts-de-France, ont fait le choix de travailler dans un premier temps à l’émergence du réseau régional des acteurs impliqués sur les EEE, grâce au développement d’outils nécessaires au partage et à la circulation des informations (sites internet, listes de diffusion, organisation d’évènements, etc.). Elles ont ensuite travaillé à l’élaboration d’une SREEE, adaptée aux besoins et attentes exprimés par leurs acteurs.
- De la stratégie régionale au réseau d’acteurs : d’autres régions, comme la Bretagne ou l’Occitanie ont pris le parti de rédiger une SREEE, en lien avec les principaux acteurs régionaux pour recueillir les besoins et les attentes, avant d’initier la structuration du réseau d’acteurs dans un deuxième temps.
Quelle que soit la méthode choisie, une fois la rédaction terminée de la SREEE, elle est soumise au Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) voire en consultation publique, avant d’être publiée et diffusée.
Les régions avec des dynamiques faune et flore exotiques envahissantes distinctes
La plupart des régions ont décliné la SNEEE selon une approche englobant à la fois la faune et la flore. Quelques régions, comme Occitanie, PACA et la Corse, ont cependant fait le choix de séparer les deux approches, avec des têtes de réseaux régionales distinctes (CBN pour la flore et CEN ou OFB -le plus souvent – pour la faune). Sur la figure 2, l’état d’avancement des stratégies représenté est celui de la dynamique la moins avancée. Ainsi en Occitanie, la SREEE flore est en cours de finalisation tandis que la SREEE faune a été publiée fin 2022 (Gilliot et Lang, 2022), seconde SREEE publiée depuis la parution de la SNEEE en 2017 après celle de la Normandie (Domingues et al., 2018), qui est arrivée à échéance en 2022 et est en cours de révision. En PACA, la situation est inversée, avec une stratégie régionale sur la flore parue en 2014 (Terrin et al., 2014), tandis que la stratégie relative à la faune est en cours de rédaction.
Prise en compte des espèces non indigènes marines
La parution de la SNEEE a permis d’encourager l’appropriation du volet marin par les régions concernées. En effet, certaines animations comme en Pays de la Loire ou Normandie ne prenaient pas encore en compte cet enjeu dans leurs travaux et se sont récemment mises en lien avec leurs réseaux ALIEN respectifs pour intégrer cette nouvelle dimension.
La FCEN au côté des régions : vers un réseau des animateurs régionaux
De par son rôle dans l’accompagnement de la déclinaison de la SNEEE en stratégies régionales, la FCEN contribue au lien entre les régions, complémentaire au Ministère de la transition écologique et de la cohérence des territoires qui anime le réseau des référents EEE des DREAL et DEAL.
Lors d’une réunion organisée à Paris le 29 novembre 2022, la FCEN a initié la constitution d’un réseau des coordinateurs régionaux de réseaux d’acteurs sur les EEE en métropole, missionnés pour élaborer et mettre en œuvre les SREEE. Après un échange autour des actualités relatives aux EEE, des ateliers ont permis aux participants de réfléchir aux forces et limites à la mise en réseau des acteurs et de formuler des attentes concernant l’animation de ce nouveau réseau. La nécessité de disposer de moyens financiers stables et d’appuis politiques afin d’assurer la pérennité des animations sur les EEE fait partie des principaux éléments issus de cette réunion, comme les attentes concernant le développement d’outils pour faciliter les échanges entre régions (annuaires, typologie des acteurs, etc.). Ces pistes seront travaillées en lien avec le comité de suivi de la SNEEE.
En savoir plus sur les réseaux d’acteurs régionaux :
- Consultez les entretiens du Centre de ressources
- Informations régionales sur les EEE :
Rédaction : Sylvie Varray, Fédération des Conservatoires d’espaces naturels
Relecture : Madeleine Freudenreich (Comité français de l’UICN), François Delaquaize (MTECT), François Micheau (FCEN)