Publication d’un guide pratique sur la gestion de l’encrassement biologique (biofouling) des navires de plaisance

 In Actualités, ENI

De nombreuses espèces non indigènes marines (ENI marines) sont retrouvées sur les coques des navires de commerce et de plaisance. Par exemple, sur celles de navires de plaisance méditerranéens, on pouvait détecter de une à onze ENI marines (Ulman et al. 2019) dont certaines n’étaient pas encore présentes dans les eaux de la marina ou du port d’attache. Les navires échantillonnés dans le cadre de cette étude visitaient entre sept et huit ports différents chaque année. De fait, comme tous les autres navires, les navires de plaisance sont des vecteurs potentiels d’introduction et de dissémination secondaires d’ENI marines, jouant un rôle dans les invasions biologiques dont l’évaluation reste cependant difficile à réaliser. La gestion des ENI étant complexe dans les milieux marins, la mise en œuvre de mesures de prévention est donc particulièrement importante.

A l’occasion du second Forum sur la prévention et la gestion du biofouling dans l’industrie maritime (11-14/10/2022 à Londres) et afin de guider les professionnels de la plaisance et chaque plaisancier, le programme international « GloFouling Partnerships » vient de publier un rapport en anglais sur la gestion de l’encrassement biologique associée aux différentes parties immergées des coques de navire et des équipements associés.

Lutter contre l’encrassement biologique

 Contrairement à celle des eaux de ballast (premier vecteur d’ENI à l’échelle mondiale), cadrée par la convention internationale BWM (pour Ballast Water Management) et son programme d’accompagnement des acteurs « GloBallast », la gestion du biofouling ne fait pas encore l’objet d’exigences internationales.

Des recommandations internationales (IMO Biofouling guidelines for ships, 2011) et des normes industrielles relatives à l’encrassement biologique existent cependant et, dans la continuité de GloBallast, l’OMI a lancé en 2017 le projet de partenariats GloFouling. Ce projet d’une durée de cinq années (2018 – 2023) et d’un coût total d’environ 49 millions US$, est destiné à renforcer les capacités de pays en développement à mettre en œuvre les recommandations et directives sur l’encrassement biologique afin de mieux protéger les écosystèmes marins.

Encrassement biologique ou biofouling : accumulation indésirable d’organismes aquatiques tels que des micro-organismes, des plantes ou des animaux sur les surfaces immergées ou exposées à un environnement aquatique. La colonisation de ces surfaces débute par un biofilm (bactéries, micro-algues, etc.) puis se poursuit avec l’arrivée de macro-algues, d’organismes sessiles (éponges, anémones, balanes, moules, etc.) et d’espèces mobiles (vers, crabes, crevettes, etc.).

Recommandations à destination des navires de plaisance

Une gestion efficace de cet encrassement biologique nécessite des actions proactives préventives (classiquement l’application d’une peinture détruisant cet encrassement, dite antifouling) et réactives (le nettoyage).

L’application de peintures anti-salissures (antifouling) biocides n’est pas inoffensive pour les milieux marins. Le guide rappelle la nécessité de bien évaluer la balance entre les risques environnementaux liés à la toxicité de ces produits, leur efficacité et les bénéfices attendus sur la prévention du transport d’ENI ». Actuellement aucune formulation chimique « parfaite », efficace, pratique et inoffensive pour l’environnement n’existe sur le marché. Le guide recense une douzaine de méthodes de gestion du fouling, classiques et alternatives, en évaluant les risques et bénéfices associés (ultrasons, matrice érodable, stockage à sec, station de lavage à flots, etc.).

Des conseils préventifs et réactifs ordonnés par catégories de navires et embarcations sont systématiquement résumés en une fiche synthétique téléchargeable : navires de plaisance côtiers et hauturiers, navires de petite plaisance tractés, embarcations légères type windsurf, paddle, kayak et pour les équipements associés (gilet de sauvetage, palmes, combinaison, bidons étanches, etc.).

Dans ces fiches, les conseils sont déclinés pour l’avant-saison, la saison et l’après-saison et adaptés aux pratiques réelles des plaisanciers. Ces conseils insistent notamment sur les zones difficilement accessibles lors des nettoyages mais propices au développement de biofouling et d’ENI. Une fiche spécifique est proposée pour les opérations de nettoyage à terre. Elle rappelle la nécessité d’un traitement adapté des eaux et déchets de nettoyage afin que les ENI décrochées des coques ne retournent pas en eau libre.

Le mot d’ordre commun pour toutes les catégories de navires et d’équipements est : « Vérifier, nettoyer, sécher » ! C’est une déclinaison des campagnes de communication anglaise, néo-zélandaise et australienne « check, clean and dry », lancées depuis 2010 à partir de la Grande-Bretagne, pays ayant initié cette démarche proactive dans le domaine de la prévention des invasions biologiques en milieux aquatiques.

Des conseils de communication sont également fournis aux gestionnaires et sont modulés en fonction de l’âge des plaisanciers cibles et de leur niveau de connaissance et d’engagement sur le sujet des ENI marines.

Enfin, le guide établit une liste des rares stratégies de biosécurité marine déjà existantes et d’autres mécanismes génériques pouvant avoir un impact sur les ENI marines, tels que les codes de conduite européens sur la pêche récréative et les EEE (2014) et sur la navigation de plaisance et les EEE (2016).

Consultez le guide :

Le programme GloFouling Partnerships est dirigé par l’Organisation maritime internationale (OMI), en collaboration avec le Conseil international des associations de l’industrie maritime (ICOMIA), World Sailing et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

 

Accompagner des stratégies sur le biofouling

 Dans le même cadre du partenariat GloFouling, trois autres guides ont été publiés pour accompagner les gouvernements et les parties prenantes intéressées à minimiser le risque de transferts d’ENI marine par le biais de l’encrassement biologique :

A destination des professionnels est également disponible en ligne, un rapport sur la prévention et la gestion du biofouling en aquaculture marine : Biofouling Prevention and Management in the Marine Aquaculture Industry, IOC-UNESCO and GloFouling Partnerships, 2022.

 

Autres références :

  • Ulman, A., Ferrario, J., Forcada, A., Seebens, H., Arvanitidis, C., Occhipinti‐Ambrogi, A., & Marchini, A. (2019). Alien species spreading via biofouling on recreational vessels in the Mediterranean Sea. Journal of Applied Ecology, 56(12), 2620-2629.
  • Marine Environment Protection Committee (2011). 2011 Guidelines for The Control and Management of Ships’ biofouling to Minimize the Transfer of Invasive Aquatic Species. Mepc, 62, 24.
  • Antifouling et environnement. Où en sommes-nous ? 2019. Finistère 360°. 142 pages : https://professionnels.ofb.fr/sites/default/files/pdf/documentation/Rapport_Antifouling-environnement2019.pdf

 

Rédaction : Coraline Jabouin, Office français de la Biodiversité
Relectures : Madeleine Freudenreich (Comité français de l’UICN) et Alain Dutartre (expert indépendant)

 

Articles déjà consacrés à cette thématique sur le site du Centre de ressources :

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