Journées AdNatura-BiodivOC : Recherche et gestion en temps de crises écologiques

Les 10 et 11 décembre 2024, BiodivOc et AdNatura se sont associés pour proposer deux journées de réflexion scientifique et d’échanges transdisciplinaires, accessibles à un large public, afin d’explorer les défis rencontrés par les acteurs de la biodiversité et d’élaborer des approches communes pour faire face à la crise écologique.

L’évènement se déroulait à l’institut botanique de Montpellier, et a rassemblé plus de de 500 participants au total sur les deux jours (visiteurs, intervenants, bénévoles). Des conférences et sessions thématiques étaient au programme

Dans ce cadre, le Centre de ressources EEE a animé une table ronde portant sur le thème des « Synergies et bénéfices réciproques entre recherche et gestion pour répondre aux enjeux des invasions biologiques ».

Cette table ronde avait pour but de mettre en lumière le rôle de la recherche scientifique et opérationnelle dans la détection, l’identification et le suivi des EEE, ainsi que son interaction avec les besoins des gestionnaires. Environ 80 personnes ont assisté à cette table ronde (60 en salle et 20 en visioconférence).

Animée par Yohann Soubeyran (CF UICN), cette table ronde s’est déroulée en deux temps : d’abord une série de présentations, puis un échange entre les intervenants et le public. Les présentations se sont succédées dans l’ordre suivant :

Le CDR EEE, son réseau d’experts (REST EEE) et ses principales activités faisant le lien entre recherche et gestion (éclairages scientifiques, dossiers de la lettre, bases de données, les retours d’expériences de gestion, construction d’une proposition de cadre d’appel à projets de recherche-action sur les EEE) ont été présentés.

L’augmentation des introductions d’espèces marines non indigènes, favorisée par la mondialisation du commerce, pose un défi majeur en matière de surveillance et de gestion des milieux marins. L’utilisation de l’ADN environnemental (ADNe) via le metabarcoding est une approche prometteuse pour identifier ces espèces, bien que certaines limites existent, nécessitant l’amélioration des protocoles et des bases de données de référence. Une meilleure coordination entre recherche et gestion, ainsi que le renforcement des cadres réglementaires, sont essentiels pour maximiser l’efficacité de cette méthode dans la surveillance des écosystèmes marins.

Pl@ntNet est un projet de sciences participatives, accessible sous forme d’application, qui permet d’identifier identifier des plantes à partir de photos grâce à l’IA. Cette application rassemble plus de 56 millions d’utilisateurs et constitue une base de données d’occurrence d’espèce utile tant pour la recherche que pour les gestionnaires, pour mieux connaître la répartition des plantes exotiques envahissantes.

L’OFB participe, aux côtés de 11 pays européens, à une étude pilote sur la surveillance des espèces exotiques envahissantes dans le cadre du programme Biodiversa+, visant à tester des technologies innovantes, notamment l’intelligence artificielle. Un premier volet porte sur les plantes exotiques envahissantes, le long des grandes infrastructures linéaires de transport, qui sont des corridors importants dans la dispersion de ces espèces, dans l’optique de surveiller pour mieux gérer ces plantes. Un article complet sur le projet est disponible sur le site du CDR EEE.

  • Jérôme Dao (CBN Pyrénées Midi-Pyrénées) et Louise Turpin (CBN méditerranéen) qui ont alimenté les discussions de la table ronde par leur expérience en tant que gestionnaires.

Les échanges lors de la table ronde ont notamment porté sur les besoins des gestionnaires envers les chercheurs et inversement. Les recherches visant à mieux connaître les espèces émergentes et leur écologie, ainsi que l’élaboration de listes scientifiques, sont des éléments essentiels pour la gestion. De même, la transmission d’informations par les gestionnaires via des bases de données standardisées, sur leurs pratiques de gestion, la présence d’espèces sur le terrain, etc., est indispensable au bon déroulement des projets de recherche. Lors des discussions avec la salle, l’importance des projets associant recherche et gestion a été réaffirmée.

Les nouvelles technologies et leur potentiel remplacement des agents de terrain en taxonomie ont également été abordés. Il a été souligné que ces technologies sont complémentaires au travail des agents de terrain. Les besoins en taxonomistes de terrain étant supérieurs aux ressources disponibles, l’IA permet aux experts de se concentrer sur des taxons plus complexes, pour lesquels la détection automatisée n’est pas fiable.

Enfin, les échanges avec la salle ont permis d’évoquer la valorisation des déchets d’EEE, l’adaptation des villes au changement climatique par la plantation d’espèces exotiques et les risques associés, ainsi que le rôle des structures à l’interface entre recherche et gestion, telles que le CDR EEE et son réseau d’experts composé de chercheurs, gestionnaires et décideurs.

Rédaction : Camille Bernery (Comité français de l’UICN)

 

Crédits photo en bandeau : Lucie Foucart (Salon AdNatura)

Crédits photo dans le texte : Coraline Jabouin (OFB) et Christophe Diagne (IRD)